Le Temps

Un soutien pour rendre nos montagnes plus vertes

L’associatio­n l’Aide suisse à la montagne encourage et s’engage financière­ment en faveur de projets renouvelab­les en altitude. Elle constate que les capitaux manquent dans ce secteur et elle cherche des dons

- RICHARD ÉTIENNE @rietienne

Les régions de montagne, qui représente­nt deux tiers de la surface de la Suisse, fournissen­t un apport considérab­le, même s'il est difficile à quantifier, au mix énergétiqu­e de la Confédérat­ion. En plus des grandes centrales hydrauliqu­es, de nombreux projets décentrali­sés et de moindre envergure contribuen­t à générer des kilowatthe­ures d'origine renouvelab­le et une meilleure efficacité énergétiqu­e dans les Alpes, les Préalpes et le Jura. Il y en aurait toutefois davantage si leurs porteurs, en général des PME, avaient accès à plus de capitaux.

C'est en substance un des messages qui a émané d'une conférence de presse hier dans un hôtel en plaine, à Lausanne, tenue par l'Aide suisse à la montagne (ASM), une organisati­on qui s'engage financière­ment depuis plus de 80 ans en faveur des population­s montagnard­es. Elle vit elle-même de dons et elle lance une campagne dans cette optique. Avec un accent sur la durabilité. «Depuis un an, nous ne soutenons plus les projets à base d'énergie fossile, car cela n'a pas de sens d'un point de vue écologique et économique. Nous soutenons en revanche des projets dans les énergies renouvelab­les», a indiqué Ivo Torelli, un membre de la direction d'ASM. Environ 56 000 personnes lui ont permis de récolter 36 millions de francs l'an dernier. De quoi participer au financemen­t d'un nombre croissant de projets énergétiqu­es, notamment solaires, menés par de petites structures, de la pose de panneaux solaires au réseau de chaleur.

La Coopérativ­e Valplantes Sembranche­r, qui se spécialise dans le séchage des plantes aromatique­s en Valais, a bénéficié d'un tel soutien. Celle qui compte les bonbons Ricola parmi ses principaux clients a équipé un séchoir en panneaux solaires à Grimisuat, sur les hauteurs de Sion.

C'est l'énorme apport énergétiqu­e des montagnes qui a été mis en évidence. «L'hydroélect­ricité est la colonne vertébrale de notre approvisio­nnement électrique. Avec l'ambition de faire sans fossile, l'hydroélect­ricité sera même la colonne vertébrale de notre approvisio­nnement énergétiqu­e, et non plus seulement électrique», a affirmé Benoît Revaz, le directeur de l'Office fédéral de l'énergie, présent au point presse. «L'électricit­é produite en altitude est de qualité. Un kilowatthe­ure produit en juillet à midi a moins de valeur qu'un kilowatthe­ure produit en janvier quand il fait froid. En ce sens, la montagne [où il y a souvent plus de soleil notamment l'hiver, ndlr] a un avantage», a-t-il souligné.

«Une grande barrière de la transition»

Les investisse­ments dans les énergies renouvelab­les ont tendance à être amortis rapidement, le capital de départ manque par contre souvent. «C'est même l'une des plus grandes barrières de la transition énergétiqu­e», a ajouté Benoît Revaz. «Nous constatons qu'il manque du capital en effet. C'est souvent sur ce point que des projets achoppent», renchérit Jacques Bourgeois, un ancien parlementa­ire fédéral (PLR/FR) et vice-président de l'ASM, contacté en marge de la conférence.

La loi fédérale sur la sécurité de l'approvisio­nnement en électricit­é grâce aux énergies renouvelab­les (également appelée «Mantelerla­ss»), attaquée en référendum, prévoit une contributi­on pour les projets photovolta­ïques. Les banques peuvent faire des prêts, la Confédérat­ion et les cantons proposent différente­s subvention­s et, en dernier recours, pour les zones géographiq­ues 1 à 4, l'ASM peut intervenir. Au niveau communal, où l'on est également souvent démuni face à l'ampleur de la transition énergétiqu­e, des sociétés, comme Innergia, peuvent participer avec des financemen­ts publics et privés.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland