Les céramiques d’Anita, par amour de la terre
La terre est un carré de pain vert-gris, moite. Entre les mains d’Anita Curdy, elle prendra bientôt une forme de bol japonais aux parois fines et lisses. Il devra sécher quelques jours avant le passage au four. «La première cuisson, à basse température, on l’appelle «cuisson biscuits», dit la céramiste qui vient de lancer son affaire.
Sa marque de fabrique, ce sont ces ornements végétaux qui éclosent sur les bords de ses vases, tasses et saladiers. «Je dessine une ligne et le reste vient tout seul, c’est un peu comme un mandala méditatif, sur de la terre encore un peu humide, quand elle a la texture du cuir», explique l’artisane.
Elle a commencé à faire de la poterie il y a trois ans. Premier cours, une arrivée sur les chapeaux de roues… Et là, petit miracle: «J’ai dû mettre tout ce qui me travaillait à l’intérieur, dans ce morceau de terre qu’on m’a donné. Il a dû absorber mon stress, d’ailleurs, le bol en est ressorti tout craquelé…» Elle sort d’un placard son premier pot en céramique. Il a la taille d’une tasse à café, avec, déjà, un dessin scarifié – des étoiles ou des edelweiss – sur fond marron. «Après, je me suis sentie apaisée comme jamais.»
Ecorce de terre noire
Elle expérimente, trace son chemin dans l’argile, noue une relation particulière avec cette terre. Puis un jour, elle décide de s’y consacrer pleinement: dans son âme, Les céramiques d’Anita sont nées depuis longtemps. «Je n’oublierai jamais mon premier échange avec la terre. Je la travaille toujours avec beaucoup de respect, pour le morceau d’argile dans mes mains mais aussi, plus globalement, pour la Terre avec T majuscule. C’est pour cela que j’utilise seulement de l’émail transparent et, pour les couleurs, de l’engobe fait maison, le plus naturel possible», dit-elle.
Elle a la tête si pleine de projets que les mains n’arrivent pas toujours à suivre. Dernière nouveauté: une terre noire qui vient d’Espagne, qu’elle fait craqueler pour créer des bols avec une surface qui rappelle celle d’une écorce. «J’élargis sans cesse l’assortiment, bientôt, il me faudra un local plus grand», sourit la céramiste.
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Les céramiques d’Anita. RDV sur demande ou à la boutique L’Arbre à Bulles, Mézières. Le 15 février à Vercorin.