Accusé de diffamation, le journaliste de «Vigousse» est acquitté
JUSTICE Le Tribunal de police lausannois a écarté toute atteinte à l’honneur illicite dans l’affaire opposant le secrétaire général de la commune de Versoix au journal satirique. On ignore à ce stade les éléments qui ont conduit à son acquittement
Le verdict est tombé: la présidente du Tribunal d'arrondissement de Lausanne acquitte le journaliste de Vigousse JeanLuc Wenger, et met les frais de la procédure à la charge du secrétaire général de la commune de Versoix, Christian Séchaud, qui s'estimait atteint dans son honneur dans le cadre d'un article paru en septembre 2021. Le journaliste avait fait opposition à une ordonnance pénale qui le condamnait, un an plus tard, pour diffamation.
De quoi réjouir la rédaction du journal satirique et l'avocat de Jean-Luc Wenger, Me Charles Poncet: «Espérons que les «enragés» de Versoix se calment et arrêtent de gaspiller l'argent de leurs contribuables après cette deuxième claque judiciaire». Il fait ainsi référence à la procédure civile: en août dernier, le tribunal avait conclu que le journal satirique avait partiellement porté atteinte à l'honneur de l'employé communal et l'avait condamné à verser 1 franc symbolique, estimant pour le reste que l'article n'avait pas franchi le seuil des critiques admissibles à l'égard d'une personnalité publique qui, en tant que telle, devait les accepter. «Combien de temps ces gens vont-ils encore se ridiculiser?» s'interroge Me Charles Poncet.
De son côté, la partie plaignante ne s'avoue pas vaincue. L'avocat de Christian Séchaud, Me Nicolas Capt, annonce d'ores et déjà son intention de faire appel du verdict «une fois la motivation reçue». «Mon client est extrêmement surpris par ce jugement inique, déclare-t-il. A titre personnel, je le trouve même parfaitement inquiétant, dès lors qu'il constitue un blanc-seing à la diffamation.»
«Entre-soi à Versoix»
L'article litigieux a paru le 3 septembre 2021. Intitulé «Entre-soi à Versoix», il décrit le secrétaire général et directeur de l'administration comme un tyran qui sème la terreur sur son lieu de travail, et l'avait accusé de «subornation de témoin», dans un contexte de conflit politique au sein de cette commune de la rive droite genevoise.
Cette expression à connotation pénale en droit français avait fondé la condamnation au civil du média, même si le journaliste s'était rétracté à cet égard durant la procédure, tout en maintenant sur le fond l'ensemble des faits rapportés. L'article avait déclenché un vif émoi à Versoix, révélant notamment un malaise au sein de l'exécutif, divisé au sujet du style managérial de Christian Séchaud.
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