Pas de révolution du côté des nouvelles Apple Watch
«Le Temps» a testé les deux modèles de montres connectées qui sont au coeur d’un litige entre Apple et Masimo. Si l’Ultra 2 se démarque par la longévité de sa batterie, la Series 9 n’offre pas assez d’arguments pour ranger ses prédécesseures dans un tiroi
XC’est assez rare pour être relevé: depuis le 26 décembre, il est possible d’acheter en Suisse les plus récentes montres connectées d’Apple alors que ces dernières sont indisponibles aux Etats-Unis. Les deux modèles que Le Temps a testés ce début d’année – l’Apple Watch Series 9 ainsi que l’Ultra 2 – sont en effet au coeur d’un conflit qui oppose le géant californien à l’entreprise Masimo.
Cette dernière, qui possède une antenne sur les hauteurs de Neuchâtel, accuse Apple d’avoir débauché plusieurs de ses ingénieurs et copié certaines technologies sans accords de licence. Dernier rebondissement, la semaine dernière: les médias américains révélaient qu’Apple réfléchissait à la possibilité d’ôter la fonctionnalité litigieuse – la mesure de l’oxygène dans le sang – de ses montres pour se remettre à vendre ses derniers modèles sur le territoire américain.
Jusqu’à -40 mètres sous l’eau
Dans tous les cas, si cette bataille à plusieurs milliards passionne les armées de juristes employés par les deux entreprises (selon Bloomberg, il s’agirait de la plus sérieuse attaque pour brevets jamais subie par Apple), force est de constater qu’elle ne touche que très indirectement les propriétaires d’Apple Watch en Suisse. Ces derniers se demandent plutôt s’il faut passer à la caisse pour s’offrir la neuvième version de la montre (dès 400 francs pour le modèle en aluminium, 700 francs en acier inoxydable), aller vers le modèle plus costaud, l’Ultra 2 (dès 800 francs), ou conserver leurs «vieilles» smartwatches.
Ces montres sorties en fin d’année dernière se démarquent-elles de leurs prédécesseures? En ce qui concerne l’un des effets les plus visibles, la batterie, oui. En tout cas du côté de l’Ultra 2, qui tient désormais jusqu’à trois jours d’utilisation normale (avec exercices physiques quotidiens) – là où la Series 9 garde sa durée «habituelle» d’une grosse journée. Cela a un coût qui va au-delà du prix: cette Ultra 2 est plus imposante (49 mm contre 41 ou 45 mm pour la Series 9) et plus lourde (61,4 g contre 31,9 g pour la version alu et 42,3 g pour la version acier inoxydable).
Dans les nouveautés «physiques», on note encore le fait que l’Ultra 2 peut descendre jusqu’à -40 mètres sous l’eau, permettant ainsi de remplacer l’ordinateur pour des plongées récréatives. De son côté, la Series 9 est présentée comme plus rapide que la 8 grâce à une nouvelle puce (et deux fois plus lumineuse) mais on met au défi les utilisateurs lambda de remarquer une quelconque différence tant les précédents modèles étaient déjà réactifs.
Tapoter des doigts
L’ergonomie reste l’un des points forts de ces montres et, que l’on soit dans le métro, sur un ring de boxe ou dans une piscine olympique, le porté et la qualité de la mesure des efforts sont comme toujours irréprochables. On en oublierait presque que l’on a ces montres au poignet… jusqu’à ce que ces dernières se rappellent à nous avec une notification. Un nouveau podcast, un environnement sonore jugé trop bruyant, un rappel («Levez-vous!») de se mettre debout une fois par heure, une alerte car l’on marche depuis dix minutes sans avoir enclenché l’app «exercices» sans compter les WhatsApp, Threema, Slack et autres notifications d’appel… Comme pour toute Apple Watch, il reste indispensable de prendre du temps pour soigneusement paramétrer les notifications de la montre (sans se mélanger les pinceaux avec celles de l’iPhone!) pour s’assurer de la rendre aussi peu intrusive que possible.
Nouveauté mise en avant pour ces modèles: le double tap. Une fonctionnalité qui permet de se promener dans certains menus et de faire faire différentes actions à la montre sans en toucher la glace mais en tapotant les doigts de la main du côté qui porte la montre (ce qui permet d’«arrêter un minuteur tout en pétrissant la pâte» ou de «prendre un appel en faisant du paddle», cite Apple comme exemples).
Un réflexe à adopter, plutôt pratique, en particulier durant les exercices physiques, mais qui ne révolutionne pas la montre pour autant (et qui est disponible également pour les précédentes versions moyennant quelques manipulations). Signalons enfin que, pour les détenteurs de smartphone tournant avec Android, la mise en service de la montre reste toujours aussi laborieuse, malgré le nouveau système opérationnel WatchOS 10.
Suivant comment tourne le conflit entre Masimo et Apple, on se souviendra peut-être de la Series 9 comme étant la dernière génération d’Apple Watch possédant l’outil de mesure de l’oxygène dans le sang. Pas sûr, autrement, qu’elle marque un tournant dans l’histoire des smartwatches d’Apple.
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Nouveauté: on peut faire exécuter différentes actions à la montre sans en toucher la glace