Le Temps

«L’initiative sur les rentes met le doigt où ça fait mal»

Un comité interparti­s a présenté ses arguments en faveur d’un relèvement de l’âge de la retraite à 66 ans hier à Berne. Selon lui, il y va de la pérennité de l’AVS

- A. CT

«L’AVS est au bord de la faillite et s’enfonce de plus en plus dans les chiffres rouges. Si nous n’agissons pas maintenant, nos enfants et petits-enfants n’en bénéficier­ont pas. Le départ à la retraite de la génération des baby-boomers va aggraver l’écart entre ceux qui cotisent et ceux qui sont bénéficiai­res.» Le comité interparti­s réuni à Berne pour soutenir le relèvement de l’âge de la retraite pose un diagnostic sévère sur la situation financière du 1er pilier.

Pour le PLR, l’UDC, l’Union suisse des arts et métiers (USAM) et l’Union patronale suisse, l’initiative sur les rentes est le mécanisme qui permettra de «sauver l’AVS» à l’avenir. Pour eux, «les déclaratio­ns des syndicats selon lesquelles l’AVS n’aurait pas de problème de financemen­t sont fausses». Le comité s’appuie sur les prévisions de la Confédérat­ion qui prévoient que le fonds AVS passera de 50 milliards de réserve à un trou de 80 milliards en 2050, avec le système actuel, pour étayer leur affirmatio­n.

Et d’ajouter: «Il faudrait augmenter les impôts ou les cotisation­s salariales pour faire face aux défis démographi­ques. L’initiative sur les rentes met le doigt où cela fait mal et propose un mécanisme adapté», pour éviter ces hausses. L’automatism­e proposé consiste en un relèvement de l’âge de la retraite à 66 ans d’ici à 2033, puis de lier l’âge de départ à la retraite avec l’espérance de vie.

Il n’y a pas d’argent magique

Pour Philippe Nantermod, conseiller national (PLR/VS) et membre du comité de soutien, «l’AVS va mal. Je ne sais pas si c’est de la mauvaise foi ou de l’ignorance de la part de certains de nos opposants d’ignorer ce fait.» Le Valaisan estime également que la «gauche et les syndicats ne prévoient rien d’autre que de vider les caisses. Il n’y a pas d’argent magique. A la fin, quelqu’un devra payer.» Et l’ensemble du comité de dire qu’il n’est pas envisageab­le de «payer les rentes d’aujourd’hui avec les dettes futures de nos enfants».

De son côté, Barbara Zimmermann-Gerster, membre de la direction de l’Union patronale suisse, a souligné que le relèvement de l’âge de la retraite «permet de combler le manque de personnel» dont le pays souffre actuelleme­nt. Et de citer une étude de l’Université de Lucerne qui établit qu’entre 45 000 et 95 000 personnes de plus de 65 ans pourraient être employées d’ici à 2040.

«Combler le manque de personnel»

Quant à Daniela Schneeberg­er, vice-présidente de l’USAM, elle a rappelé que «les personnes entre 60 et 64 ans ne sont pas plus au chômage que les 25 à 34 ans. Le taux est de 2,8% dans les deux catégories.» De quoi balayer l’argument du chômage des seniors.

Enfin, le comité estime que l’initiative sur les rentes ne coûtera pas un franc, ni aux actifs ni aux rentiers. Au contraire, «cette initiative s’attaque à la racine du problème de financemen­t de l’AVS en proposant une solution durable et non de nouvelles taxes, impôts ou charges salariales, souligne encore Philippe Nantermod.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland