Une Constitution, mais pas à n’importe quel prix
En 2018, le peuple valaisan a décidé d’élire une Assemblée constituante pour réécrire le texte fondateur du canton. La mission donnée aux constituants semblait simple, à savoir celle de dépoussiérer un texte vieux de plus d’un siècle sans pour autant changer le substrat même du canton.
Néanmoins, le texte final soumis au vote en mars prochain, se voulant moderne et innovant, redéfinit les frontières politiques de notre canton, en réduisant les treize districts qui le composent en six grandes régions. Jusqu’à maintenant, la division du canton en treize districts garantissait, grâce au système d’élection doublement proportionnelle, la représentation des populations montagnardes et urbaines de manière harmonieuse au sein du Grand Conseil. Le changement proposé nuirait ainsi à la garantie de cette représentation équitable, la population des centres urbains étant plus dense. Pourtant, les défis actuels et futurs du Valais auront davantage de conséquences sur les populations montagnardes, notamment du point de vue de l’énergie hydraulique ou de l’agriculture avec l’accroissement de la présence des grands prédateurs dans nos montagnes. Il ne fait dès lors aucun sens de favoriser la représentation de la population urbaine au détriment de celle de nos vallées.
De plus, le projet proposé instaure un changement dans le mode de répartition des sièges au Grand Conseil. En effet, jusqu’ici, la répartition des sièges se réalisait sur la base des personnes de nationalité suisse domiciliées en Valais. Désormais, celle-ci se ferait sur l’intégralité de la population domiciliée, comprenant ainsi la population étrangère.
Dès lors, les régions dans lesquelles vivent moins d’étrangers perdront des sièges au Grand Conseil et se verront ainsi moins bien représentées, ce qui est le cas pour le Haut-Valais. La minorité haut-valaisanne aura encore moins de poids dans la prise de décisions
importantes pour notre canton, ce qui impacterait négativement la cohésion et la diversité linguistique du Valais.
En outre, le projet proposé se révèle également un méli-mélo d’obligations supplémentaires imposées à l’Etat du Valais – dont certaines ne relèvent même pas de sa compétence – et au détriment de la responsabilité individuelle, qui généreraient plus de 100 millions de francs de dépenses par année et dont les moyens de financement n’ont pas été fixés. Ainsi, ces dépenses se répercuteraient vraisemblablement sur le contribuable valaisan.
On peut douter que lorsque les Valaisans ont décidé de réviser leur Constitution, ils aient voulu que leurs impôts augmentent. Par exemple, le fait de passer de cinq à sept conseillers d’Etat générerait l’engagement de davantage de fonctionnaires et imposerait ainsi nombre de dépenses additionnelles. Sans parler du coût de deux conseillers d’Etat supplémentaires.
Le projet impose également certaines obligations qui auraient mérité des votations séparées. Pour n’en citer qu’une: l’obligation d’instaurer un congé parental. Bien que louable, une telle modification de loi devrait être débattue de manière séparée avec un projet de loi complet en prévoyant le financement.
Pour finir, il sied de relever que les Valaisans se prononceront deux fois en mars prochain: sur le projet proposé sans le droit de vote et d’éligibilité des étrangers et sur celui contenant cette disposition. Bien que certains cantons l’aient d’ores et déjà instauré au niveau communal, cela ne signifie pas qu’il s’agisse d’une bonne idée. Les étrangers qui souhaitent s’investir pour leur collectivité doivent démontrer leur intégration par le biais de la naturalisation; le droit de vote étant le fondement même de notre démocratie, il ne faut pas octroyer le pouvoir de décider pour nous à n’importe qui.
Ainsi, que ce soit au niveau de la juste représentation de la population valaisanne au Grand Conseil ou encore des dépenses astronomiques qu’impliquerait le projet de révision de notre Constitution valaisanne tel que proposé, il est fortement recommandé de refuser ce projet. En cas de refus, celui-ci sera remis au Grand Conseil qui le modifiera et le resoumettra à la population valaisanne. Dès lors, espérons qu’en cas de non aux urnes, le Grand Conseil s’en tiendra à dépoussiérer un vieux texte. Et non pas à bouleverser la structure de notre canton. ■