Le Temps

Les Jeunes PLR veulent travailler plus longtemps

L’initiative «Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne» prévoit de relever l’âge de la retraite à 66 ans pour tout le monde. Lancée par les Jeunes PLR, elle se heurte à l’opposition des autres partis

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Les Jeunes PLR ont lancé jeudi leur campagne pour l’initiative sur les rentes. Ils défendent un relèvement de l’âge de la retraite à 66 ans d’ici à 2033.

L’AVS est en difficulté financière, explique le comité d’initiative. Sans interventi­on, les caisses de l’AVS enregistre­ront un déficit de 80 milliards de francs d’ici à 2050, avertissen­t les Jeunes PLR. Cela correspond environ aux dépenses annuelles de la Confédérat­ion.

Ceux-ci proposent donc une solution pour faire face à ce gouffre financier. L’initiative «Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne» (initiative sur les rentes) prévoit de relever l’âge de la retraite AVS à 66 ans pour tout le monde, par tranches de deux mois. Avant de la lier à l’espérance de vie. Ainsi, en 2050, l’âge de la retraite sera d’environ 67 ans et 7 mois. Cette mécanique est également recommandé­e par l’OCDE, rappellent les Jeunes PLR.

Hausse des recettes fiscales

La démographi­e est le premier grand défi auquel l’AVS doit faire face. En 1948, lorsque les premières rentes ont été versées, les femmes de 65 ans vivaient en moyenne encore 13 ans et les hommes du même âge un an de moins. Aujourd’hui, l’espérance de vie à 65 ans est de 23 ans pour les femmes et de 20 ans pour les hommes, a indiqué Matthias Müller, président des Jeunes PLR. La durée de perception des rentes a doublé.

Selon les données de l’Office fédéral de la statistiqu­e, cette évolution se poursuivra. Les actifs seront toujours moins nombreux pour financer les rentes. Alors que 6,5 actifs payaient pour un retraité en 1948, ils sont 3,2 pour un en 2020; ils ne seront plus que 2,1 actifs pour un retraité en 2050, a déclaré M. Müller.

«Les finances de l’AVS seront mises à rude épreuve par l’évolution démographi­que», a-t-il poursuivi. Et de rappeler que ces dix prochaines années, environ un million de «baby-boomers» quitteront la vie active. La «mini-réforme AVS21» permet à l’AVS de ne pas tomber dans les chiffres rouges avant 2030. Mais ses effets positifs vont rapidement disparaîtr­e, a souligné M. Müller.

Pour garantir les rentes à long terme, les actifs doivent travailler plus longtemps. «L’initiative est modérée», estiment les Jeunes PLR. Le Danemark, les PaysBas, la Belgique ou encore l’Allemagne ont décidé de repousser le départ à la retraite à 67 ans ou plus au cours des dix prochaines années, a rappelé Patrick Eugster, président de l’associatio­n «Initiative pour les rentes».

En travaillan­t plus longtemps, les futurs retraités cotiseront davantage au 2e pilier également, ce qui augmentera leur rente LPP. Pour les personnes qui ne peuvent pas travailler plus longtemps, notamment dans le secteur de la constructi­on, les Jeunes PLR sont favorables à des solutions individuel­les.

«Les finances de l’AVS seront mises à rude épreuve par l’évolution démographi­que» MATTHIAS MÜLLER, PRÉSIDENT DES JEUNES PLR

Une durée de travail allongée entraîne aussi des dépenses moins élevées pour l’AVS, ainsi qu’une hausse des recettes fiscales pour la Confédérat­ion, les cantons et les communes, a expliqué M. Eugster. Elles pourraient s’élever à 2 milliards de francs en 2050. A cette date, le fonds de l’AVS pourrait présenter un solde nul au lieu d’un déficit de 80 milliards. Une réalité cachée par les syndicats lorsqu’ils disent que l’AVS se porte bien, a asséné la présidente des Jeunes PLR vaudois, Pauline Blanc.

Selon les Jeunes PLR, l’initiative sur les rentes peut réduire l’immigratio­n jusqu’à 23% d’ici à 2050. Les employeurs peuvent recourir davantage à la maind’oeuvre qualifiée indigène.

D’ici à 2033, la population active devrait augmenter de 69000 équivalent­s plein-temps et même de 131000 équivalent­s temps plein d’ici à 2043, précise le comité.

Tous les autres partis sont opposés au texte. Ils combattent une initiative «antisocial­e, technocrat­ique et antidémocr­atique», qui est «inadaptée pour réformer la prévoyance vieillesse». ■

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