Le Hamas étudie un nouveau cessez-le-feu
Libération de 35 otages contre 45 jours de trêve. C’est la proposition rédigée le week-end dernier par des responsables israéliens, qataris, égyptiens et américains que le mouvement islamiste est en train de soupeser
La libération d’environ 35 otages contre une pause de quarante-cinq jours dans les combats. Voici les grandes lignes de l’accord que le chef du Hamas Ismaïl Haniyeh a annoncé hier étudier depuis le Qatar où il réside. Israël a pour but de faire revenir au pays en premier lieu les femmes, les personnes âgées, et les blessés et malades parmi les 132 personnes encore retenues à Gaza, dont 28 présumés morts. En échange, l’Etat hébreu s’engagerait à relâcher plusieurs centaines, voire des milliers, de Palestiniens détenus en Israël. L’offre inclut la libération initiale de 35 à 40 kidnappés, suivie par celle de 100 à 250 prisonniers palestiniens pour chaque otage libéré. Les détails d’une deuxième phase devront être discutés au cours des trente premiers jours de trêve. Ismaïl Haniyeh a annoncé qu’il se rendrait au Caire dans les prochains jours pour discuter de ce plan.
«Progrès notables»
Voilà qui va dans le sens du premier ministre qatari Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani, qui a jugé hier que le texte proposé à Paris, après une réunion le week-end dernier, reflétait des «progrès notables». La discussion s’était tenue à huis clos avec le chef du Mossad, David Barnea, celui du Shin Bet, Ronen Bar, le négociateur des otages, le général de division Nitzan Alon et le chef des services de renseignement égyptiens, Abbas Kamel. Lors d’une interview à l’occasion d’un événement organisé par le groupe de réflexion The Atlantic Council, le premier ministre qatari précisait que l’accord se basait sur une proposition des Israéliens à laquelle s’ajoutait la contre-proposition du Hamas.
Le revirement du parti islamiste surprend néanmoins. Lundi encore, Taher al-Nounou, un autre haut responsable du mouvement islamiste, faisait savoir qu’aucun accord ne serait validé sans un «cessez-le-feu complet et total» dans la bande de Gaza. «Visiblement, Taher al-Nounou n’avait pas connaissance des détails de l’accord. Il s’est exprimé très rapidement», estime Hamed Qossay, politologue palestinien spécialiste du Hamas. Selon lui, le mouvement est désormais prêt à se montrer plus souple sur certains termes. «Le Hamas pourrait accepter un accord en plusieurs phases – et non en une seule – à l’issue desquelles Israël cesserait définitivement la guerre à Gaza. Il pourrait également se montrer flexible sur le nombre de prisonniers palestiniens qui seront libérés», affirme-t-il. Lundi soir, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken, qui se rendra en Israël samedi et dimanche, saluait «un travail très important et productif», ajoutant qu’il y a «un réel espoir pour l’avenir».
En Israël, le bureau du premier ministre Benyamin Netanyahou a quant à lui qualifié les négociations de «constructives», mais a souligné «des lacunes importantes dont les parties continueront à discuter». La partie est loin d’être gagnée, relève Hamed Qossay. «Israël ne veut pas apparaître comme le perdant de cette guerre qui n’aura pas permis de libérer des otages par la force. Et le Hamas ne transigera pas sur ses demandes principales: un cessez-le-feu définitif, le retrait total des troupes israéliennes de la bande de Gaza, et l’assurance que ses chefs seront épargnés.» Des demandes que Benyamin Netanyahou rejette catégoriquement alors que les familles d’otages réclament un accord pour faire libérer leurs proches, quoi qu’il en coûte.
Combats très intenses
Le bureau de Benyamin Netanyahou a qualifié les négociations de «constructives»
Ces avancées surviennent alors que, à Gaza, les combats sont toujours très intenses. Au cours de la nuit, des témoins ont fait état de frappes israéliennes dans plusieurs secteurs du sud et du centre de la bande de Gaza, et le Croissant-Rouge palestinien de tirs d’artillerie autour de l’hôpital Al-Amal de Khan Younès. Le Ministère de la santé du Hamas a dénombré de lundi soir à mardi matin au moins 128 morts, dont des «dizaines» à Khan Younès, où la situation demeure critique dans les principaux hôpitaux locaux. Hier aussi, le chef de l’ONU Antonio Guterres réunissait à New York les principaux donateurs de l’UNRWA. Objectif: tenter de maintenir le financement de l’agence après les révélations concernant l’implication de certains de ses employés dans le massacre du 7 octobre. ■