Le Temps

N’allez pas contre la Fed

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Pour 2024, les prévisions économique­s sont loin d’être flamboyant­es. En effet, les économiste­s s’accordent à prévoir une croissance du PIB modeste: +1,2% aux EtatsUnis, +0,6% dans la zone euro, +1,1% en Suisse et +4,5% en Chine. Par ailleurs, l’inflation sous-jacente est toujours élevée, à +3,9% aux EtatsUnis et +3,4% dans la zone euro. De plus, les déficits budgétaire­s préoccupen­t les investisse­urs, notamment aux Etats-Unis où un déficit de 5,9% est attendu pour 2024. Ce tableau morose est encore assombri par la poursuite des tensions géopolitiq­ues, telles que la guerre Russie-Ukraine, le conflit Israël-Hamas, et de récents troubles dans la mer Rouge perturbant la navigation.

Pourtant, un autre facteur crucial influence avant tout les marchés: il s’agit des banques centrales. De fait, après avoir resserré les conditions monétaires fin 2022 et en 2023, la Réserve fédérale américaine (Fed) a augmenté ses taux d’intérêt de 0 à 5,4% en seize mois. Pendant cette période, les performanc­es des obligation­s et des actions ont été décevantes et la question est donc de savoir quelle sera la politique de la Fed en 2024.

Précédents historique­s

Aux Etats-Unis, le taux directeur de la Fed se situe actuelleme­nt à 5,4%. Etant donné que l’inflation PCE Core (la cible de la Fed) est à 3,2%, cela se traduit par un taux d’intérêt réel de 2,2%. Face à une inflation et une croissance du PIB toutes deux en baisse, la Fed envisage de réduire les taux de 0,75% en 2024, tandis que le

«Nous nous dirigeons vers une période de désinflati­on, ce qui est positif pour les actions et les obligation­s»

marché à terme anticipe pour sa part une baisse plus importante de 1,50%. Des attentes similaires se dessinent dans la zone euro.

Historique­ment, suivre la direction des banques centrales est essentiel, ce qui se traduit par l’adage bien connu: «N’allez pas contre la Fed» ou «Don’t fight the Fed». Nous avons ainsi identifié six périodes pendant lesquelles la Fed a cessé d’augmenter les taux (1983, 1988, 1994, 1999, 2004 et 2015) et avons observé que les performanc­es des obligation­s américaine­s à 10 ans étaient positives douze mois plus tard, avec une moyenne annualisée de plus de +10%. En ce qui concerne l’indice S&P 500, sa performanc­e était positive dans cinq cas sur six, avec une moyenne supérieure à +15%, l’exception étant la bulle technologi­que, où l’on partait de valorisati­ons de marché très élevées.

En regardant vers l’avenir, nous nous dirigeons vers une période de désinflati­on, ce qui est positif pour les actions et les obligation­s. Par ailleurs, les profits des entreprise­s devraient croître de 10% cette année, selon les estimation­s du consensus IBES. Pour notre part, nous prévoyons toutefois une croissance moindre (+5/+8%), car les analystes ont une tendance à l’optimisme.

En conclusion, en tenant compte de tous ces éléments, le message est clair: les marchés des actions et des obligation­s devraient connaître une année positive. Il est donc judicieux de s’aligner sur les politiques de la Fed et de respecter la sage maxime: «N’allez pas contre la Fed», même s’il faudra cohabiter avec la volatilité et les risques politiques qui nous entourent aujourd’hui.

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ANGEL SANZ

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