Le Temps

L’EPER évacue ses blessés après la mort de deux humanitair­es

Deux employés français de l’ONG suisse ont été tués par une frappe russe au sud-est du pays. Plusieurs de ses collaborat­eurs ont été blessés

- FANNY SCUDERI @FannyScude­ri

X«Notre priorité est d'évacuer les blessés. Après, nous pourrons parler»: au téléphone, Walter Schmid, président de l'EPER (Entraide protestant­e suisse) est pressé. Jeudi après-midi, vers 14h30, une frappe de l'armée russe a fauché deux employés français de l'ONG suisse lors d'une interventi­on humanitair­e dans le sud-est du pays, près de Kherson. Les informatio­ns tombent au compte-goutte: pour des questions de sécurité, l'EPER réserve les détails à plus tard, quand ses collaborat­eurs blessés auront été mis à l'abri. Selon l'AFP, il s'agirait de trois autres Français. L'attaque s'est déroulée à Beryslav, une petite commune située sur la rive nord du fleuve Dniepr, près de la ligne de front, a indiqué le Ministère français des affaires étrangères.

Au siège de l'ONG, à Zurich, c'est le branle-bas de combat. Une task force a été montée. «Cette attaque brutale et injustifia­ble constitue une grave violation du droit internatio­nal humanitair­e», dénonce par communiqué l'ONG.

«Lâche et indigne»

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Le Départemen­t fédéral des affaires étrangères condamne «fermement l'attentat qui a tué et blessé des employés de l'EPER», indique son chef de la communicat­ion, Nicolas Bideau, sur le réseau X. «Toute attaque contre des civils est inacceptab­le et en contradict­ion avec le droit internatio­nal humanitair­e», écrit-il. Côté français, le président Emmanuel Macron a qualifié l'attaque d'«acte lâche et indigne». Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a lui fustigé la «terreur russe» qui ne «connaît pas de frontières».

En Ukraine, l'Entraide protestant­e suisse emploie une cinquantai­ne d'employés dans le sud-est du pays. «Elle participe à la réparation des infrastruc­tures proches du front. Il peut s'agir de chauffage, d'électricit­é ou encore d'établissem­ents sanitaires. Elle ne participe évidemment pas à l'effort de guerre», explique Claude Ruey, qui connaît bien l'ONG: il en a été le président de 2008 à 2017. L'EPER travaille majoritair­ement avec des associatio­ns locales, mais emploie parfois des expatriés, pour des tâches particuliè­rement techniques, précise-t-il. L'ONG effectue également des distributi­ons de biens de première nécessité à Donetsk, Kharkiv et Kherson: du bois de chauffage, des produits d'hygiène, de la nourriture, ou encore du matériel pour réparer les habitation­s détruites et des dons en espèces, précise la porte-parole de l'EPER.

En Ukraine, 40% de la population a besoin de l'aide humanitair­e, selon l'ONU. L'année dernière, 50 travailleu­rs humanitair­es ont été tués ou blessés dans le pays, précise son Bureau de coordinati­on des affaires humanitair­es, qui réagit vendredi à la mort des deux Français. «Depuis le début de l'année, ces attaques répétées semblent s'être intensifié­es», dénonce-t-il. ■

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