Comment fonctionne la désignation des candidats républicains et démocrates
Caucus, primaires, délégués... de nombreux termes sont martelés dans les médias depuis ce début d’année électorale aux Etats-Unis. Mais que signifient-ils vraiment? Décryptage
Le caucus de l’Iowa marque depuis 1972 le top départ de l’année présidentielle américaine qui doit mener le 5 novembre 2024 à l’élection du prochain locataire de la Maison-Blanche.
Le 15 janvier, cet Etat du Midwest a donc voté pour désigner le papable républicain de son choix, pour affronter le rival démocrate en automne.
Donald Trump est sorti grand vainqueur de ce tout premier round électoral, laissant à plus de 30 points derrière lui ses deux principaux rivaux, Ron DeSantis – le Floridien a annoncé dans la foulée se retirer de la course à l’investiture – et Nikki Haley.
Le New Hampshire était le deuxième Etat à se prononcer. Il ne s’agit cette fois-ci plus d’un caucus mais d’une primaire, et les démocrates votaient également. L’occasion de donner quelques précisions sur ce calendrier électoral chargé et de mieux se repérer parmi tous ces termes, pouvant se révéler parfois abscons.
Primaire et caucus, quelles différences et quel fonctionnement?
Un caucus, résume très simplement la chaîne de Des Moines KCCI, est «un rassemblement de personnes partageant un intérêt ou un objectif communs», qui se fait au niveau du comté, du district ou de la circonscription – il y en avait plus de 1600 en Iowa. Les électeurs se regroupent
Les deux conventions se déroulent durant l’été, à Milwaukee pour les républicains, et à Chicago pour les démocrates
dans des lieux publics, salles de sport, bibliothèques… Chaque groupe tente de convaincre les autres de le rejoindre pour qu’au final chaque candidat reçoive un certain nombre de délégués, basé sur le total des votes du caucus qu’il a reçus. Les dix Etats qui utilisent ce type de processus électoral sont l’Alaska, le Colorado, Hawaï, le Kansas, le Maine, le Minnesota, le Nevada, le Dakota du Nord, le Wyoming et l’Iowa.
Un caucus est donc un événement privé, organisé par les partis démocrate ou républicain, tandis que les primaires sont gérées par les gouvernements locaux ou de l’Etat.
Une primaire se déroule quant à elle à bulletins secrets, où les électeurs votent simplement pour leur candidat favori. Il existe plusieurs types de primaires, ouvertes ou fermées. La première est, comme son nom l’indique, ouverte à tous les résidents de l’Etat en question. Une primaire fermée nécessite que le votant soit officiellement enregistré auprès d’un parti avant de pouvoir déposer son bulletin. Des subtilités existent encore, avec certains Etats utilisant des processus électoraux partiellement fermés, partiellement ouverts, ou «top deux».
Quelle est la clé de répartition des délégués?
Lors des caucus ou des primaires, les candidats à la présidentielle obtiennent un certain nombre de délégués, qui est déterminé en fonction de la population de l’Etat. Il y a par exemple 40 délégués républicains dans l’Iowa – Trump en a remporté 20 le 15 février – et 22 à «distribuer» dans le New Hampshire, toujours côté Grand Old Party.
L’attribution de ces précieux délégués n’est pas la même dans chaque Etat. Les deux principales méthodes sont celles proportionnelles (le candidat reçoit un nombre de délégués qui correspond au pourcentage de voix qu’il a reçues) ou celle du winner-take-all (le candidat en tête du scrutin reçoit l’intégralité des délégués de l’Etat, peu importe si le score était serré ou non). A noter que seuls les primaires ou caucus ayant lieu après le 15 mars sont autorisés à utiliser cette dernière méthode.
Subtilité côté démocrate et non des moindres pour cette primaire du New Hampshire: l’Etat a avancé la date du scrutin, violant ainsi les règles du Comité national démocrate, qui décide en ultime lieu comment se déroule le choix de son candidat. Si les votations y ont quand même eu lieu, aucun délégué n’est attribué. Aussi, Joe Biden a décidé de ne pas participer à cette primaire à cause de cette mésentente de calendrier et son nom ne figurait donc pas sur le bulletin. L’antenne locale du parti a quand même tenté de convaincre les électeurs de voter pour l’actuel président, en leur enjoignant d’écrire le nom du locataire de la Maison-Blanche à la main. Joe Biden est sorti vainqueur de cette primaire mais la participation était très faible.
Pourquoi les délégués sont-ils importants?
Les délégués sont au centre du processus électoral car en dernier lieu, ils représenteront leur Etat à la convention nationale du parti et voteront à ce moment-là pour choisir le candidat démocrate et républicain à l’élection présidentielle du 5 novembre. Ces deux conventions se déroulent durant l’été, à Milwaukee dans le Wisconsin pour le Grand Old Party du 15 au 18 juillet, et à Chicago dans l’Illinois pour les démocrates du 19 au 22 août. Au total, 2429 délégués républicains doivent voter lors de la convention nationale; 1215 votes sont nécessaires pour être nominé. A Chicago, ils seront 3936 à faire un choix, et pour que Joe Biden soit candidat à sa propre réélection, il lui faudra 1969 voix.
Quelles sont les prochaines échéances capitales?
Ce 23 janvier dans le New Hampshire, Donald Trump avait tout intérêt à annoncer que la course à l’investiture républicaine est pliée en sa faveur. Le temps joue en effet contre lui alors que son procès pour l’attaque du Capitole intervient le 4 mars, soit la veille du Super Tuesday lors duquel 16 Etats tiendront leur primaire ou caucus, dont le Texas et la Californie. Après sa victoire dans l’«Etat du granite», il n’a pas manqué d’affirmer que Nikki Haley serait bientôt «forcée de quitter» la course. Côté démocrate, le suspense est moindre, Joe Biden bénéficiant de son statut de président sortant et ne faisant face à aucun véritable adversaire de poids.
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