Swatch Group a été ralenti par la force du franc
HORLOGERIE Le numéro un mondial du secteur a enregistré l’an dernier des résultats en hausse, mais inférieurs aux attentes. Le groupe biennois se montre confiant pour 2024, «malgré la force problématique du franc suisse»
Swatch Group a accru l'an dernier son chiffre d'affaires de 5,2% à près de 7,9 milliards de francs, a-t-il annoncé mardi. A taux de change constants, les ventes ont augmenté de 12,6%. «Massivement négatifs», les effets de change ont atteint 554 millions, rabotant les revenus de 7,4%.
Début 2023, le directeur général Nick Hayek avait dit espérer atteindre un nouveau record de chiffre d'affaires, à 9 milliards. Mais il avait modéré ses prévisions au fur et à mesure de l'année, expliquant que cet objectif dépendrait de l'évolution du franc. De plus, la reprise de l'activité en Chine n'a pas été aussi forte qu'espéré.
Les aléas monétaires ont affecté également la profitabilité. L'érosion rapide des principales devises par rapport au franc n'a pas pu être compensée par des ajustements continuels des prix, explique le groupe biennois, qui compte notamment dans son portefeuille les marques Omega, Tissot, Longines, Breguet et Blancpain. Le bénéfice net a, lui, augmenté de 8,1% à 890 millions de francs. Les analystes interrogés par l'agence Bloomberg tablaient en moyenne sur un bénéfice net de 979 millions pour 8 milliards de chiffre d'affaires.
Parts de marché en augmentation
La multinationale souligne être parvenue à augmenter les parts de marché de ses marques dans toutes les régions, grâce notamment à Swatch dans le segment d'entrée de gamme. En Asie, les ventes de montres et bijoux ont réalisé des taux de croissance à deux chiffres à Hongkong, Macao ainsi qu'en Thaïlande, en Inde, au Japon et en Chine. L'Europe a enregistré une hausse des ventes à un chiffre. La Suisse se distingue avec un bond du chiffre d'affaires de plus de 30%.
Swatch Group indique avoir doublé l'an dernier ses investissements à 803 millions de francs. La multinationale entend ainsi poursuivre sa stratégie à long terme, «qui consiste à améliorer en permanence son propre réseau de distribution et à maximiser sa production afin de rester indépendant des tiers». Le numéro un mondial de l'horlogerie a par ailleurs continué d'étoffer ses effectifs. En Suisse, 802 nouveaux postes de travail ont été créés. Les effectifs mondiaux ont augmenté de 1541 unités pour atteindre 33 602 personnes fin 2023.
Conformément à son habitude, le groupe se montre optimiste pour l'année en cours. L'entreprise dirigée par Nick Hayek estime avoir «de très bonnes chances» de poursuivre sa croissance en monnaies locales, sans avancer de chiffres. Elle identifie en particulier de grandes opportunités dans le segment d'entrée et de milieu de gamme, «malgré la force problématique du franc». Car l'évolution des taux de change continuera d'affecter le résultat du groupe, «en raison de sa forte base industrielle en Suisse».
Parmi les vecteurs de croissance, la marque joaillière Harry Winston devrait dépasser le milliard de chiffre d'affaires. Le groupe devrait également tirer profit des Jeux olympiques de Paris cet été. La marque Omega, en tant que chronométreur officiel, bénéficiera d'une couverture médiatique «mondiale».
Action malmenée
«Les chiffres sont inférieurs aux attentes à tous les niveaux», réagit dans une note Patrik Schwendimann. L'analyste à la Banque cantonale de Zurich relève également «un clair déclin des marges au second semestre, dû lui aussi à la force du franc». L'augmentation du dividende de 8,3%, plus faible que prévu, ne devrait pas plaire aux investisseurs, estime pour sa part Jean-Philippe Bertschy. «Les investissements importants semblent être un pari sur une forte reprise», constate l'analyste chez Vontobel. L'action au porteur Swatch Group a cédé hier plus de 4,56% à 203,20 francs, alors que l'indice SLI reculait de 1,01%.
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