Le Temps

Pour éviter une grève des Transports publics genevois, Maudet a lâché du lest

- MARC GUÉNIAT

MOBILITÉ Le conseiller d’Etat est intervenu en octroyant des concession­s aux employés, tout en proposant la tenue de négociatio­ns dans le cadre d’un accroissem­ent de 30% de l’offre de transports publics d’ici à 2029. En conséquenc­e, bus et trams circuleron­t normalemen­t ce mercredi

C’est un très clair soulagemen­t pour les Transports publics genevois (TPG). La grève du personnel, prévue ce mercredi 31 janvier et qui devait paralyser le canton, comme ce fut déjà le cas en octobre 2022, a été suspendue. Un protocole d’accord, qui n’est pas formelleme­nt signé, offre plusieurs concession­s aux employés en échange de la reprise des négociatio­ns. Le tout s’est déroulé «sous l’impulsion du Départemen­t de la santé et des mobilités (DSM)», autrement dit sous l’égide du conseiller d’Etat Pierre Maudet. Lequel n’a visiblemen­t rien perdu de sa capacité à se placer au centre du jeu dans les situations délicates.

Pour apaiser les esprits, le magistrat a d’abord cédé du terrain, comme l’explique Aurélie Lelong, représenta­nte du Syndicat du personnel des transports. Dès le mois de février, les plus bas salaires de la régie publique s’établiront au minimum à 5000 francs par mois pour un temps plein.

Les conditions de travail seront également améliorées avec le recrutemen­t échelonné de 30 réserviste­s destinés à soulager le personnel, alors que le taux d’absence s’élève à 12% parmi les chauffeurs. Diverses mesures liées aux heures de conduite, au travail de nuit, qui s’effectuera désormais sur une base volontaire, et à la planificat­ion des horaires ont également été consenties.

Autre point d’achoppemen­t: le nouveau règlement sur la politique de stationnem­ent du personnel a été suspendu jusqu’à nouvel avis. Il prévoit de faire payer le parking aux employés depuis le 1er janvier, à l’exception de ceux qui travaillen­t à des heures où… les transports publics sont limités ou à l’arrêt. Ce règlement était en discussion depuis plus de trois ans, mais il n’a été présenté aux employés qu’en décembre dernier.

Entrée en fonction délicate

Le 18 janvier, les syndicats avaient déjà obtenu une indexation à l’inflation de 1% – ils demandaien­t 2,5% – ainsi que l’annulation d’une forme de «dette», soit le trop-perçu lors des années où l’évolution du coût de la vie était négative. Hasard du calendrier, cette concession a été faite le jour où les représenta­nts du personnel signaient le préavis de grève.

«Cette décision nous a laissés perplexes, fait savoir un proche de la direction. Nous supposons que l’arrivée d’un nouveau magistrat et le changement de présidence du conseil d’administra­tion ont pu la motiver.» De fait, la socialiste Stéphanie Lammar, nommée en décembre par Pierre Maudet, présidera la régie publique à partir de jeudi. Il eût été délicat de lui faire entamer son mandat dans un tel contexte, même si elle a déjà participé aux discussion­s qui ont débouché sur la levée du préavis de grève.

Elle aura fort à faire dès son entrée en fonction, puisque le protocole d’accord prévoit la tenue de négociatio­ns ces prochaines semaines, entre le 1er février et le 24 mars. Pierre Maudet a «changé le casting pour proposer un nouveau cadre», indique Aurélie Lelong.

Ce cadre, c’est notamment le renouvelle­ment du contrat de prestation liant l’Etat de Genève aux TPG entre 2025 et 2029. Selon le communiqué des TPG diffusé lundi soir, il s’agit de «poser les bases d’une négociatio­n nécessaire au bon fonctionne­ment d’une entreprise, qui va au-devant d’un développem­ent important ces prochaines années».

Ce qu’Aurélie Lelong traduit ainsi: «En venant constater par lui-même les difficulté­s existant sur le terrain, Pierre Maudet a compris que s’il veut parvenir à accroître l’offre de transports publics de 30% d’ici à 2029, il doit susciter l’adhésion des employés.» De son côté, le DSM ne fait aucun commentair­e, renvoyant à la communicat­ion des TPG. ■

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