Les promesses de Gabriel Attal
Après plus d’une semaine de blocages routiers allant crescendo, le premier ministre français a présenté ce vendredi ses mesures pour calmer la colère des paysans français
Ce vendredi encore, la mobilisation des agriculteurs français est montée d’un cran. Deux autoroutes du sud de la France ont notamment été bloquées sur 400 km. Du jamais-vu. Des barrages ont également été mis en place autour de Paris. Et plus proche de la Suisse, un barrage filtrant a été installé sur l’A41 en Savoie, entre Genève et Annecy. A Narbonne, un bâtiment de la Mutualité sociale agricole a par ailleurs pris feu en marge d’une manifestation d’agriculteurs.
Il faut dire que c’était un jour particulier. Après plus d’une semaine de blocages routiers allant crescendo et s’étendant à tout le pays, Gabriel Attal a présenté ce vendredi ses mesures pour calmer la colère des agriculteurs. Exercice complexe étant donné que le mouvement est européen et que plusieurs des revendications concernent l’UE et la politique agricole commune (PAC). Le jeune premier ministre a promis qu’Emmanuel Macron allait demander des dérogations, notamment sur les jachères. Il a par ailleurs assuré que la France continuerait à s’opposer à la signature de l’accord commercial entre l’UE et le Mercosur, qui effraye les agriculteurs.
Mercredi, en vue de ces annonces, Arnaud Rousseau, le président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), le plus grand syndicat d’agriculteurs du pays, avait dévoilé une liste de 24 revendications. Avec ses collègues d’autres syndicats, il affirmait qu’ils exigeaient qu’elles soient toutes couvertes pour lever le mouvement.Au bout d’une semaine de négociations et de réflexions, c’est depuis une ferme de Haute-Garonne, dans le sud-ouest du pays, là où la grogne a commencé à s’afficher de la manière la plus spectaculaire, que Gabriel Attal a pris la parole.
Accompagné au pied des Pyrénées par Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, et Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, le tout nouveau chef du gouvernement français a commencé par déclarer: «On a décidé de mettre l’agriculture au-dessus de tout», ses notes posées sur une botte de paille.
Pour ce qui est des mesures concrètes, Gabriel Attal a ensuite annoncé que la France allait renoncer aux futures augmentations de la fiscalité sur le gazole non routier. Au-delà de cette mesure marquante, le premier ministre a également annoncé dix mesures de simplification dans les démarches administratives et les contrôles. Débroussaillage, haies, eau…, le chef du gouvernement français a listé plusieurs domaines concernés.
Il entend ainsi réduire «drastiquement procédures et normes» au travers d’«un mois de la simplification» pour tout revoir, «arrêté préfectoral par arrêté préfectoral». La suppression d’un échelon de juridiction a par exemple été annoncée dans les procédures de recours. «Des réponses immédiates sur la rémunération» étaient également attendues, notamment via de nouvelles aides d’urgence aux secteurs en crise dont les syndicats exigeaient qu’elles s’élèvent à plusieurs centaines de millions d’euros. Plusieurs fonds et plans d’urgence ont ainsi été promis par le premier ministre pour la viticulture, la filière bio, les agriculteurs bretons et ceux touchés par des maladies vétérinaires.
«On a besoin d’aller plus loin»
La FNSEA exigeait par ailleurs le «respect absolu des lois EGAlim, par le biais notamment des contrôles renforcés». Gabriel Attal a promis de le faire. Trois entreprises à sanctionner ont même déjà été identifiées. Ces lois encadrent les négociations commerciales entre distributeurs et industriel et ont une grande influence sur les revenus des agriculteurs.
Le gouvernement a donc répondu à quelques demandes des syndicats. Et surtout avec la forme. Cela signifie-t-il que la crise est terminée? Arnaud Rousseau a annoncé qu’il appelait à poursuivre le mouvement. «On a besoin d’aller plus loin», affirme le président de la FNSEA.
Et de toute façon, croisé mercredi sur un blocage en Picardie au nord de Paris, un représentant local des agriculteurs en colère affirmait que dès que le gouvernement annoncerait des mesures qui conviennent à ses confrères de la région et de ce lieu, ils lèveraient «le bivouac». «Mais ce n’est pas la FNSEA qui décidera, même si nous leur faisons confiance», se pressait-il d’ajouter. La suite du mouvement ne dépend donc pas nécessairement des syndicats, dont certains commentateurs pensent qu’ils sont débordés par leur base. ■
«On a décidé de mettre l’agriculture au-dessus de tout»
GABRIEL ATTAL, PREMIER MINISTRE