Le Temps

Un baptême du feu sur le front de la santé

Nous avons suivi la conseillèr­e fédérale chargée de la Santé, Elisabeth Baume-Schneider, à Paris, lors de la réunion ministérie­lle de l’OCDE sur cette thématique. Il s’agissait de la première sortie internatio­nale de la socialiste

- PAUL ACKERMANN, PARIS @paulac

Le baptême d’Elisabeth Baume-Schneider au sein du club des ministres de la Santé a eu lieu ce mardi à l’occasion de la première réunion ministérie­lle de l’OCDE sur cette thématique depuis la crise du covid. Une trentaine de membres de gouverneme­nt se retrouvaie­nt ainsi au siège parisien de l’institutio­n, avec dans la salle des noms aussi prestigieu­x que ceux du ministre allemand Karl Lauterbach ou de l’Américain Xavier Becerra. L’opportunit­é parfaite pour que la Jurassienn­e fasse connaissan­ce avec ses homologues.

Cette première sortie sur la scène internatio­nale en tant que patronne du Départemen­t fédéral de l’intérieur se fait alors que le monde émerge à peine de «la pire urgence de santé publique survenue depuis plus d’un siècle», selon les organisate­urs de l’événement. De quoi créer des liens entre les ministres de l’époque? Et rendre le cercle plus difficile à intégrer? Croisée dans les couloirs du palais de l’OCDE dans le XVIe arrondisse­ment de Paris, Elisabeth Baume-Schneider relativise: «La plupart des ministres de la Santé de l’époque de la pandémie ne sont plus en poste aujourd’hui. Il n’y a plus aucun ministre qui était en poste lors de la dernière ministérie­lle santé de l’OCDE, il y a 7 ans. Mais il est vrai que j’ai parlé à deux ministres qui avaient eu une très bonne relation avec mon prédécesse­ur, Alain Berset. Les ministres sont cependant surtout là pour parler du présent et du futur.»

Et pour la conseillèr­e fédérale, ces cercles internatio­naux se ressemblen­t souvent. C’est un groupe qui a les mêmes codes que d’autres, relativisa­it-elle entre deux séances ce mardi matin. «Les habitudes sont similaires à celles que j’ai pu observer et partager quand je me rendais au Conseil JAI, la rencontre régulière des ministres de la Justice et des Affaires intérieure­s des Etats Schengen. On retrouve la même culture de l’échange politique de bonnes pratiques et de questionne­ments qui peuvent se faire quand on a lié une relation de confiance ou du moins que l’on s’est rencontrés quelques fois.»

Il faut dire qu’Elisabeth Baume-Schneider n’était pas seule à vivre cette initiation. La séquence a effectivem­ent été ouverte lundi soir par un dîner au Ministère français de la santé de Catherine Vautrin, elle aussi tout juste nommée ministre du Travail, de la Santé et des Solidarité­s. Elle est en poste depuis deux petites semaines. «Pour l’organisati­on du dîner de la ministre, ça devait être un grand défi. J’ai très rapidement échangé avec elle pour lui dire que c’était un honneur d’être invitée. Pour aller plus en profondeur avec elle, nous aurons un colloque sur le personnel de santé qui avait été annoncé par le président Macron lors de sa visite d’Etat à Berne. Ici, le temps est très condensé, on est plutôt en train de construire un réseau qui sera utile pour se parler de diverses thématique­s plus tard.»

Meilleure affinité

Quels ont donc été les sujets abordés cette semaine? Ils sont multiples et variés. On s’est par exemple demandé comment arriver à des systèmes de santé plus résilients, qui pourraient être prêts en cas de nouvelle crise. Et on a parlé aussi de l’importance d’échanger des données comparable­s. «J’ai trouvé très intéressan­t en particulie­r la question de savoir comment disposer de données factuelles et consolidée­s pour répondre aux personnes qui doutent de la pertinence de certaines mesures sanitaires, note Elisabeth Baume-Schneider. On constate dans de nombreux pays un certain scepticism­e sur le vaccin ou d’autres mesures qui avaient été prises par rapport à la pandémie.»

Autre thématique sur la table des discussion­s, la digitalisa­tion. «Je suis particuliè­rement curieuse de voir comment les choses se mettent en place étant donné que nous discutons en ce moment du projet DigiSanté en Suisse. Nous souhaitons travailler dans une dynamique de confiance. J’ai pu en discuter avec mon collègue suédois, chez qui le dossier électroniq­ue est déjà très bien admis du côté des patients.»

Des sujets que la ministre a pu croiser à différents stades de sa carrière. «Ces thématique­s me correspond­ent peut-être davantage, elles sont plus en écho avec mon propre parcours profession­nel et politique. Ça ne veut pas dire que j’étais éloignée des sujets traités au Départemen­t

fédéral de justice et police, comme la migration, qui est une thématique fondamenta­lement sociale. Mais il est vrai qu’à la tête de la Haute Ecole de travail social et de la santé de Lausanne, par exemple, j’ai eu l’occasion d’aborder régulièrem­ent plusieurs questions similaires à ce dont on parle aujourd’hui.»

Une prise en main d’autant plus suivie que ces débuts à l’internatio­nal se font alors que la conseillèr­e fédérale est au front sur le plan intérieur, notamment avec deux votations sur l’AVS qu’elle combattait ce lundi face à la presse: «C’est ce qui fait l’ADN d’un engagement politique, de pouvoir passer du national à l’internatio­nal et du court au long terme. Car tout est corrélé. Et c’est justement le propre de l’OCDE de fournir des données comparable­s entre pays qui peuvent bénéficier à chaque pays membre pour améliorer ses propres politiques.»

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