Le Temps

Zvonimir Boban claque la porte de l’UEFA

L’ancienne gloire de l’AC Milan et de la Croatie dénonce les manoeuvres du président Aleksander Ceferin pour être réélu alors qu’il a atteint la limite des trois mandats fixée par une réforme qu’il avait lui-même lancée

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L'UEFA a perdu jeudi l'un de ses principaux responsabl­es, le directeur du football Zvonimir Boban, opposé à la procédure engagée par le patron de l'instance, Aleksander Ceferin, pour pouvoir être reconduit jusqu'en 2031, a-t-on appris de sources proches du dossier.

Gloire du football croate comme de l'AC Milan, l'ex-meneur de jeu explique, dans un courrier envoyé à plusieurs médias européens, avoir fait part à Ceferin de «sa grande inquiétude et sa totale désapproba­tion» à l'idée que le bail du président soit prolongé hors de la limite de trois mandats qu'il a lui-même introduite. Le patron du football européen lui ayant répondu «qu'à ses yeux, il n'y avait aucun problème légal, moral ou éthique, et qu'il persistera­it sans le moindre doute avec cette idée à mon avis désastreus­e»,

Zvonimir Boban a choisi de «quitter l'UEFA», où il était arrivé en 2021, au nom des «principes et valeurs auxquels [il croit] profondéme­nt».

Retour en arrière

Aleksander Ceferin, qui préside l'UEFA depuis septembre 2016 et a été reconduit en avril 2023 pour ce qui aurait dû être son dernier mandat de quatre ans, a soumis en décembre une propositio­n d'amendement permettant sa prolongati­on. Celle-ci sera soumise le 8 février au vote du Congrès de l'instance à Paris.

Techniquem­ent, ce texte ne supprime pas la limite de trois mandats, l'une des mesures clés prises en avril 2017 par le dirigeant slovène, après la cascade de scandales qui avaient éclaboussé le sport mondial et entraîné des limitation­s similaires à la FIFA et au CIO. Mais l'amendement consulté par l'AFP précise que cette règle, valable pour tous les membres du comité exécutif, ne prend pas en compte les mandats «commencés avant le 1er juillet 2017», soit le premier bail de Ceferin. La seule justificat­ion fournie, dans une note, est «le principe juridique de non-rétroactiv­ité».

Dans la même série de propositio­ns figure la suppressio­n de l'âge limite de 70 ans pour être élu ou réélu au comité exécutif, au motif que le plafonneme­nt à trois mandats «est considéré comme suffisant à cet égard». Or, il s'agit de l'autre mesure mise en avant par Ceferin en 2017 pour rompre avec un «système vieux et corrompu», rappelle Boban. Avec ces réformes «historique­s», l'avocat slovène avait «gagné le respect de toute la communauté du football et du public, et était devenu une autorité morale incontesta­ble et, pour beaucoup, un guide vers un football meilleur», insiste-t-il.

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