Les coupes se poursuivent dans la presse romande
Propriétaire notamment du «Nouvelliste», d’«ArcInfo» et de «La Côte», le groupe ESH Médias a annoncé hier jusqu’à 40 suppressions de postes, dans un communiqué. Lundi, c’était Ringier qui biffait 55 emplois en Suisse
C’est un nouveau coup dur pour les médias romands. Actif dans la presse régionale, le groupe ESH Médias a annoncé, ce mardi, un plan de rationalisation de son organisation, visant à économiser annuellement 4 millions de francs.
Une importante restructuration qui pourrait entraîner jusqu’à 40 suppressions de postes. Si cette réduction «se fera dans la mesure du possible par le biais de fluctuations naturelles», des licenciements «ne pourront être évités», précise le groupe dans un communiqué publié dans l’aprèsmidi.
Créé au début des années 2000, ESH Médias détient plusieurs titres en Suisse romande, dont les plus importants sont Le Nouvelliste, en Valais, ArcInfo, à Neuchâtel, et La Côte, dans le canton de Vaud. Faisant «face à un marché toujours plus exigeant», le groupe – dirigé depuis le 1er janvier par Sébastien Hersant, le fils du fondateur Philippe Hersant – «doit revoir son modèle d’affaires en profondeur» pour «assurer la pérennité du groupe et lui permettre d’investir à long terme dans son développement», indique-t-il toujours dans son communiqué.
Des employés, entre colère et résignation
Les employés ont été avertis ce mardi des intentions de leur direction. «Les gens étaient sous le choc à l’heure des annonces. La tristesse se mêlait à l’inquiétude», précise l’un d’eux. Un autre confie que le personnel oscille entre profonde colère et résignation. Pourtant, ils étaient nombreux à sentir le vent du boulet. «Pourquoi aurionsnous été épargnés ad vitam aeternam alors que TX Group, Ringier, Le Temps ou encore CH Media procèdent à des coupes? On sentait qu’on ne pourrait malheureusement pas l’éviter», nous glisse-t-on.
Il faut dire que la diminution des effectifs au sein du groupe a déjà commencé, ces dernières années. Dans l’éditorial de l’édition spéciale célébrant les 120 ans du Nouvelliste, son rédacteur en chef, Vincent Fragnière, indiquait, en automne dernier, qu’en quatre ans il avait vu ses effectifs diminuer de 20%. «Sans licenciements, mais à la suite de départs non remplacés et à un plan de retraite anticipée», précisait-il.
Reste que si de nombreux employés pressentaient les annonces de ce mardi, c’est le nombre de 40 postes concernés qui a créé la surprise. «Nous ne nous attendions pas à une restructuration de cette ampleur, confirme Etienne Coquoz, le secrétaire central d’Impressum, l’association professionnelle des journalistes suisses. Toutes les branches du groupe sont touchées, l’ensemble des corps de métier sont concernés, on assiste à une réduction globale du personnel.» Pour l’heure, Impressum va entrer en négociation avec l’employeur afin de réduire au maximum les pertes d’emplois et trouver des alternatives. «Les personnes concernées par un départ bénéficieront de mesures d’accompagnement», précise encore le communiqué d’ESH Médias.
Aujourd’hui, le flou demeure sur la répartition des suppressions de postes, ainsi que les conditions de départ. Si toutes les activités et les sites du groupe sont concernés par cette réorganisation, impossible de connaître le détail des mesures. Une période de consultation court jusqu’au 16 février prochain.
Restructuration également du côté de Ringier
«Depuis septembre 2023, il n’y a pas eu un mois sans annonce de restructuration dans le secteur» ÉTIENNE COQUOZ, SECRÉTAIRE CENTRAL D’IMPRESSUM
Au-delà d’ESH Médias, Etienne Coquoz s’inquiète de l’accélération de la transformation du secteur médiatique. «Depuis septembre 2023, il n’y a pas eu un mois sans annonce de restructuration», constate le secrétaire syndical, sans pouvoir complètement expliquer le phénomène. Ainsi, lundi, c’est le groupe Ringier qui annonçait la suppression de 55 postes en Suisse.
«Sur le site de Lausanne, neuf personnes sont concernées, dont trois départs volontaires, cela représente sept équivalents plein-temps», confie une source à l’interne, qui regrette qu’«une fois encore la Suisse romande soit, en proportion, davantage impactée que la Suisse alémanique».
Le magazine L’illustré, qui avait fêté ses 100 ans en 2021, est le plus touché, avec notamment le départ surprise de sa rédactrice en chef adjointe, Caroline Zingg, également rédactrice en chef du magazine CôtéNature. Des rapprochements sont dorénavant envisagés entre l’hebdomadaire – qui avait déjà fusionné avec TV8 en avril 2023 – et le média en ligne de Blick Romandie. ■