Le Temps

Lara Gut-Behrami à la poursuite de Mikaela Shiffrin

Illusoire vendredi matin, la quête du grand globe de cristal est redevenue possible pour la Tessinoise, vainqueur hier à Cortina alors que l’Américaine, blessée, est absente quelque temps

- L. FE

Cette saison 2023-2024 de ski alpin ressemble à un jeu de massacre. Chez les hommes, Marco Odermatt, qui n’avait pas besoin de ça pour survoler les débats, a vu trois de ses principaux adversaire­s sortir de la course sur blessures: l’Autrichien Marco Schwarz, le Français Alexis Pinturault et le Norvégien Aleksander Aamodt Kilde. La situation est un peu inversée chez les femmes, où celle qui dominait, l’Américaine Mikaela Shiffrin, se retrouve sur le flanc, ce qui pourrait profiter là aussi au camp suisse, Lara Gut-Behrami en l’occurrence.

Shiffrin s’est blessée assez sérieuseme­nt au genou vendredi lors de la première descente de Cortina d’Ampezzo (comme Corinne Suter et Michelle Gisin vendredi, Joana Hählen samedi). Si Suter et Hählen ont terminé leur saison (ruptures du ligament croisé antérieur du genou), celle de l’Américaine s’écrit en pointillé. Forfait pour les deux autres courses du week-end à

Cortina, elle manquera aussi le slalom géant de Kronplatz (Plan de Corones), ce mardi. La suite est moins sûre… Reviendra-t-elle dès les épreuves de vitesse du week-end prochain à Garmisch-Partenkirc­hen (descente samedi, super G hier)? Attendra-t-elle plus prudemment les épreuves techniques de Soldeu (Andorre) les 10 et 11 février?

En l’absence de Mikaela Shiffrin, et de la Slovaque Petra Vlhova, «tombée» une semaine plus tôt, Lara Gut-Behrami a mis à profit ces trois courses italiennes pour effectuer plusieurs belles opérations dans les différents classement­s de la Coupe du monde. Deuxième de la première descente vendredi (derrière l’Autrichien­ne Stephanie Venier), cinquième samedi à nouveau sur la piste Olympia delle Tofane, la Tessinoise a remporté hier le super G, avec 21 centièmes d’avance sur l’Autrichien­ne Stephanie Venier et 41 centièmes sur la Française Romane Miradoli, au terme d’une épreuve à nouveau marquée par des chutes (13 abandons au total) et plusieurs interrupti­ons de course.

«Arriver en bas»

Pour Lara Gut-Behrami, il s’agit du quatrième succès de la saison, le 21e de sa carrière en super G et son 41e toutes épreuves confondues. La Tessinoise s’impose également pour la sixième fois à Cortina, sur une piste où elle fut double championne du monde en 2021. Aux classement­s, ces trois jours dans les Dolomites lui permettent de reprendre la tête de la Coupe du monde de super G (320 points) avec dix points d’avance sur l’Autrichien­ne Cornelia Hütter, qui n’a pas terminé la course, et de revenir à 195 points de Mikaela Shiffrin (1014 points contre 1209) dans la course au gros globe de cristal.

Lara Gut-Behrami a en outre pris ses distances avec l’Italienne Federica Brignone, troisième du classement général et du classement du super G, qui n’a pas brillé autant qu’elle l’espérait à domicile. Ses 100 points offrent enfin à l’équipe de Suisse féminine un peu de marge sur l’Autriche dans le classement des nations.

La question après la blessure de Mikaela Shiffrin était de savoir si Lara Gut-Behrami allait se mettre à jouer le classement général, et si oui, si cela allait influencer sa manière de skier. Jusqu’à jeudi, «LGB» skiait pour elle, sans pression particuliè­re et ce relâchemen­t semblait pour beaucoup dans son excellente saison. Hier après-midi, elle jurait ne pas avoir changé d’approche. «Il y a beaucoup de courses, beaucoup de chutes, beaucoup de blessures. Dans l’équipe de Suisse, nous avons perdu presque le tiers de l’équipe en deux jours. Alors j’ai juste essayé de skier en contrôle, en allant vite mais sans me mettre en danger.»

Sur l’explicatio­n de ce nombre inhabituel de blessures, Lara Gut-Behrami pointe un mélange entre un calendrier surchargé, des conditions très changeante­s et un matériel plus agressif. Trois facteurs qui polluent les têtes des skieuses et préparent le terrain à la blessure. «Il faut essayer de récupérer, de rester fraîche et de ne pas se blesser. L’essentiel est d’arriver en bas.» En 2016, c’est en «arrivant en bas», au contraire de Mikaela Shiffrin et Lindsey Vonn, qu’elle avait fini par remporter le classement général de la Coupe du monde.

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