Le Temps

Mike Maignan oblige le Calcio à «prendre ses responsabi­lités» face au racisme

- LE TEMPS AVEC L’AFP

Le gardien français de l’AC Milan a refusé de jouer après avoir été la cible de cris racistes samedi à Udine. Soutenu par ses coéquipier­s et diverses personnali­tés du football, il dénonce le silence complice des dirigeants italiens, qui couvrent généraleme­nt ces abus

En colère samedi, combatif dimanche: au lendemain des injures racistes dont il a été victime lors d’un match de championna­t d’Italie à Udine, le gardien de but de l’AC Milan et de l’équipe de France Mike Maignan a appelé dimanche «tout un système à prendre ses responsabi­lités». «Avec tout ce qu’il se passe, si vous ne faites rien, VOUS SEREZ VOUS AUSSI COMPLICES», a-t-il écrit sur son compte X. «C’est un combat difficile, qui va demander du temps et du courage. Mais c’est un combat qu’on gagnera», a assuré le portier de l’équipe de France.

Samedi soir lors du match opposant l’Udinese à l’AC Milan comptant pour la 21e journée du Championna­t d’Italie, des spectateur­s ont proféré des cris de singe et insultes racistes dans sa direction. Après avoir alerté l’arbitre de la rencontre dans un premier temps, Mike Maignan a quitté le terrain à la 34e minute, imité par ses coéquipier­s, avant de reprendre le match cinq minutes plus tard. «Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. Et je ne suis pas le premier à qui ça arrive. On a fait des communiqué­s, des campagnes de publicité, des protocoles et rien n’a changé», a constaté Maignan. «Aujourd’hui, c’est tout un système qui doit prendre ses responsabi­lités», a-t-il asséné en s’adressant aux auteurs des injures racistes, ainsi qu’aux spectateur­s «qui étaient dans la tribune, qui ont tout vu, qui ont tout entendu mais qui ont choisi de se taire».

«Le visage de la dignité»

Son refus de poursuivre le jeu, de ne pas faire comme si de rien n’était, a fortement marqué l’opinion publique et ses coéquipier­s. «Tu es très loin d’être seul Mike Maignan. On est tous avec toi», a ainsi écrit Kylian Mbappé, la superstar du PSG et capitaine de l’équipe de France, sur X. «Toujours les mêmes problèmes et toujours AUCUNE solution. Trop c’est trop!» s’est-il inquiété. Marcus Thuram et Antoine Griezmann avaient dès samedi soir apporté leur soutien à leur coéquipier. «Tu as tout notre soutien Mike Maignan», a ajouté la Fédération française de football sur le compte X de l’équipe de France. Côté politique, la ministre chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discrimina­tions, Aurore Bergé, a décrit Maignan comme «le visage de la dignité».

En Italie, l’Udinese a apporté son soutien au gardien milanais et assuré de sa volonté de «collaborer avec les autorités chargées de l’enquête pour faire toute la lumière sur ce qu’il s’est passé et prendre les mesures nécessaire­s pour sanctionne­r les responsabl­es». D’autres clubs de Serie A ont apporté leur soutien au gardien français comme le grand rival, l’Inter: «Nous sommes frères, contre toute forme de discrimina­tion et à tes côtés.» «Nous soutenons Maignan et condamnons avec fermeté ce qu’il s’est passé à Udine», a souligné de son côté le président de la Fédération italienne de football, Gabriele Gravina, qui a salué la décision de l’arbitre d’interrompr­e le match. «C’est encore plus beau de gagner comme ça, non au racisme», s’est réjoui son coéquipier portugais Rafael Leão après la victoire 3 à 2 du Milan.

Le président de la FIFA, Gianni Infantino, a lui appelé à bannir de tous les stades les auteurs d’insultes racistes, ainsi qu’à instaurer une défaite sur tapis vert pour les clubs dont les fans commettent ces méfaits. Cette mesure est décriée car elle pourrait inciter des supporters à se mêler aux supporters adverses et à insulter leurs propres joueurs pour obtenir le gain du match.

Alors qu’elle est régulièrem­ent confrontée au fléau du racisme dans les stades, comme l’ont vécu l’Ivoirien Marc-André Zoro en 2005, le Ghanéen Kevin-Prince Boateng en 2013 ou cette saison le Belge Romelu Lukaku, l’Italie est encore loin d’une telle fermeté. La Fiorentina n’a ainsi été sanctionné­e en novembre que d’un match à huis clos avec sursis pour des chants racistes de ses supporters. «Comment est-ce possible qu’en 2024 on entende encore des chants racistes dans un stade? Le problème selon moi est culturel», a accusé Arrigo Sacchi, l’ancien sélectionn­eur italien dans une tribune publiée par La Gazzetta dello Sport, qui titre en une sur «La honte d’Udine».

La Fédération italienne devrait sanctionne­r dès ce mardi l’Udinese, sanction qui va de l’amende jusqu’à l’exclusion du championna­t en passant par la fermeture de tribunes ou une suspension du stade pour un ou plusieurs matchs.

«Ce n’est pas la première fois que ça m’arrive. Et je ne suis pas le premier à qui ça arrive. Rien ne change» MIKE MAIGNAN, GARDIEN DE BUT

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland