Les «zèbres» pour sécuriser notre alimentation
Soutenir les jeunes entreprises basant leur approche sur des modèles innovants, collaboratifs et durables permettra d’accélérer la nécessaire transition de nos systèmes de production alimentaire
Garantir que nos systèmes alimentaires puissent nourrir la population mondiale tout en luttant activement contre le changement climatique et la perte de biodiversité est un défi que nous devons relever maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. Le système de production alimentaire mondial, basé sur des modes de culture intensifs, a atteint un point de rupture: nous devons produire plus et mieux, dans un contexte climatique et d’appauvrissement des sols inédit, tout en décarbonant les processus de production.
Soutenir ces pépites de demain, qui visent une disruption raisonnée et effective des systèmes alimentaires, constitue un puissant accélérateur permettant d’atteindre ces objectifs de court terme. Tout le monde connaît les «licornes» dont la culture est basée largement sur un accès à du capital attractif et à une croissance ciblant le profit avant tout. A l’inverse, les «zèbres» sont des entreprises innovantes et collaboratives donnant la priorité non seulement à la rentabilité, mais aussi à des solutions durables et régénératrices, ainsi qu’une application effective de leurs solutions «sur le terrain».
Cacao et autres cultures sous serre
Ce type d’entreprises offrent un parti pris à long terme beaucoup plus convaincant pour les investisseurs institutionnels et pour les caisses de pension qui souhaitent investir dans cette thématique vitale. De surcroît, elles remplissent généralement les critères d’additionnalité et d’intentionnalité exigés pour les stratégies dites «d’impact», notamment celles se revendiquant de l’«article 9 SFDR» [le plus exigeant dans la réglementation européenne, ndlr]. L’environnement économique actuel, marqué par le renchérissement du capital et un retour à des valorisations raisonnables, nous conforte dans notre appréciation du fait qu’il existe aujourd’hui un momentum particulièrement favorable pour ce type d’engagement.
Le cas de la culture du chocolat est un très bon exemple avec l’entreprise suisse Koa. Basé à Zurich, ce spin-off de l’EPFZ valorise la pulpe de cacao ( jusqu’ici simplement
Les «zèbres» sont des entreprises innovantes et collaboratives donnant la priorité autant à la rentabilité qu’à la durabilité
jetée, contribuant ainsi à l’augmentation des déchets et à la pollution des sols) et conçoit une alternative au sucre. Koa déploie une technologie mobile unique permettant d’extraire la pulpe des fèves de cacao directement dans les sites de production et par le biais d’énergie verte. Ce processus technologique de pointe n’altère pas les forêts tropicales et recycle sous de multiples aspects les fèves de cacao pour produire de nouveaux ingrédients novateurs utilisés notamment par des sociétés suisses comme Valrhona ou Lindt et Sprüngli. Koa offre aux fermiers ghanéens un revenu supplémentaire grâce à cette activité, et garantit de bonnes pratiques de gouvernance.
CleanGreens est un autre «zèbre» suisse, issu de l’Agropôle de Molondin, proche d’Yverdon. Cette entreprise innovante a mis en place un système aéroponique automatisé et rentable pour la culture en serre. Il permet d’utiliser 96% d’eau en moins pour la culture des salades en comparaison avec l’agriculture traditionnelle, tout en garantissant une production sans chimie et de grande qualité nutritive.
Investir dans ces entreprises non cotées, qui connaissent des taux de croissance supérieurs à leurs homologues sur les marchés boursiers, en accompagnant activement des entrepreneurs engagés, contribuera à accélérer la transition urgente de nos systèmes alimentaires.
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