Brenda Tuosto veut se protéger des «attaques» de l’UDC Ruben Ramchurn
Audience tendue hier à Yverdon, où la conseillère nationale socialiste a déposé plainte pour atteinte à l’honneur contre l’agrarien à la suite d’une vidéo TikTok
Les attaques et les critiques font partie intégrante du monde politique. Mais jusqu’où peut aller un élu dans la provocation pour dénoncer ce qu’il estime être un problème?
Et a contrario, doit-il tout accepter sous prétexte qu’une personnalité publique doit avoir le cuir épais? Ces questions étaient au coeur de l’audience qui s’est tenue hier matin au Tribunal d’arrondissement de la Broye et du Nord vaudois. Face à face deux politiciens yverdonnois: la municipale et conseillère nationale Brenda Tuosto et le conseiller communal UDC Ruben Ramchurn, contre lequel la socialiste a déposé plainte l’automne dernier pour atteinte à l’honneur.
Ligne rouge franchie
Trublion de la politique, Ruben Ramchurn avait défrayé la chronique il y a une année en Suisse romande en accueillant dans la section yverdonnoise de l’UDC l’ancien député français Joachim Son-Forget, proche d’Eric Zemmour. Dans la cité thermale, le conseiller communal est suractif. Sur ses chevaux de bataille que sont la défense des automobilistes et la lutte contre le deal de rue, il attaque tous azimuts la majorité de gauche. Chargé de la Mobilité, Brenda Tuosto est l’une de ses cibles favorites.
En septembre 2023, aux yeux de la socialiste, la ligne rouge est franchie lorsque l’UDC publie une vidéo sur la plateforme TikTok où il l’accuse de «tromperie», d’«escroquerie» et de «malversations», dans le cadre d’un projet d’agglomération, où des modifications ont été apportées après le passage en commission. «Les propos étaient inacceptables, a relevé Brenda Tuosto devant le tribunal. Non pas sur le fond. Je suis ouverte à la critique, chacun est libre d’évoquer son mécontentement sur une politique. Le problème est qu’ici, on attaquait mon intégrité tant personnelle que professionnelle.» La socialiste dépose plainte et obtient le retrait de la vidéo, grâce à une mesure provisionnelle urgente. C’est ce volet civil qui était traité hier, soit le maintien de ces mesures, la procédure pénale étant toujours en cours.
Au contraire, Marlène Bérard, l’avocate de Ruben Ramchurn, a regretté une procédure «bâillon», dont le but est de «faire taire un conseiller communal qui veut pointer du doigt de possibles dysfonctionnements». Si elle reconnaît le style provocateur de son client, Marlène Bérard, également engagée en politique – elle est cheffe du groupe PLR au Conseil communal de Lausanne –, souligne que l’on peut s’attendre d’une élue qu’elle soit «davantage réceptive à la critique». Pour l’avocate, sur le fond, la vidéo met en avant des faits concrets qui questionnent et ne nuisent pas à l’honneur de la municipale.
Relations exécrables
Le conseiller communal UDC n’en finit plus de faire parler de lui
Défenseur de la socialiste, Simon Demierre jette un regard fort différent: «Les internautes pouvaient comprendre que Brenda Tuosto était un escroc et avait détourné des fonds.» Il dénonce une «opération de destruction systématique», rappelant que mercredi encore, veille de l’audience, Ruben Ramchurn a posté sur les réseaux sociaux une vidéo où il était affublé d’une muselière. Ces images ont contribué à faire monter la pression autour d’une audience qui se révélera particulièrement tendue. La tentative de conciliation par le président Olivier Peissard a été rapidement écartée. Tension également quand Marlène Bérard a demandé à faire témoigner l’ancien syndic d’Yverdon-les-Bains, le PLR Jean-Daniel Carrard, qui avait claqué la porte de l’exécutif en 2022. Une requête finalement refusée par la cour.
La décision du tribunal est attendue d’ici deux mois. La matinée ne va en tout cas pas apaiser les relations exécrables entre les autorités de la cité thermale et le conseiller communal. En octobre dernier, la ville déposait ainsi plainte contre Ruben Ramchurn pour incitation à la haine raciale à la suite d’un de ses flyers sur le trafic de drogue. Forcé au début 2023 par son parti à se mettre en retrait trois mois de la vie politique, l’UDC n’en finit plus de faire parler de lui. En décembre, il était condamné par ordonnance pénale pour «obtention et remise à des tiers de faux certificats covid», décision contre laquelle il a fait recours. Il n’en a donc de loin pas terminé avec la justice vaudoise.
■