La colère gronde au Sénégal
De premiers heurts ont éclaté dimanche à Dakar, où les gendarmes ont dispersé à coups de gaz lacrymogènes des centaines de personnes venues manifester contre le report de la présidentielle
Des hommes et des femmes de tous âges, agitant des drapeaux du Sénégal ou portant le maillot de l’équipe nationale de foot, ont convergé en début d’après-midi, hier, vers un rond-point sur l’un des axes routiers principaux de la capitale, à l’appel de plusieurs candidats à l’élection présidentielle. Ces derniers avaient protesté avec force à la suite de l’annonce par le président Macky Sall, samedi, du report du scrutin prévu le 25 février. Les gendarmes, déployés en grand nombre à Dakar, ont déclenché un tir nourri de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.
Pour motiver sa décision, le chef de l’Etat a invoqué le conflit qui a éclaté entre le Conseil constitutionnel et l’Assemblée nationale après la validation définitive par la juridiction de 20 candidatures et l’élimination de plusieurs dizaines d’autres. Les députés devraient se réunir aujourd’hui pour examiner une proposition de loi pour le report de la présidentielle de six mois. Plusieurs candidats d’opposition ont annoncé vouloir maintenir coûte que coûte le lancement de leur campagne dimanche.
Pressions internationales
A l’initiative de Karim Wade, fils de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade et candidat recalé qui a remis en cause l’intégrité de deux juges constitutionnels et réclamé le report de l’élection, l’Assemblée a approuvé la création d’une commission d’enquête sur les conditions de validation des candidatures. Contre toute attente, des députés du camp présidentiel ont soutenu la démarche, favorisant le soupçon d’un plan du pouvoir pour ajourner la présidentielle et éviter une défaite.
C’est la première fois depuis 1963 qu’une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal. L’Union européenne et la France ont affirmé que cette décision ouvrait une période «d’incertitude», et ont appelé à des élections «dans les meilleurs délais». Les Etats-Unis et l’organisation régionale Cédéao, dont le Sénégal est membre, ont exprimé leur inquiétude, et ont demandé aux autorités de fixer rapidement une nouvelle date.
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