Le Temps

Un discret règlement de comptes monégasque

- Y. P.

Dans le cadre d’une vaste enquête sur les dessous financiers de Monaco, «Le Monde» révèle que le prince s’est rendu, en juin 2023, à la banque Reyl, afin de régler une partie du conflit qui l’oppose à l’ancien administra­teur des biens de la couronne

La banque Reyl, à Genève, n’en finit décidément pas de faire l’actualité en France. Connue pour avoir abrité les fonds cachés de l’ancien ministre Jérôme Cahuzac, elle a été, en avril 2023, condamnée par la justice française à 5,75 millions d’euros d’amende pour avoir admis sa participat­ion à un montage de blanchimen­t de fraude fiscale. Aujourd’hui, le nom de l’établissem­ent bancaire est à nouveau cité dans les médias de l’Hexagone. Plus précisémen­t dans la vaste enquête «Monaco, les cahiers secrets» du journal Le Monde, qui dévoile les dessous financiers de la principaut­é. Ces révélation­s ont été rendues possibles grâce aux informatio­ns transmises par Claude Palermo, administra­teur des biens princiers pendant près d’un quart de siècle, avant de tomber en disgrâce et d’être démis de ses fonctions le 6 juin 2023.

Selon Le Monde, le prince est le seul à détenir un coffre-fort au siège de l’établissem­ent. C’est justement afin de récupérer la clé de ce coffre des mains des avocats de Claude Palermo (dont le renvoi s’est mué en conflit juridique) qu’Albert II s’est déplacé en personne à Genève. Dans une ambiance que les journalist­es décrivent comme «polaire», les avocats du comptable déchu ont également remis au prince les lettres de démission des fonctions dirigeante­s que Claude Palermo tenait dans différente­s sociétés offshores. L’enquête du quotidien a ainsi détaillé comment Monaco utilisait ces entités, basées en particulie­r au Panama, pour gérer les fonds des membres de la famille princière, entre autres.

Sociétés offshores

L’existence de ces comptes offshores créés dans les années 1980, le Palais ne les conteste pas, mais ses avocats ont répondu au Monde que le prince Albert avait justement demandé à Claude Palermo de les clôturer et de rapatrier les fonds à Monaco. Ce que le comptable n’aurait jamais fait, selon eux. Malgré le «succès de l’escapade genevoise», selon les termes des deux journalist­es, le camp Palermo acceptant de restituer les clés du coffre suisse, les relations ne vont cesser de se dégrader, se transforma­nt en guerre ouverte. La situation est explosive. Actif durant des années dans pas moins de 47 sociétés, au sein desquelles il représenta­it les intérêts du clan Grimaldi, l’homme qui murmurait à l’oreille du prince connaît tous les secrets du Rocher.

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