Haine en ligne: le jeu très dangereux d’Elon Musk
Il faut que l’on reparle d’Elon Musk. Non pas pour évoquer l’un de ses innombrables coups de sang sur X, mais pour parler de quelque chose de bien plus grave: son immixtion dans le débat politique en Europe. Et en Irlande, plus précisément. Prochainement, le parlement irlandais doit débattre d’un projet de loi visant à lutter contre les discours de haine, notamment sur les réseaux sociaux. Et Elon Musk tente actuellement de peser de tout son poids – immense – pour combattre cette loi.
Mercredi, il a annoncé qu’il financerait tous les recours contre cette loi. Et fin 2023, il avait affirmé, sur X, que «le premier ministre irlandais déteste les Irlandais». La raison de son courroux? Leo Varadkar venait d’apporter son soutien à des lois permettant de poursuivre les détenteurs de comptes aux contenus racistes. Elon Musk est même allé jusqu’à accorder une interview de vingtcinq minutes au média conservateur irlandais Gript, où il a dit tout le mal qu’il pensait de ce texte. «Vous devez être en mesure de dire ce que vous pensez dans le cadre de la loi: sans cela, il n’y a pas de véritable démocratie», a affirmé l’entrepreneur.
Evidemment, Elon Musk a le droit de s’intéresser à ce qui se passe en Irlande, où se trouve d’ailleurs le siège pour l’Europe de X. Mais son opposition absolue à toute régulation sur ce qui est mis en ligne et son obsession de la liberté de parole sont troublantes. Car que veut faire l’Irlande? Criminaliser «l’incitation à la violence ou à la haine contre une personne ou un groupe de personnes sur la base de certaines caractéristiques», mais aussi permettre la poursuite de personne publiant du contenu «susceptible d’inciter à la violence ou à la haine».
En soi, ces principes semblent sains – même s’il faudra examiner leur mise en pratique pour éviter tout glissement vers une sorte de «dictature de la bien-pensance». A priori, on en sera très, très loin. Elon Musk a réduit presque à néant la modération sur X. Et ses community notes censées aider à détecter des contenus problématiques fonctionnent mal. L’homme d’affaires a déjà causé des dégâts importants en ligne avec un laisser-faire quasi-total. Il ne faudra pas que sa stratégie du chaos contamine le débat sur la régulation.
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