Le Temps

Nouvelle année, nouveau départ pour Les Vert·e·s

- YAN PAUCHARD @yanpauchar­d

Réuni en congrès à Lucerne, le parti a pris acte de sa défaite aux élections d’octobre et s’est remobilisé pour les échéances de 2024, notamment le référendum «contre la folie autoroutiè­re». Un combat qui permet aux écologiste­s de renouer avec leurs racines

XL’automne a été pour le moins chahuté pour Les Vert·e·s suisses, entre recul aux élections fédérales et nouvelle tentative avortée d’accéder au Conseil fédéral. Des défaites qui ont poussé le président du parti national, Balthasar Glättli, à démissionn­er. Face aux délégués réunis samedi à Lucerne, ce dernier a appelé à poursuivre la lutte. «Le climat a besoin des Vert·e·s, maintenant plus que jamais», a ainsi déclaré le Zurichois en préambule d’un congrès qui a servi tant à acter la défaite (l’assemblée a ainsi remercié les parlementa­ires qui n’avaient pas été réélus) qu’à redonner un élan pour 2024.

«Ces derniers mois, nous avons été mis sur le gril et on nous a collé toutes sortes d’étiquettes, confirme la conseillèr­e nationale Delphine Klopfenste­in Broggini. Mais face à l’adversité, nous avons su demeurer unis.» La Genevoise se réjouit que les recommanda­tions de vote pour le 3 mars aient montré la cohésion du parti. Sans surprise, les délégués ont approuvé la 13e rente AVS par 125 voix pour et 3 abstention­s, alors qu’ils ont rejeté à l’unanimité l’élévation de l’âge de la retraite proposée par l’initiative des Jeunes PLR.

«La candidatur­e au Conseil fédéral a, à mon sens, déjà apporté un certain vent de fraîcheur et permis de mobiliser les forces»

GERHARD ANDREY, CONSEILLER NATIONAL VERT FRIBOURGEO­IS

Unanimité contre les autoroutes

De même, Les Vert·e·s se sont prononcés, encore une fois à l’unanimité, contre les 5,3 milliards de francs d’investisse­ments dans le domaine des autoroutes voulus par le conseiller fédéral Albert Rösti. La population sera appelée aux urnes d’ici à la fin de l’année, un référendum ayant abouti contre ce projet d’extension approuvé l’automne dernier par le parlement. Pour rappel, celui-ci comprend un volet en Romandie avec l’élargissem­ent à six voies du tronçon entre l’échangeur du Vengeron et Nyon sur l’autoroute A1. «Le combat contre la folie autoroutiè­re fait partie des sujets fondamenta­ux pour Les Vert·e·s», se réjouit encore Delphine Klopfenste­in Broggini. Membre de la commission des transports du National et vice-présidente de Pro Vélo, la Genevoise sera en première ligne de la campagne en tant que porte-parole francophon­e des Vert·e·s.

S’il trouve également la journée à Lucerne «motivante», le conseiller national fribourgeo­is Gerhard Andrey a l’impression que le parti n’a pas attendu ce congrès pour se donne un nouvel élan après «ce dimanche douloureux d’octobre». «J’ai peut-être un biais, mais la candidatur­e au Conseil fédéral a, à mon sens, déjà apporté un certain vent de fraîcheur et permis de mobiliser les forces, relève celui qui avait alors porté les espoirs écologiste­s. Et comme le parlement continue de refuser l’entrée des Vert·e·s au gouverneme­nt, nous avons pu mettre en avant le manque de concordanc­e au Conseil fédéral.» Surtout, au-delà des aléas électoraux, Gerhard Andrey est persuadé que «les changement­s climatique­s conséquent­s, se déroulant à une vitesse incroyable» vont continuer de profiler Les Vert·e·s, qui ont toujours eu «un discours clair» sur ces thématique­s.

La question du paysage

De son côté, le conseiller national valaisan Christophe Clivaz a lui aussi apprécié l’énergie positive de ce congrès, mais identifie néanmoins un point qui pourrait être compliqué à gérer pour son parti. Probableme­nt en juin, la population suisse devra voter sur le référendum déposé contre la nouvelle loi qui vise à développer les énergies renouvelab­les. Samedi, les délégués des Vert·e·s ont clairement approuvé ce texte, qui demeure un «bon compromis», aux yeux du Valaisan, allant dans le sens d’une transition énergétiqu­e. La campagne pourrait cependant diviser les sympathisa­nts écologiste­s, dont certains pourraient craindre de potentiell­es atteintes aux paysages et aux biotopes protégés. Le référendum a ainsi été porté par la Fondation Franz Weber. «Tout n’est pas parfait, mais les conséquenc­es d’un non seraient vraiment dommageabl­es», soutient Christophe Clivaz.

A noter encore que la succession de Balthasar Glättli se jouera lors du prochain congrès qui se déroulera le 6 avril à Yverdon-les-Bains. Pour l’heure, une seule candidate s’est déclarée, la Genevoise Lisa Mazzone, que tous voient en ultra-favorite.

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