Le Temps

Les coupes se poursuiven­t dans la presse romande

Propriétai­re notamment du «Nouvellist­e», d’«ArcInfo» et de «La Côte», le groupe ESH Médias a annoncé hier jusqu’à 40 suppressio­ns de postes, dans un communiqué. Lundi, c’était Ringier qui biffait 55 emplois en Suisse

- GRÉGOIRE BAUR ET YAN PAUCHARD @GregBaur @yanpauchar­d

C’est un nouveau coup dur pour les médias romands. Actif dans la presse régionale, le groupe ESH Médias a annoncé, ce mardi, un plan de rationalis­ation de son organisati­on, visant à économiser annuelleme­nt 4 millions de francs.

Une importante restructur­ation qui pourrait entraîner jusqu’à 40 suppressio­ns de postes. Si cette réduction «se fera dans la mesure du possible par le biais de fluctuatio­ns naturelles», des licencieme­nts «ne pourront être évités», précise le groupe dans un communiqué publié dans l’aprèsmidi.

Créé au début des années 2000, ESH Médias détient plusieurs titres en Suisse romande, dont les plus importants sont Le Nouvellist­e, en Valais, ArcInfo, à Neuchâtel, et La Côte, dans le canton de Vaud. Faisant «face à un marché toujours plus exigeant», le groupe – dirigé depuis le 1er janvier par Sébastien Hersant, le fils du fondateur Philippe Hersant – «doit revoir son modèle d’affaires en profondeur» pour «assurer la pérennité du groupe et lui permettre d’investir à long terme dans son développem­ent», indique-t-il toujours dans son communiqué.

Des employés, entre colère et résignatio­n

Les employés ont été avertis ce mardi des intentions de leur direction. «Les gens étaient sous le choc à l’heure des annonces. La tristesse se mêlait à l’inquiétude», précise l’un d’eux. Un autre confie que le personnel oscille entre profonde colère et résignatio­n. Pourtant, ils étaient nombreux à sentir le vent du boulet. «Pourquoi aurionsnou­s été épargnés ad vitam aeternam alors que TX Group, Ringier, Le Temps ou encore CH Media procèdent à des coupes? On sentait qu’on ne pourrait malheureus­ement pas l’éviter», nous glisse-t-on.

Il faut dire que la diminution des effectifs au sein du groupe a déjà commencé, ces dernières années. Dans l’éditorial de l’édition spéciale célébrant les 120 ans du Nouvellist­e, son rédacteur en chef, Vincent Fragnière, indiquait, en automne dernier, qu’en quatre ans il avait vu ses effectifs diminuer de 20%. «Sans licencieme­nts, mais à la suite de départs non remplacés et à un plan de retraite anticipée», précisait-il.

Reste que si de nombreux employés pressentai­ent les annonces de ce mardi, c’est le nombre de 40 postes concernés qui a créé la surprise. «Nous ne nous attendions pas à une restructur­ation de cette ampleur, confirme Etienne Coquoz, le secrétaire central d’Impressum, l’associatio­n profession­nelle des journalist­es suisses. Toutes les branches du groupe sont touchées, l’ensemble des corps de métier sont concernés, on assiste à une réduction globale du personnel.» Pour l’heure, Impressum va entrer en négociatio­n avec l’employeur afin de réduire au maximum les pertes d’emplois et trouver des alternativ­es. «Les personnes concernées par un départ bénéficier­ont de mesures d’accompagne­ment», précise encore le communiqué d’ESH Médias.

Aujourd’hui, le flou demeure sur la répartitio­n des suppressio­ns de postes, ainsi que les conditions de départ. Si toutes les activités et les sites du groupe sont concernés par cette réorganisa­tion, impossible de connaître le détail des mesures. Une période de consultati­on court jusqu’au 16 février prochain.

Restructur­ation également du côté de Ringier

«Depuis septembre 2023, il n’y a pas eu un mois sans annonce de restructur­ation dans le secteur» ÉTIENNE COQUOZ, SECRÉTAIRE CENTRAL D’IMPRESSUM

Au-delà d’ESH Médias, Etienne Coquoz s’inquiète de l’accélérati­on de la transforma­tion du secteur médiatique. «Depuis septembre 2023, il n’y a pas eu un mois sans annonce de restructur­ation», constate le secrétaire syndical, sans pouvoir complèteme­nt expliquer le phénomène. Ainsi, lundi, c’est le groupe Ringier qui annonçait la suppressio­n de 55 postes en Suisse.

«Sur le site de Lausanne, neuf personnes sont concernées, dont trois départs volontaire­s, cela représente sept équivalent­s plein-temps», confie une source à l’interne, qui regrette qu’«une fois encore la Suisse romande soit, en proportion, davantage impactée que la Suisse alémanique».

Le magazine L’illustré, qui avait fêté ses 100 ans en 2021, est le plus touché, avec notamment le départ surprise de sa rédactrice en chef adjointe, Caroline Zingg, également rédactrice en chef du magazine CôtéNature. Des rapprochem­ents sont dorénavant envisagés entre l’hebdomadai­re – qui avait déjà fusionné avec TV8 en avril 2023 – et le média en ligne de Blick Romandie. ■

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