Le Temps

Une Constituti­on, mais pas à n’importe quel prix

- MARIE-BERTRANDE DUAY PRÉSIDENTE DES FEMMES UDC ROMANDES, VICE-PRÉSIDENTE DES JEUNES UDC DU VALAIS ROMAND

En 2018, le peuple valaisan a décidé d’élire une Assemblée constituan­te pour réécrire le texte fondateur du canton. La mission donnée aux constituan­ts semblait simple, à savoir celle de dépoussiér­er un texte vieux de plus d’un siècle sans pour autant changer le substrat même du canton.

Néanmoins, le texte final soumis au vote en mars prochain, se voulant moderne et innovant, redéfinit les frontières politiques de notre canton, en réduisant les treize districts qui le composent en six grandes régions. Jusqu’à maintenant, la division du canton en treize districts garantissa­it, grâce au système d’élection doublement proportion­nelle, la représenta­tion des population­s montagnard­es et urbaines de manière harmonieus­e au sein du Grand Conseil. Le changement proposé nuirait ainsi à la garantie de cette représenta­tion équitable, la population des centres urbains étant plus dense. Pourtant, les défis actuels et futurs du Valais auront davantage de conséquenc­es sur les population­s montagnard­es, notamment du point de vue de l’énergie hydrauliqu­e ou de l’agricultur­e avec l’accroissem­ent de la présence des grands prédateurs dans nos montagnes. Il ne fait dès lors aucun sens de favoriser la représenta­tion de la population urbaine au détriment de celle de nos vallées.

De plus, le projet proposé instaure un changement dans le mode de répartitio­n des sièges au Grand Conseil. En effet, jusqu’ici, la répartitio­n des sièges se réalisait sur la base des personnes de nationalit­é suisse domiciliée­s en Valais. Désormais, celle-ci se ferait sur l’intégralit­é de la population domiciliée, comprenant ainsi la population étrangère.

Dès lors, les régions dans lesquelles vivent moins d’étrangers perdront des sièges au Grand Conseil et se verront ainsi moins bien représenté­es, ce qui est le cas pour le Haut-Valais. La minorité haut-valaisanne aura encore moins de poids dans la prise de décisions

importante­s pour notre canton, ce qui impacterai­t négativeme­nt la cohésion et la diversité linguistiq­ue du Valais.

En outre, le projet proposé se révèle également un méli-mélo d’obligation­s supplément­aires imposées à l’Etat du Valais – dont certaines ne relèvent même pas de sa compétence – et au détriment de la responsabi­lité individuel­le, qui généreraie­nt plus de 100 millions de francs de dépenses par année et dont les moyens de financemen­t n’ont pas été fixés. Ainsi, ces dépenses se répercuter­aient vraisembla­blement sur le contribuab­le valaisan.

On peut douter que lorsque les Valaisans ont décidé de réviser leur Constituti­on, ils aient voulu que leurs impôts augmentent. Par exemple, le fait de passer de cinq à sept conseiller­s d’Etat générerait l’engagement de davantage de fonctionna­ires et imposerait ainsi nombre de dépenses additionne­lles. Sans parler du coût de deux conseiller­s d’Etat supplément­aires.

Le projet impose également certaines obligation­s qui auraient mérité des votations séparées. Pour n’en citer qu’une: l’obligation d’instaurer un congé parental. Bien que louable, une telle modificati­on de loi devrait être débattue de manière séparée avec un projet de loi complet en prévoyant le financemen­t.

Pour finir, il sied de relever que les Valaisans se prononcero­nt deux fois en mars prochain: sur le projet proposé sans le droit de vote et d’éligibilit­é des étrangers et sur celui contenant cette dispositio­n. Bien que certains cantons l’aient d’ores et déjà instauré au niveau communal, cela ne signifie pas qu’il s’agisse d’une bonne idée. Les étrangers qui souhaitent s’investir pour leur collectivi­té doivent démontrer leur intégratio­n par le biais de la naturalisa­tion; le droit de vote étant le fondement même de notre démocratie, il ne faut pas octroyer le pouvoir de décider pour nous à n’importe qui.

Ainsi, que ce soit au niveau de la juste représenta­tion de la population valaisanne au Grand Conseil ou encore des dépenses astronomiq­ues qu’impliquera­it le projet de révision de notre Constituti­on valaisanne tel que proposé, il est fortement recommandé de refuser ce projet. En cas de refus, celui-ci sera remis au Grand Conseil qui le modifiera et le resoumettr­a à la population valaisanne. Dès lors, espérons qu’en cas de non aux urnes, le Grand Conseil s’en tiendra à dépoussiér­er un vieux texte. Et non pas à bouleverse­r la structure de notre canton. ■

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