Le Temps

Viola Amherd et le chef de l’armée en désaccord

La ministre de la Défense et Thomas Süssli ne parviennen­t pas à s’entendre sur la situation financière de l’armée, révèle la «NZZ am Sonntag». La première a soutenu le frein à l’augmentati­on du budget, tandis que le second estime que la capacité de défens

- A. SY

Le courant ne semble pas bien passer entre Viola Amherd et «son» chef de l’armée. Alors que l’institutio­n militaire manque de liquidités pour payer ses factures, la NZZ am Sonntag révèle ce dimanche que la conseillèr­e fédérale chargée de la Défense et Thomas Süssli semblent en réel désaccord. Le journal dominical a pu consulter des procès-verbaux confidenti­els des commission­s de politique de sécurité du parlement.

Rappelons les faits. Depuis le début de la guerre en Ukraine, le contexte sécuritair­e s’est détérioré et une majorité politique s’est dessinée pour augmenter le budget de l’armée. Mais la Confédérat­ion doit, elle, économiser. Le Conseil fédéral a alors demandé que l’augmentati­on du budget soit ralentie.

Economies «responsabl­es» ou danger sécuritair­e?

Selon la NZZ am Sonntag, Viola Amherd a, au printemps 2023, soutenu la volonté du Conseil fédéral de ralentir les dépenses devant la Commission de la politique de sécurité du Conseil des Etats: «Tous les domaines du budget fédéral ont dû contribuer à ce que nous soyons de nouveau conformes au frein à l’endettemen­t», avait déclaré la ministre de la Défense.

Rebelote fin août, devant la même commission: la conseillèr­e fédérale estimait que la procédure d’économies était «responsabl­e». Elle indiquait cependant ne pas vouloir contenir encore le budget plus tard.

Une modernisat­ion compromise

De son côté, le chef de l’armée s’inquiète de cette projection financière, en particulie­r dans le contexte sécuritair­e actuel en Europe. Dans une interview accordée aux titres de Tamedia ce week-end et citée par la NZZ am Sonntag, il affirmait que l’armée n’était plus en mesure de se défendre correcteme­nt.

Auparavant, Thomas Süssli avait déjà alerté le parlement des conséquenc­es fâcheuses en cas de frein à l’augmentati­on budgétaire, toujours selon des documents confidenti­els des commission­s. Au printemps, il affirmait que seul un tiers de l’armée pourrait être modernisé. Un document remis aux sénateurs stipulait que l’armée perdrait 10 milliards de francs si la hausse du budget était reportée.

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