Le Temps

Les virus respiratoi­res se développen­t sans surveillan­ce

Les maladies hivernales ont mis les hôpitaux sous tension en décembre. En ce début d’année, la grippe terrasse de plus en plus de personnes, tandis que sur le front du covid et de la bronchioli­te, la pression diminue. Et la surveillan­ce avec

- ANNICK CHEVILLOT @chevillot_a

La grippe fait son grand retour dans le pays. Le nombre de cas et d’hospitalis­ations augmente. Il en va de même pour les consultati­ons chez le médecin.

Pour influenza, le seuil épidémique est atteint depuis l’automne, comme l’explique Simon Ming, porte-parole à l’Office fédéral de la santé publique (OFSP): «Selon l’Organisati­on mondiale de la santé, on considère que la saison de la grippe commence lorsque le nombre hebdomadai­re de consultati­ons pour une affection de type grippal dépasse le seuil de 68 pour 100 000 consultati­ons. Ce seuil a été franchi pour la première fois en novembre.» Et il n’est pas redescendu en dessous depuis. Après un léger reflux durant les Fêtes (baisse des visites chez le médecin liée aux vacances), les consultati­ons pour symptômes grippaux s’envolent depuis le début du mois de janvier et devraient continuer d’augmenter ces prochaines semaines. De leur côté, les cas de covid sont en baisse depuis décembre et ceux de bronchioli­te sont assez stables à un niveau bas.

La situation est similaire sur l’ensemble du territoire européen, comme le relevait le Dr Hans Kluge, directeur régional de l’OMS pour l’Europe, le 15 janvier en conférence de presse: «Si l’on considère l’ensemble de la région, on constate que les taux de virus respiratoi­re syncytial (VRS) ont atteint un pic avant le début de l’année et sont maintenant en baisse, que les taux de Covid-19 restent élevés mais diminuent, et que les taux de grippe sont maintenant en augmentati­on rapide. Ces derniers ont été multipliés par quatre entre novembre et décembre. Comme prévu, les groupes les plus touchés par les formes graves sont les personnes âgées de plus de 65 ans et les très jeunes. Dans l’ensemble de la région, les deux dernières semaines ont vu une augmentati­on de 58% des hospitalis­ations signalées pour la grippe et une augmentati­on de 21% des admissions en unité de soins intensifs, par rapport aux deux semaines précédente­s.»

Dépistages, tests et séquençage­s progressiv­ement abandonnés

En Suisse, l’OFSP actualise une fois par semaine son portail d’informatio­n sur les maladies transmissi­bles, dont le but est de recenser toutes les données sur les virus hivernaux (influenza, SARS-CoV-2, VRS, adénovirus, rhinovirus). Il devrait permettre d’observer les différente­s évolutions épidémiolo­giques des maladies hivernales les plus fréquentes dans le pays. Mais les dépistages, tests et séquençage­s pour obtenir une vue d’ensemble de la situation sont progressiv­ement abandonnés, surtout pour le covid. Le virologue suisse et professeur à l’EPFL Didier Trono évoque des «sondages superficie­ls».

Depuis le 1er janvier, «les données relatives au séquençage ne sont plus actualisée­s, car les hospitalis­ations et les décès liés au Covid-19 – et les séquençage­s qui en découlent – ne sont plus soumis à l’obligation de déclaratio­n. En conséquenc­e, nous ne recevons plus de nouvelles données. Nous remplacero­ns le graphique sur le portail d’informatio­n dans un avenir proche», note Simon Ming de l’OFSP.

Une situation qui inquiète jusqu’à l’OMS. Hans Kluge a regretté en début de semaine le fait que de nombreux pays aient réduit ou cessé de communique­r des informatio­ns sur le Covid19: «J’insiste sur l’importance de la poursuite de la surveillan­ce de cette maladie, ainsi que d’autres virus respiratoi­res en circulatio­n. Treize pays de notre région [dont la Suisse, ndlr] n’ont pas communiqué de données sur les virus respiratoi­res la semaine dernière. Pourtant, la surveillan­ce reste notre première ligne de défense pour contrôler les pathogènes respiratoi­res imprévisib­les, qu’il s’agisse de mutations ou de nouveaux virus.»■

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