Le Temps

Le Conseil d’Etat reste discret sur le départemen­t de Pierre Maudet

L’exécutif a rendu sa réponse sur la situation dans le dicastère du ministre. Il donne quelques détails sur le questionna­ire de satisfacti­on, relativise une hausse d’absentéism­e parmi les cadres, mais laisse des questions en suspens

- FANNY SCUDERI @FannyScude­ri

Que se passe-t-il dans le Départemen­t de la santé et des mobilités, dirigé par le conseiller d'Etat Pierre Maudet? Pour y voir plus clair, la députée écologiste Dilara Bayrak a adressé plusieurs questions au gouverneme­nt après que plusieurs sources ont fait état dans Le Temps «d'humiliatio­ns», de «déficience de gouvernanc­e» et «d'arrêts maladie en hausse» depuis l'entrée en fonction du magistrat le 1er juin dernier. Toujours selon les informatio­ns du Temps, le secrétaire général de Pierre Maudet a demandé à être muté, se désolidari­sant du style managérial du nouveau magistrat.

L'exécutif a transmis sa réponse aux députés vendredi (en PDF ici). Selon les chiffres transmis par le Conseil d'Etat, il n'y aurait pas de hausse notable d'absentéism­e parmi les cadres du Départemen­t de la santé et des mobilités (DSM): au sein du secrétaria­t général, le taux d'absence pour maladie monterait à 8,33% de juin à décembre 2023, contre 7,82% pour la même période l'année précédente. Le taux a diminué au sein de la Direction générale de la santé, passant de 7,73% en 2022 à 5,67% en 2023.

Absentéism­e des cadres

Ces chiffres rassurent-ils la députée? «Le Conseil d'Etat a décidé de donner des réponses lacunaires», estime-t-elle. La situation de la médecin cantonale l'interpelle. Elément clé du départemen­t, Aglaé Tardin est en arrêt maladie depuis le début du mois de décembre. Nous ignorons si à ce jour elle a repris ses fonctions. Contrairem­ent aux autres entités, le calcul du gouverneme­nt pour l'Office cantonal de la santé exclut le mois de décembre. Le taux d'absentéism­e s'élève à 5,40% entre juin et novembre 2023, contre 7,82% l'année précédente. Le Conseil d'Etat précise toutefois qu'au 1er décembre 2023, deux cadres se trouvaient en absence maladie: un congé de longue durée qui a débuté avant la nouvelle législatur­e pour l'un, tandis que le second a repris le 3 décembre 2023.

A la suite des révélation­s de la presse, Pierre Maudet a lancé un questionna­ire de satisfacti­on au sein de son départemen­t. Le Conseil d'Etat livre quelques détails sur la méthodolog­ie. L'entreprise Great Place To Work [traduction: super endroit pour travailler, ndlr] a envoyé un questionna­ire aux 635 collaborat­eurs du DSM. Le gouverneme­nt se veut rassurant: les réponses «non résumées» ne seront pas transmises au départemen­t de Pierre Maudet et l'anonymat est garanti. Si l'enquête «ne vise en aucun cas à cibler ad hominem», elle comprend deux questions ouvertes pouvant inclure des «dénonciati­ons circonstan­ciées», précise-t-il.

Le rapport issu de ce questionna­ire sera-t-il rendu public? Pas de réponse. Est-ce que le Conseil d'Etat avait été informé des dysfonctio­nnements rapportés par presse? Le gouverneme­nt renvoie à un communiqué de mi-décembre, dans lequel il faisait état de l'intention du DSM de mener une analyse de satisfacti­on.

Réponses lacunaires

«Je me réserve la possibilit­é de demander des renseignem­ents complément­aires» DILARA BAYRAK, DÉPUTÉE AU GRAND CONSEIL (LES VERT·E·S)

Il écrivait également que le groupe de confiance, compétent pour les conflits relationne­ls au travail, avait été sollicité. L'exécutif refuse de communique­r le nombre d'employés qui ont fait appel à cet organe afin de préserver la «plus stricte confidenti­alité». «Je regrette ces absences de réponses, qui heurtent la confiance entre le Grand Conseil et le Conseil d'Etat. Indiquer le nombre n'aurait rien dit de la nature du dossier. Je me réserve la possibilit­é de demander des renseignem­ents complément­aires», indique Dilara Bayrak.

Pierre Maudet a plusieurs fois balayé les reproches rapportés par les médias, évoquant «une constellat­ion de cas individuel­s». Dans les colonnes de la Tribune de Genève, il rappelait avoir été élu pour «faire des choix»: «Ils ne plaisent pas toujours et peuvent susciter des résistance­s, voire des levées de boucliers au sein de l'administra­tion. J'ai tendance à vouloir aller vite, peut-être trop vite pour certains.»

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