L’UNRWA menace d’arrêter ses opérations dans un mois
Les effets de la suspension des fonds de l’agence onusienne, décidée après des allégations israéliennes, divisent les responsables européens, américains et, en partie, les Israéliens eux-mêmes
Le constat est sur la table. Il a été posé hier par Philippe Lazzarini, le chef de l’UNRWA, l’agence de l’ONU chargée des réfugiés palestiniens: «Si les fonds restent suspendus, nous serons forcés de clore nos opérations à la fin février, pas seulement à Gaza mais aussi dans toute la région.» Une manière de faire monter la pression? Une menace réelle? Seize pays, selon l’UNRWA, ont suspendu leur contribution financière, après que des allégations israéliennes font état de la participation d’employés de l’agence dans l’attaque du Hamas du 7 octobre.
Plus de 13 000 employés
Les accusations israéliennes, qui seraient fondées notamment sur des conversations interceptées, concernent 13 employés. Deux d’entre eux sont morts et un troisième n’a pas été répertorié comme employé par l’agence. A l’UNRWA, on met ce chiffre en rapport avec le nombre d’employés de l’agence, plus de 13 000 dans la bande de Gaza. Les accusations concernent donc 0,1% des employés, constate-t-on. Cela suffit-il à mettre en péril l’ensemble de l’aide d’urgence destinée à plus de 2 millions de personnes dans une frange de Gaza désormais en grande partie détruite?
La question polarise non seulement les Etats, mais aussi la classe politique américaine ou encore une partie, semble-t-il, des autorités israéliennes elles-mêmes. Le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Josep Borrell, appelait à un retour de l’aide: «Nous ne pouvons pas nous engager dans une punition collective contre les Palestiniens», assénait-il hier. L’Union européenne refuse de suspendre ses paiements. Mais l’Allemagne, par exemple, qui est l’un des principaux contributeurs de l’agence, l’a décidé de son côté. La veille, l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield insistait sur le fait que la suspension américaine était temporaire. Elle saluait le travail mené par l’UNRWA, tout en affirmant que l’agence doit procéder à «des changements fondamentaux».
Du côté israélien, le premier ministre Benyamin Netanyahou répète sur les réseaux sociaux qu’il veut voir l’agence démantelée. Par le passé, des responsables militaires israéliens se sont montrés moins catégoriques que les politiques sur la question d’une disparition de l’UNRWA, qui pourrait obliger l’Etat d’Israël à s’impliquer plus directement dans la prise en charge des Gazaouis. Hier, dans le Times of Israel, un «haut responsable» confirmait, de manière anonyme, que la position n’avait pas changé: «L’UNRWA est actuellement la seule organisation internationale pareillement active à Gaza, constatait-il. Israël ne pousse pas à sa fermeture, puisqu’il n’y a pas d’alternative.»
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