Les «deepfakes» débarquent dans la finance
On connaissait déjà l’arnaque au président, lorsqu’un escroc usurpe l’identité d’un dirigeant de société pour obtenir le versement d’une importante somme d’argent. La technologie permet maintenant de créer une variante encore plus redoutable: la fraude aux deepfakes. Mauvaise nouvelle pour les banques, ces contrefaçons ultraréalistes ne visent pas seulement les célébrités, la chanteuse Taylor Swift étant l’exemple le plus récent et probablement le plus viral. L’intelligence artificielle (IA) générative pourrait être utilisée pour créer des voix ou des vidéos imitant à la perfection les clients des banques. Ces dernières feraient bien de trouver rapidement des parades, et peut-être de s’inspirer de ce qui se fait déjà en Angleterre.
Pourquoi l’île est-elle en avance? Car à partir d’octobre, de nouvelles règles obligeront les banques à dédommager les clients qui auraient été trompés et poussés à envoyer de l’argent à un escroc, détaille le Financial Times. Cette obligation s’appliquera tant aux banques de la victime qu’à celles des destinataires.
Tromper la procédure d’identification
Les fraudes de ce type sont particulièrement fréquentes en Grande-Bretagne, car la généralisation de l’anglais permet aux escrocs de tous horizons d’approcher leurs potentielles victimes. L’utilisation à grande échelle des systèmes d’e-banking et de paiements instantanés explique aussi cette concentration. En plus d’imiter des clients pour détourner de l’argent, les fraudeurs utilisent déjà des vidéos de synthèse pour répondre aux questionnaires d’identification des clients – KYC en jargon financier, afin d’ouvrir des comptes ou de recevoir des cartes de crédit.
Des établissements tentent donc de retourner l’arme du crime, utilisant l’IA pour détecter les fraudes. La Lloyds établit un portrait-robot du comportement de ses clients, basé sur leurs habitudes de navigation sur son site ou leur vitesse typique de rédaction. En cas d’activité inhabituelle, la banque peut bloquer des transactions.
Une autre parade consiste à obliger les plateformes utilisées pour créer des deepfakes à laisser des traces – discrètes, bien entendu – dans ces contenus, permettant de savoir qu’il s’agit de fakes.
Les arnaques au président ont coûté près de 7 millions de livres (7,7 millions de francs) à l’économie du Royaume-Uni au premier semestre, tandis que l’imitation d’employés de banque ou de policiers à permis à des fraudeurs d’empocher 43,5 millions de livres supplémentaires.
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