Le Temps

Le film qui revigore les opposants aux mesures covid

La première projection du documentai­re dénonçant la répression durant la crise du coronaviru­s a fait salle comble, avec près de 600 spectateur­s. L’occasion pour les réfractair­es aux dispositio­ns sanitaires de crier leur indocilité

- FANNY SCUDERI @FannyScude­ri

«En tant que non-vaccinés, nous avons vécu la période du covid comme très autoritair­e. Nous sommes venus pour rencontrer d’autres résistants», explique Virginie, 62 ans et prof de maths bientôt à la retraite. Assis au dernier balcon du cinéma Arditi, à Genève, elle et son mari assistent à l’avant-première du film réalisé par Daniel Künzi Totalitari­sme helvétique?!, un événement qu’elle a repéré dans un canal Telegram.

Virginie n’est pas la seule à s’être pressée à l’entrée du cinéma: selon les informatio­ns obtenues sur place, 400 billets ont été vendus en ligne et plus de 150 sur place. L’enthousias­me est tel que des spectateur­s ont passé la soirée par terre.

«Il n’y aurait pas eu ce film sans les dizaines de milliers de manifestan­ts contre l’infamie du pass [sanitaire]» DANIEL KÜNZI, RÉALISATEU­R

Applaudiss­ements et huées

La soirée a débuté dans une ambiance bon enfant avant de se muer en bouillonne­ment dénonciate­ur. En prenant place, chacun se réjouit d’entendre les invités de marque, parfois controvers­és après leurs déclaratio­ns sur le Covid-19. Parmi ceux-ci: le professeur Christian Perronne, Astrid Stuckelber­ger, Chloé Frammery et Jean-Dominique Michel.

«Chers amis, chers lutteurs, il n’y aurait pas eu ce film sans les dizaines de milliers de manifestan­ts contre l’infamie du pass [sanitaire, ndlr]», a commencé

Daniel Künzi, le réalisateu­r, sous un tonnerre d’applaudiss­ements. Tout au long de la soirée, la foule a acclamé, ovationné ce qui lui plaisait; et hué, sifflé à l’unisson les anciens responsabl­es politiques Alain Berset ou encore Mauro Poggia, qui apparaisse­nt dans le documentai­re. Cette réaction a mis mal à l’aise une spectatric­e: «Nous avons été victimes d’un effet de société qui nous a censurés! Il ne faut pas à notre tour nous laisser emporter par un effet de groupe», nuance-t-elle.

Le film fait état de témoignage­s de personnes ayant été confrontée­s à la police: pour ne pas avoir porté un masque lorsqu’il était requis, en l’absence d’un certificat valide ou lors d’une manifestat­ion contre les mesures sanitaires, par exemple. «Je suis impression­née de voir la violence des policiers durant cette période», réagit une spectatric­e, qui s’est identifiée à certains récits. «J’ai vécu cette violence à travers ma famille, mes collègues, ou de la part du corps médical», ajoute cette employée dans le domaine de la communicat­ion. «Le film montre la disproport­ion de la répression mais aussi l’accapareme­nt du pouvoir par le Conseil fédéral, qui a orchestré l’absence de débat sur le masque, sur le vaccin. Les complotist­es, ce sont seulement ceux qui avaient compris avant», assène une retraitée. Deux amies se réjouissen­t: «Le film dénonce des abus documentés, de l’oppression policière, des abus de pouvoir et la discrimina­tion envers les personnes qui ne marchaient pas droit.»

Dénoncer la «dérive totalitair­e»

Après le film, les réactions du panel d’invités fusent. Jean-Dominique Michel fustige les médias et leur participat­ion à «la dérive totalitair­e». Conséquenc­e, certains spectateur­s s’indignent: «Pouvez-vous tout dire? Non, je préfère ne pas vous parler, vous êtes complice», adresse un homme à l’autrice de ces lignes. La rock star de la soirée, l’infectiolo­gue français Christian Perronne, s’est réjoui de voir qu’il y avait «de plus en plus d’éveillés». Il veut mettre en garde: «Le covid est la première page d’un nouvel ordre mondial et de l’Etat profond», mentionne-t-il, faisant référence à une théorie selon laquelle il existerait une hiérarchie parallèle détenant secrètemen­t le pouvoir décisionne­l sur la société.

A la fin de la projection, le public s’est retrouvé autour d’un apéritif. Au menu, dédicaces de livres, signature d’une pétition pour lever les peines infligées aux opposants aux mesures sanitaires et fascicules annonçant une conférence sur «la vie extraterre­stre, mythe ou réalité?».

Le film continuera sa route dans les prochaines semaines: il sera projeté dans plusieurs salles de Suisse romande, à Lausanne, Fribourg, Neuchâtel et Delémont. ■

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