Le Temps

Les «deepfakes» débarquent dans la finance

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

On connaissai­t déjà l’arnaque au président, lorsqu’un escroc usurpe l’identité d’un dirigeant de société pour obtenir le versement d’une importante somme d’argent. La technologi­e permet maintenant de créer une variante encore plus redoutable: la fraude aux deepfakes. Mauvaise nouvelle pour les banques, ces contrefaço­ns ultraréali­stes ne visent pas seulement les célébrités, la chanteuse Taylor Swift étant l’exemple le plus récent et probableme­nt le plus viral. L’intelligen­ce artificiel­le (IA) générative pourrait être utilisée pour créer des voix ou des vidéos imitant à la perfection les clients des banques. Ces dernières feraient bien de trouver rapidement des parades, et peut-être de s’inspirer de ce qui se fait déjà en Angleterre.

Pourquoi l’île est-elle en avance? Car à partir d’octobre, de nouvelles règles obligeront les banques à dédommager les clients qui auraient été trompés et poussés à envoyer de l’argent à un escroc, détaille le Financial Times. Cette obligation s’appliquera tant aux banques de la victime qu’à celles des destinatai­res.

Tromper la procédure d’identifica­tion

Les fraudes de ce type sont particuliè­rement fréquentes en Grande-Bretagne, car la généralisa­tion de l’anglais permet aux escrocs de tous horizons d’approcher leurs potentiell­es victimes. L’utilisatio­n à grande échelle des systèmes d’e-banking et de paiements instantané­s explique aussi cette concentrat­ion. En plus d’imiter des clients pour détourner de l’argent, les fraudeurs utilisent déjà des vidéos de synthèse pour répondre aux questionna­ires d’identifica­tion des clients – KYC en jargon financier, afin d’ouvrir des comptes ou de recevoir des cartes de crédit.

Des établissem­ents tentent donc de retourner l’arme du crime, utilisant l’IA pour détecter les fraudes. La Lloyds établit un portrait-robot du comporteme­nt de ses clients, basé sur leurs habitudes de navigation sur son site ou leur vitesse typique de rédaction. En cas d’activité inhabituel­le, la banque peut bloquer des transactio­ns.

Une autre parade consiste à obliger les plateforme­s utilisées pour créer des deepfakes à laisser des traces – discrètes, bien entendu – dans ces contenus, permettant de savoir qu’il s’agit de fakes.

Les arnaques au président ont coûté près de 7 millions de livres (7,7 millions de francs) à l’économie du Royaume-Uni au premier semestre, tandis que l’imitation d’employés de banque ou de policiers à permis à des fraudeurs d’empocher 43,5 millions de livres supplément­aires.

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