Le Temps

Finalement, l’UDC suisse refuse la 13e rente AVS

- Y. P.

Alors qu’une majorité de la base semble séduite par le projet des syndicats, les délégués du parti agrarien ont massivemen­t rejeté le projet soumis aux urnes le 3 mars. L’argument d’un coût trop élevé l’a emporté

C’est peu dire que le mot d’ordre du plus grand parti du pays sur la votation de la 13e rente AVS était scruté. L’UDC est divisée comme rarement sur cet objet. Alors que la direction est faroucheme­nt opposée à ce projet des syndicats, une majorité de la base se laisserait tenter (57% selon un récent sondage de la SSR) par ce soutien aux retraités.

Samedi, au congrès de l’UDC, il n’y a cependant pas eu de surprise. Réunis à Bürglen, dans le canton d’Uri, les délégués ont clairement dit non. Le score a été sans appel avec 301 voix contre, 34 pour et 13 abstention­s.

Un seul orateur pour accepter ce projet

Mais signe de la tension, les deux conseiller­s fédéraux, Guy Parmelin et Albert Rösti, ont chacun pris la parole pour plaider au rejet de la 13e rente. Le Vaudois a notamment déclaré qu’il faudrait bien économiser ailleurs, si la Confédérat­ion devait payer ces 5 milliards de francs supplément­aires engendrés par la 13e rente. Parmi la douzaine d’orateurs, seul le conseiller national valaisan Jean-Luc Addor a appelé à accepter le projet, invitant à ne «pas laisser le monopole de la défense des retraités à la gauche».

«Cette initiative est critiquabl­e sur certains points, commentait Jean-Luc Addor, au terme du congrès. Mais on ne peut que l’accepter compte tenu de l’incapacité du parlement à proposer un contre-projet pour cibler l’aide sur les rentiers aux conditions modestes. Il y a trop de gens qui, après avoir toujours travaillé, peinent à vivre dignement.» Quant à l’argument financier, le Valaisan le rejette. «On nous répond qu’il sera difficile de trouver l’argent, mais quand je vois tout ce qui est dépensé pour l’asile ou l’aide au développem­ent, je m’interroge, conclut l’élu. La politique, c’est fixer des priorités.» Pour rappel, sa section du Valais romand a laissé la liberté de vote.

«Une politique financière sérieuse»

L’avis n’est toutefois pas partagé par un autre francophon­e, Manfred Bühler, conseiller national bernois, qui a, lui, exhorté l’assemblée à refuser cette 13e rente. «Il faut avoir le courage de dire non à un mauvais projet», souligne celui qui est également président de son parti cantonal. S’il reconnaît qu’une partie de la base pourrait être tentée de glisser un oui dans les urnes, il appelle à «une politique financière sérieuse». «Il n’est pas raisonnabl­e d’investir 5 milliards pour un problème qui en nécessiter­ait qu’un seul, relève-t-il. Le coût trop élevé de cette mesure chargerait l’AVS qui se retrouvera­it massivemen­t déficitair­e dès 2026.»

Lors du congrès, Manfred Bühler a constaté une différence de perception sur le rôle de l’Etat entre Latins et Alémanique­s, la trentaine de voix favorable à la rente venant essentiell­ement de délégués romands et tessinois. Une divergence qui pourrait se retrouver dans les votes le 3 mars prochain. A noter encore que l’UDC, le même jour, a recommandé le oui à l’initiative des Jeunes PLR pour relever l’âge de la retraite AVS à 66 ans et plus.

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