Un soutien pour rendre nos montagnes plus vertes
L’association l’Aide suisse à la montagne encourage et s’engage financièrement en faveur de projets renouvelables en altitude. Elle constate que les capitaux manquent dans ce secteur et elle cherche des dons
Les régions de montagne, qui représentent deux tiers de la surface de la Suisse, fournissent un apport considérable, même s'il est difficile à quantifier, au mix énergétique de la Confédération. En plus des grandes centrales hydrauliques, de nombreux projets décentralisés et de moindre envergure contribuent à générer des kilowattheures d'origine renouvelable et une meilleure efficacité énergétique dans les Alpes, les Préalpes et le Jura. Il y en aurait toutefois davantage si leurs porteurs, en général des PME, avaient accès à plus de capitaux.
C'est en substance un des messages qui a émané d'une conférence de presse hier dans un hôtel en plaine, à Lausanne, tenue par l'Aide suisse à la montagne (ASM), une organisation qui s'engage financièrement depuis plus de 80 ans en faveur des populations montagnardes. Elle vit elle-même de dons et elle lance une campagne dans cette optique. Avec un accent sur la durabilité. «Depuis un an, nous ne soutenons plus les projets à base d'énergie fossile, car cela n'a pas de sens d'un point de vue écologique et économique. Nous soutenons en revanche des projets dans les énergies renouvelables», a indiqué Ivo Torelli, un membre de la direction d'ASM. Environ 56 000 personnes lui ont permis de récolter 36 millions de francs l'an dernier. De quoi participer au financement d'un nombre croissant de projets énergétiques, notamment solaires, menés par de petites structures, de la pose de panneaux solaires au réseau de chaleur.
La Coopérative Valplantes Sembrancher, qui se spécialise dans le séchage des plantes aromatiques en Valais, a bénéficié d'un tel soutien. Celle qui compte les bonbons Ricola parmi ses principaux clients a équipé un séchoir en panneaux solaires à Grimisuat, sur les hauteurs de Sion.
C'est l'énorme apport énergétique des montagnes qui a été mis en évidence. «L'hydroélectricité est la colonne vertébrale de notre approvisionnement électrique. Avec l'ambition de faire sans fossile, l'hydroélectricité sera même la colonne vertébrale de notre approvisionnement énergétique, et non plus seulement électrique», a affirmé Benoît Revaz, le directeur de l'Office fédéral de l'énergie, présent au point presse. «L'électricité produite en altitude est de qualité. Un kilowattheure produit en juillet à midi a moins de valeur qu'un kilowattheure produit en janvier quand il fait froid. En ce sens, la montagne [où il y a souvent plus de soleil notamment l'hiver, ndlr] a un avantage», a-t-il souligné.
«Une grande barrière de la transition»
Les investissements dans les énergies renouvelables ont tendance à être amortis rapidement, le capital de départ manque par contre souvent. «C'est même l'une des plus grandes barrières de la transition énergétique», a ajouté Benoît Revaz. «Nous constatons qu'il manque du capital en effet. C'est souvent sur ce point que des projets achoppent», renchérit Jacques Bourgeois, un ancien parlementaire fédéral (PLR/FR) et vice-président de l'ASM, contacté en marge de la conférence.
La loi fédérale sur la sécurité de l'approvisionnement en électricité grâce aux énergies renouvelables (également appelée «Mantelerlass»), attaquée en référendum, prévoit une contribution pour les projets photovoltaïques. Les banques peuvent faire des prêts, la Confédération et les cantons proposent différentes subventions et, en dernier recours, pour les zones géographiques 1 à 4, l'ASM peut intervenir. Au niveau communal, où l'on est également souvent démuni face à l'ampleur de la transition énergétique, des sociétés, comme Innergia, peuvent participer avec des financements publics et privés.
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