Le Temps

Marco Chiesa pourrait bientôt devenir maire de Lugano

Candidat de l’alliance Lega-UDC, il quittera en mars la présidence nationale du parti agrarien et se présente à l’exécutif de la ville. Mais il se défend de menacer l’actuel occupant du siège, Michele Foletti, «convaincu que celui-ci aura le plus de votes

- ANDRÉE-MARIE DUSSAULT, LOCARNO

Qui sera élu maire de Lugano aux prochaines élections communales d’avril? Après avoir annoncé qu’il quittait la présidence de l’UDC nationale, dont il a été le premier président latin, Marco Chiesa, 49 ans, a déclaré qu’il briguait un siège à l’exécutif de la capitale financière tessinoise, sur la liste de l’alliance Ligue des Tessinois (Lega)-UDC. Du coup, rien n’est gagné d’avance pour le syndic sortant, le léguiste Michele Foletti.

Qu’est-ce qui motive Marco Chiesa, qui vient de réussir sa réélection au Conseil des Etats à Berne? «C’est une question de coeur; je suis né ici, ma famille vient d’ici, mon père jouait pour le FC Lugano. Je ressens un profond attachemen­t à mon pays, mais aussi à ma ville; j’ai envie de faire quelque chose pour mon territoire.» Il assure qu’il n’entend pas faire d’ombre à Michele Foletti, qu’il soutient et qui en est à sa troisième législatur­e.

«Michele bénéficie du support de toute la liste. Je suis convaincu qu’il jouira d’une excellente élection, qu’il aura le plus de votes – tant pour ses compétence­s que par reconnaiss­ance pour ce qu’il a accompli – et qu’il sera reconduit à la tête de Lugano», affirme-t-il, prétendant exclure d’emblée d’obtenir le meilleur score. Voilà pour le discours. Mais dans la réalité, rien n’est moins sûr.

«Si on considère son très bon résultat au Conseil des Etats à la fin de l’an dernier, au-delà de ses déclaratio­ns, Marco Chiesa a de bonnes chances d’être très bien élu et de dépasser le syndic sortant», considère Andrea Pilotti, maître d’enseigneme­nt et de recherche à l’Institut d’études politiques (IEP) de l’Université de Lausanne, ajoutant que «ce sera intéressan­t de voir comment la base de la Lega se mobilisera pour éviter que Michele Foletti ne soit trop distancé.»

Le politologu­e ne dit pas que Chiesa devancerai­t facilement Foletti: «Il a peutêtre 55% de chances de le faire.» Et s’il obtient le plus de votes, acceptera-t-il le poste de maire ou le cédera-t-il réellement à Foletti? Cela dépendra beaucoup de l’écart de votes, selon Andrea Pilotti: «Si Chiesa faisait un score nettement meilleur, cela représente­rait un message politique, et il y aurait certaineme­nt une discussion à l’interne. Il ne renoncerai­t peut-être pas si facilement à son siège.»

En revanche, si seules quelques centaines de voix les séparent – «un scénario plus vraisembla­ble» –, le conseiller aux Etats pourrait céder la mairie sans trop de regret, soutient Andrea Pilotti, soulignant qu’il s’agit clairement de deux candidatur­es fortes. «Chiesa est sur une pente ascendante, où il remporte tous ses paris. Moins médiatisé, Foletti est plus institutio­nnel, il est à la Lega depuis ses débuts, même s’il est perçu comme moins charismati­que par rapport aux leaders historique­s. C’est davantage un travailleu­r de l’ombre, dans le bon sens, une force tranquille, apprécié jusqu’à il y a encore peu de temps pour avoir bien géré les finances de la ville.» Andrea Pilotti rappelle ainsi qu’après vingt-neuf ans de règne du «roi» Giorgio Giudici (PLR), le dicastère des finances avait été confié à Michele Foletti, «qui a fait un bon travail, reconnu au-delà de son mouvement».

La droite renforcée

L’alliance UDC-Lega vit un moment historique, signale encore le politologu­e. Il y a quelques années, l’UDC était le partenaire faible, mais récemment le parti a enchaîné les victoires; au Grand Conseil, puis aux élections fédérales. «Elle reste minoritair­e au Tessin, mais à Berne, la formation compte trois élus contre un député léguiste. Cela aurait été inimaginab­le il y a cinq-six ans.»

A la Lega, le coordinate­ur intérimair­e et membre du gouverneme­nt cantonal Norman Gobbi affirme que la candidatur­e de Chiesa renforce l’ensemble de la droite. «Sa présence consolider­a la liste Lega-UDC à Lugano, et augmente les chances d’y reconfirme­r les trois sièges de la droite.»

Marco Chiesa a déjà annoncé qu’en cas d’élection, il maintiendr­ait son siège à la Chambre des cantons. Les deux mandats, «même s’ils sont exigeants», ne sont pas incompatib­les, estime-t-il. «Au contraire, cela représente­rait un avantage pour la ville. Et quand on a dirigé l’UDC nationale, on ne craint pas la charge de travail, d’autant moins lorsqu’on est très motivé et passionné.»

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