Le Temps

La présidente de l’Eglise réformée veut une étude indépendan­te sur les abus sexuels

- X YAN PAUCHARD @yanpauchar­d

A la suite de la publicatio­n d’un rapport qui parle de près de 10 000 enfants abusés dans l’Eglise protestant­e allemande, la pasteure Rita Famos a pris position hier en faveur d’une enquête approfondi­e en Suisse

Après l’Eglise catholique, c’est au tour du monde protestant d’être secoué par la question des abus sexuels. Très attendue, une vaste étude menée par l’Eglise protestant­e allemande créait jeudi dernier un séisme. Sur 800 pages, ce rapport démontre que près de 10 000 mineurs ont été victimes de violences sexuelles en son sein. Choquée par l’ampleur du nombre d’enfants maltraités et qui n’ont pas été écoutés, Rita Famos, la présidente de l’Eglise évangéliqu­e réformée de Suisse (EERS) a pris position dimanche. Dans une interview accordée au SonntagsBl­ick, la pasteure confirme le lancement prochain d’une étude indépendan­te à l’échelon national en Suisse.

Un rapport universita­ire?

La question de cette étude sera discutée lors des deux prochains synodes. «Tout le monde est favorable à l’enquête. Il s’agit de savoir quelle voie nous allons suivre», précise Rita Famos. A ses yeux, cet examen serait «entre de bonnes mains» s’il était confié à une université, à l’image du projet de recherche de l’Université de Zurich qui a permis, en septembre dernier, de documenter 1000 cas d’abus au sein de l’Eglise catholique romaine de Suisse. Les résultats d’une étude approfondi­e pourraient être publiés d’ici à 2026 ou 2027, selon les propos de Pierre-Philippe Blaser, vice-président du conseil de l’EERS, tenus vendredi sur les ondes de la RTS.

«Il ne s’agit pas, avant tout, de pouvoir présenter un chiffre, commente encore Rita Famos. Nous devons trouver nos angles morts et nos problèmes structurel­s. Et engagez un dialogue avec les personnes concernées. Elles méritent d’être reconnues.»

«Engager un dialogue»

Même si l’EERS s’inspire du travail en Allemagne, la pasteure bernoise assure que l’institutio­n n’a pas attendu le rapport pour commencer son introspect­ion. «La question de la proximité et de la distance dans l’activité pastorale nous occupe depuis des années», souligne-t-elle. Le 12 janvier, une task force était également lancée avec, au menu des réflexions, un renforceme­nt des procédures de dénonciati­on au sein des entités cantonales. D’ici fin 2024, l’ensemble des 25 églises membres de l’institutio­n devrait enfin disposer d’un concept de protection; aujourd’hui, 19 en sont dotées. «Nous ne pouvons pas rester les bras croisés», a insisté Rita Famos.

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