Lara Gut-Behrami est en feu, mais le redoux tempère ses rêves de cristal

La Tessinoise a remporté haut la main hier le slalom géant de Plan de Corones, deux jours après sa victoire à Cortina en super-G. L’annulation des deux courses prévues ce week-end à Garmisch lui offre du repos, mais aussi un répit à sa rivale Mikaela Shiffrin

XHabitué aux courses reportées, interrompues, rabotées, annulées ou déplacées, quand elles ne sont pas tronquées par des conditions atmosphériques changeantes, le ski alpin a comme peu de sports l'art de se saborder. Cela fait partie de son charme. Et du jeu, disent les artistes du Cirque blanc qui se sont habitués à composer avec le jour blanc au moment de se projeter dans la pente comme dans l'avenir.

C'est souvent la faute à pas de chance, et de plus en plus au réchauffement climatique. En trois jours, le manque de

«J’essaie simplement de profiter de mes dernières années sur le circuit»

LARA GUT-BEHRAMI, SKIEUSE ALPINE

neige et le redoux ont abouti à l'annulation des épreuves de vitesse prévues vendredi et samedi, deux descentes à Chamonix pour les messieurs, une descente et un super-G à Garmisch pour les dames. Pour le moment, le slalom de dimanche à Chamonix est maintenu, mais le rêve savoyard d'accueillir la reprise du fantastique duel que se livrent Marco Odermatt et Cyprien Sarrazin en descente, et de relancer ainsi l'intérêt populaire pour le ski alpin en France, a fondu comme neige au soleil de janvier.

C'est un peu différent chez les dames, où le suspense pour le classement général de la Coupe du monde est né non pas de la réunion des deux meilleures skieuses du monde, mais de leurs trajectoires soudainement divergentes. Vendredi 26 janvier, Mikaela Shiffrin, qui paraissait intouchable, s'est blessée en chutant dans la première descente de Cortina. En son absence, estimée à une dizaine de jours, Lara Gut-Behrami avait la possibilité de refaire son retard. La Tessinoise ne s'en est pas privée: 80 points vendredi (deuxième de la première descente), 45 points samedi (cinquième de la deuxième descente), 100 points dimanche (victoire dans le super-G) et 100 hier à Plan de Corones, dans un géant qu'elle a facilement maîtrisé, s'imposant avec 1''09 sur deux ex aequo, la Néo-Zélandaise Alice Robinson et la Suédoise Sara Hector.

La voici revenue à 95 points de Shiffrin, 1114 points contre 1209. Lara GutBehrami aurait pu prendre la tête de la Coupe du monde ce week-end à Garmisch. Les deux courses n'auront pas lieu, et 200 points potentiels s'évaporent. N'ayant pu trouver une station susceptible de remplacer au ski levé la perle des Alpes bavaroises, la Fédération internationale de ski (FIS) a simplement rayé l'étape de son calendrier (comme Chamonix, d'ailleurs).

La Tessinoise aurait pu se sentir frustrée. Au micro de la FIS, encore haletante de sa manche disputée, elle préférait mardi se réjouir d'avoir quelques jours de repos au sortir d'un mois de janvier très éprouvant, avec neuf courses (pour six podiums), six stations et quatre pays en vingt-cinq jours. Les skieuses, avec probablement Mikaela Shiffrin, ont désormais rendez-vous les 10 et 11 février pour un slalom et un géant à Soldeu, en Andorre. Elles seront ensuite à Montana du 16 au 18 février pour deux descentes et un super-G.

La fin de saison théorique (quatre descentes, cinq super-G, trois géants et trois slaloms) n'est pas défavorable à Lara GutBehrami, qui veut continuer de skier avec ce même état d'esprit qui lui réussit si bien depuis le début de saison. «J'essaie simplement de profiter de mes dernières années sur le circuit: si je gagne, c'est bien, si je ne gagne pas, j'essaie au moins de m'amuser», résume l'ex-enfant prodige de Comano, désormais âgée de 32 ans. Quoi qu'il advienne, cette séquence sans Mikaela Shiffrin aura permis de se rappeler les mérites d'une skieuse qui totalise désormais 42 victoires sur le Cirque blanc, autant que la Suédoise Anja Pärson et au sixième rang dans l'histoire du ski alpin féminin. ■