Le Temps

Les cantons soutiennen­t la stratégie européenne en cours

La Conférence des gouverneme­nts cantonaux a débattu du projet de mandat de négociatio­n avec l’Union européenne présenté fin 2023. Vingt-quatre des 26 cantons ont approuvé le texte

- DAVID HAEBERLI, BERNE @David_Haeberli

Ce vendredi à Berne, la Conférence des gouverneme­ntaux cantonaux (CdC) s'est réunie pour une assemblée générale extraordin­aire afin d'entendre les positions de chacun sur le projet de mandat de négociatio­n avec l'Union européenne (UE), présenté par le Conseil fédéral le 15 décembre 2023.

Mardi dernier, des parlementa­ires avaient été les premiers à s'exprimer: la Commission de politique extérieure du Conseil national avait annoncé son approbatio­n du texte, tout en formulant des voeux d'améliorati­on notamment sur la protection des salaires en Suisse et les limites qu'il faudrait imposer à des éventuelle­s libéralisa­tions du marché de l'électricit­é et du trafic ferroviair­e. Contestant ce quitus, l'UDC avait pris la parole immédiatem­ent après pour regretter une «capitulati­on honteuse» du Conseil fédéral. Dans son argumentai­re, elle en profitait pour mettre la CdC sous pression: les caciques UDC attendaien­t des cantons qu'ils défendent leurs intérêts souverains mieux que le Conseil fédéral, égratignan­t au passage le caractère peu démocratiq­ue selon eux du processus, les cantons ne s'exprimant pas séparément. Une manière d'imposer à terme un référendum obligatoir­e en cas de vote, et donc une double majorité du peuple et des cantons.

Réponse des ministres: «Le projet du Conseil fédéral et les cantons visent les mêmes objectifs: renforcer durablemen­t la prospérité de la Suisse et asseoir les relations bilatérale­s avec l'UE en leur garantissa­nt un socle solide et pérenne» a dit ce vendredi le président de la CdC, l'Argovien Markus Dieth. Les 26 cantons ont été consultés à deux reprises: en décembre 2023 et lors de cette assemblée générale. Parmi eux, 24 approuvent les lignes directrice­s du Conseil fédéral et soutiennen­t ce dernier dans sa démarche. Le canton de Schwytz s'est exprimé contre, celui de Nidwald s'est abstenu.

«Nous avons été entendus», a lancé Jacques Gerber à l'issue de la réunion. Le ministre jurassien, président de la Commission Europe de la CdC, faisait référence aux conditions posées en mars 2023 par les cantons dans le dossier européen. «Les lignes directrice­s et les zones d'atterrissa­ge présentées par le Conseil fédéral répondent aux questions posées. Depuis la nouvelle approche par paquet, les cantons ont été associés au travail du Conseil fédéral. Cette collaborat­ion a été constructi­ve. Les cantons s'assureront dans la suite du processus que leurs attentes et leurs préoccupat­ions soient entendues.»

«Pas de blanc-seing»

Pour le conseiller d'Etat PLR, «ce soutien n'est pas un blanc-seing» envers le gouverneme­nt fédéral et «les cantons entendent se prononcer à nouveau» lors des futures étapes des négociatio­ns. Les progrès ne tiennent pas tous à la nouvelle approche adoptée par le Conseil fédéral. La question des aides d'Etat avait provoqué «une énorme crainte en 2019 pour les cantons», a rappelé le Jurassien. «Un énorme travail a été mené avec le Secrétaria­t d'Etat à l'économie. Il a permis une meilleure compréhens­ion de ce qu'est une aide. Le rapport qui en est issu a rassuré les cantons. Il existe des points à préciser. Mais c'est tout l'objectif de la négociatio­n.»

Concernant la question du référendum obligatoir­e, Jacques Gerber a souligné que «la majorité des cantons ont dit que nous n'étions pas encore dans la séquence temporelle pour cette décision». En clair, tout comme les parlementa­ires mardi dernier, les ministres veulent attendre le résultat des négociatio­ns entre le Conseil fédéral et l'UE. «Une fois les résultats obtenus, nous ferons une pesée des intérêts», a-t-il conclu. Dans les jours qui viennent, d'autres intervenan­ts sollicités par le Conseil fédéral vont s'exprimer: huit commission­s parlementa­ires, des syndicats patronaux et des employés ainsi que des associatio­ns. La consultati­on prend officielle­ment fin mi-février, sans qu'une date plus précise ait été donnée. Sur la base des remarques formulées, le Conseil fédéral aura le choix de retoquer son texte ou d'adopter le mandat de commencer les négociatio­ns officielle­s. ■

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