Le Temps

Zurich veut investir 2,5 milliards de francs dans ses transports publics

La plus grande ville de Suisse grandit et son réseau de trains, bus et trams doit suivre le rythme, estiment les autorités. La cité annonce un plan «génération­nel» pour relever le défi

- BORIS BUSSLINGER, ZURICH @BorisBussl­inger

Qui vit ou visite Zurich le sait: il y a une gare, un tram ou un bus à tous les coins de rue et – si l’une des nombreuses manifestat­ions qui rythment le quotidien des lieux ne vient pas déranger la mécanique bien huilée des transports publics zurichois (VBZ) – le réseau est d’une efficacité redoutable. Toutefois, signalait hier le conseiller communal Michael Baumer (PLR) devant la presse, «la ville devrait gagner 100 000 habitants d’ici à 2040 pour 40 000 nouvelles places de travail et il est temps de penser au futur.» A la clé, des investisse­ments colossaux de 100 millions de francs annuels destinés à fournir à Zurich l’infrastruc­ture d’une véritable métropole. Avec ses propres rings – ces boucles de connexion qui entourent la ville sans passer par le centre. Comme à Berlin.

«C’est un projet génération­nel dont nous parlons ici, se félicite Michael Baumer. Un changement de paradigme. Jusqu’ici, la plupart des lignes de trains, bus et trams (contrairem­ent à Lausanne, Zurich ne compte pas de métro) passent par la gare centrale. Cependant la ville s’étend avant tout dans ses marges, notamment du côté d’Oerlikon (nord) et d’Altstetten (nord-est). Pour répondre à ces développem­ents, un concept de rings a été imaginé. Afin de mieux connecter les différents centresvil­les entre eux, sans devoir passer par les environs du bord du lac.»

Une jungle urbaine

Rareté en Suisse, la commune de Zurich et ses plus de 450 000 habitants compte en effet plusieurs «centres». Oerlikon, quartier séparé de la ville par deux petites montagnes, situé à 4 kilomètres de la gare centrale, compte par exemple plus de 80 000 habitants. Et une bonne partie de la population ne s’aventure que peu aux environs de la Bahnhofstr­asse. Actuelleme­nt, les habitants doivent cependant y passer avant de parvenir à une autre destinatio­n située à l’extérieur de cette jungle urbaine. C’est cette situation que le projet présenté souhaite changer. En trois étapes, «horizon 2040», «après 2040» et «après 2050», Zurich prévoit donc pléthore de nouvelles lignes et de constructi­ons diverses afin de «décharger le centre-ville, mieux connecter l’Ecole polytechni­que fédérale et les quartiers d’Oerlikon et Altstetten et assurer qualité et efficacité au réseau afin de rester à l’avant-garde internatio­nale des infrastruc­tures de transport public». Outre le développem­ent technique du réseau, la constructi­on de dépôts de bus, de garages, la modernisat­ion de la centrale d’exploitati­on, l’électrific­ation des véhicules, l’engagement de davantage de personnel et l’achat de nouveaux trams sont prévus.

Le plan, admet un représenta­nt des VBZ, «pourrait induire une hausse des coûts pour les consommate­urs. Toutefois, comme le réseau est subvention­né, des hausses de subvention­s sont également envisageab­les.»

Comme tout projet municipal dont la somme dépasse 20 millions de francs doit passer devant le peuple à Zurich, de nombreuses votations émailleron­t le processus. «Mais nous sommes confiants, analysent les VBZ. La population a montré lors des dernières votations sur le développem­ent des transports publics qu’elle soutenait ce genre de projets, centraux pour l’efficacité de la ville et sa place économique.» Des mesures qui doivent aussi répondre à la votation du 15 mai 2022, lors de laquelle la population zurichoise s’est prononcée en faveur d’une ville neutre en CO2 d’ici à 2040.

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