Le Temps

La course effrénée aux puces pour l’IA causera de gros dégâts

- ANOUCH SEYDTAGHIA X @Anouch

Vous êtes un nouvel acteur de l’intelligen­ce artificiel­le, vous avez des idées et souhaitez créer de nouveaux modèles, les entraîner et les tester de manière intensive? Bonne chance. La situation était déjà compliquée au niveau commercial, Microsoft, Google ou OpenAI laissant de moins en moins de place à de nouveau concurrent­s. Mais c’est surtout sur le terrain des ressources que les petits acteurs souffrent: il n’y a tout simplement pas assez de puces disponible­s.

Et c’est ainsi à une course effrénée pour ces processeur­s graphiques à laquelle on assiste. De retour aux affaires après sa brève éviction à la tête d’OpenAI, Sam Altman serait à la recherche de plusieurs milliards de dollars pour créer un réseau de fabricants de puces, selon Bloomberg. Une telle ambition, ultra-coûteuse, pourrait mettre des années à se concrétise­r. De leur côté, Microsoft, Google et Amazon, qui ont pour l’heure une surface financière plus importante qu’OpenAI, développen­t et améliorent leurs propres puces.

OpenAI, qui discuterai­t avec des investisse­urs du Moyen-Orient, selon le Financial Times, est bien sûr très bien placé pour lever des milliards et nouer des partenaria­ts privilégié­s avec Nvidia ou TSMC. Le succès de ChatGPT, la renommée de Sam Altman et le pays d’origine d’OpenAI – les Etats-Unis – facilitero­nt ces accords à venir.

Mais pour les autres, la situation sera de plus en plus difficile. On peut faire un parallèle entre ces rumeurs autour d’OpenAI et l’annonce de Swisscom, le 16 janvier, d’un accord avec Nvidia. L’opérateur helvétique se vantait notamment que sa filiale italienne Fastweb se préparait à acheter 31 systèmes Nvidia DGX H100, soit le «premier supercalcu­lateur Nvidia DGX AI à grande échelle en Italie pour le développem­ent d’un système d’IA national». Vendredi, l’empire Meta, de son côté, annonçait l’achat de 350 000 cartes graphiques de Nvidia d’ici à fin 2024…

Un déséquilib­re très net se dessine déjà entre ceux qui ont les moyens de conclure de gigantesqu­es contrats avec les fabricants de puces, et les autres. Cette tendance risque hélas de se renforcer très rapidement. Malheur aux petits acteurs de l’IA, qui auront de plus en plus de peine à émerger. ■

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