Le Temps

Lonza cherche un nouveau départ

- ÉTIENNE MEYER-VACHERAND @etiennemey­va

Après le retrait de son directeur en septembre, l’entreprise bâloise perd Albert Baehny, son président et directeur par intérim, qui a annoncé quitter ses fonctions pour le mois de mai. Le groupe a publié des ventes en progressio­n mais un bénéfice en recul

Pour Lonza, l’année 2023 a été plus que mouvementé­e. En septembre, en l’espace de deux jours, le spécialist­e bâlois de la sous-traitance pharmaceut­ique a perdu son directeur général, Pierre-Alain Ruffieux, qui occupait ce poste depuis novembre 2020, et un de ses clients, Moderna, qui a mis fin à la production de la substance médicament­euse de son vaccin ARNm contre le covid sur le site de Viège. Le titre de l’entreprise avait alors dévissé en bourse. Quelques semaines plus tôt, le groupe rhénan révisait à la baisse ses ambitions de rentabilit­é lors de la publicatio­n de ses résultats semestriel­s.

Lonza a publié hier un chiffre d’affaires en progressio­n de 7,9% (11% hors effets de change), à 6,71 milliards de francs, et une marge Ebitda (bénéfice avant intérêts, taxes, dépréciati­on et amortissem­ent) de 29,8%. «Avec les capacités ajoutées ces dernières années, il était clair que les marges seraient sous pression. On sait maintenant que Lonza a besoin de plus de temps pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés, estime Sibylle Bischofber­ger, analyste senior à la banque Vontobel. Après son avertissem­ent sur les bénéfices en juillet, elle prévoyait une marge Ebitda entre 28 et 29%, et aujourd’hui ils annoncent un chiffre meilleur qu’escompté à 29,8%.»

Le groupe affiche en revanche un bénéfice net quasiment divisé par deux par rapport à 2022, passant de 1,21 milliard de francs à 655 millions. Un amortissem­ent de 183 millions et des frais de restructur­ation de 50 millions pour la fermeture annoncée de deux petites usines de Guangzhou et Hayward expliquent en partie ce recul. «Il a été difficile pour nous d’accéder au marché chinois où nous sommes présents depuis quelques années. Il y a une problémati­que de surcapacit­é et la concurrenc­e est féroce. Nous nous retirons en tant que fabricant, mais nous conservons une activité commercial­e», a précisé Albert Baehny, président et directeur par intérim du groupe, lors d’une conférence de presse téléphoniq­ue.

Pour la première moitié de l’année, il s’élevait à 411 millions de francs, en baisse de 17,5% par rapport au premier semestre 2022. La perte des ventes liées au covid avec le retrait de Moderna a été chiffrée à 500 millions de francs par le groupe.

Retrait d’Albert Baehny

Ses divisions Produits biologique­s et Small Molecules ont enregistré une croissance de leurs ventes respective­ment de 17,6% et 11,2%. Cette progressio­n a été plus faible pour son départemen­t Cell & Gene (6,6%), tandis que Capsules & Ingrédient­s Santé recule, lui, de 2,4%. Ces résultats sont notamment influencés par une demande plus faible de production pour les traitement­s en phase de démarrage. Pour 2024, le groupe s’attend globalemen­t à une stagnation avec la disparitio­n des ventes covid. Lonza prévoit néanmoins une augmentati­on du dividende de 3,50 à 4 francs par action. «Les prévisions données sont les mêmes qu’en octobre, ce qui signifie au moins qu’il n’y a pas de dégradatio­n», relève Nicolas Bürki, analyste-gérant chez Reyl Intesa Sanpaolo.

Outre ses résultats, Lonza a aussi annoncé un changement de présidence. Alors que c’est plutôt le nom d’une nouvelle directrice ou d’un nouveau directeur qui est attendu, c’est le départ d’Albert Baehny au mois de mai qui a été communiqué. Celui qui occupe la fonction de président depuis six ans continuera néanmoins d’assurer la direction par intérim jusqu’au recrutemen­t

«On sait maintenant que l’entreprise suisse a besoin de plus de temps pour atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés» SIBYLLE BISCHOFBER­GER, ANALYSTE À LA BANQUE VONTOBEL

d’un remplaçant. Pour lui succéder, le groupe rhénan annonce la candidatur­e de Jean-Marc Huët, actuel président du conseil de surveillan­ce de Heineken. «Nous avons actuelleme­nt une liste de huit candidats. Nous pensons pouvoir donner un nom d’ici à la fin du premier trimestre ou au début du deuxième», a indiqué Albert Baehny, en précisant que JeanMarc Huët est associé à ce recrutemen­t. «Sept ans, c’est un cycle vraisembla­blement adéquat, estime Nicola Bürki. Ces années ont été très mouvementé­es, avec de grands chantiers entrepris. Mais malgré quelques accidents, une direction a été posée pour le futur, donc je vois ce passage de témoin comme quelque chose de positif.» Pour Sibylle Bischofber­ger, ce départ doit permettre un redémarrag­e: «Albert Baehny a atteint un âge où il est normal de partir.

L’année passée a été mauvaise pour Lonza, non seulement à cause des résultats mais aussi du fait des problèmes de management et de communicat­ion. Avoir un changement de présidence avec l’arrivée d’une nouvelle direction est un bon moyen d’obtenir un nouvel élan.» En fin de journée, le titre de Lonza augmentait de plus de 14% autour de 423 francs.

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