«Un mélange entre profane et sacré»
L’oeil de Marc-Olivier Wahler, directeur du MAH, sur cette «carte blanche» offerte à Wim Delvoye
«Je connais Wim Delvoye depuis longtemps», dit Marc-Olivier Wahler, directeur du Musée d’art et d’histoire de Genève. «Un pan important de l’activité de Wim est celui de collectionneur. Il possède des connaissances uniques en histoire de l’art, notamment du XVIIe et du XVIIIe siècles, parfois dans des domaines étonnants: je l’ai présenté à mon conservateur de numismatique, qui m’a dit: «il connaît tout». Ce qui l’a intéressé dans nos collections, c’est une espèce de mélange entre le profane et le sacré, entre le prolétaire et l’élite. Il est venu très souvent. Les conservateurs, les scientifiques étaient médusés de voir qu’il se penchait sur tout, y compris des gens totalement oubliés par l’histoire de l’art qui croupissaient dans des «compactus»… Nous ne sommes pas le Louvre: les mêmes objets reviennent si on n’y prête pas attention. Il faut de la créativité pour aller chercher des objets qui ont disparu de notre radar et les remettre en valeur…»
Et Marc-Olivier Wahler de revenir aux origines de ces «cartes blanches»: «Les meilleures expositions que j’ai vues étaient celles dont le commissariat était assuré par des artistes». Mais il s’agit aussi avec ces cartes blanches de «faire avec ce qu’on a, de mettre en valeur les collections en arrêtant de faire venir à grands frais et avec un lourd bilan carbone, des oeuvres de partout: de faire avec le bâtiment en ne construisant pas des murs que l’on jette ensuite, pour y accrocher des oeuvres. Si on le fait, ce doit être de manière créative.» E. Sr ■