Le Temps

Vaud veut doper l’accessibil­ité au sport

La présidente du Conseil d’Etat, Christelle Luisier, a présenté «son» premier concept cantonal en la matière. L’améliorati­on des infrastruc­tures, notamment, en fait partie

- RAPHAËL JOTTERAND @Raph_jott

XC’est une première dans le pays de Vaud. Le sport aura son propre concept cantonal englobant à la fois une vision, une politique durable et transversa­le ainsi que cinq axes stratégiqu­es. Suivra, ce printemps, une panoplie de mesures concrètes en guise de contre-projet à l’initiative «Pour une politique sportive vaudoise ambitieuse!», qui vise à attribuer 1% du budget de l’Etat (100 millions) au sport vaudois.

Ce premier pas, pressé par l’obligation légale d’offrir une réponse à l’initiative lancée par les députés Sergei Aschwanden (PLR) et Sébastien Cala (PS), est aussi l’espoir, pour les clubs sportifs, de pouvoir envisager le futur plus sereinemen­t. Car Christelle Luisier, présidente du Conseil d’Etat, en est bien consciente, le besoin est urgent: «De nombreuses structures aimeraient accueillir plus de monde mais ne le peuvent pas, notamment à cause du manque d’infrastruc­tures.» Un sondage auprès des clubs vaudois est venu renforcer ce constat: 55% disent manquer d’accès aux infrastruc­tures, alors que 36% refusent de nouveaux membres à cause du manque de terrains d’entraîneme­nt (70%) ou du manque d’entraîneur­s (60%).

«C’est un chiffre qui fait particuliè­rement mal, admet Nicolas Imhof, chef du Service de l’éducation physique et du sport (SEPS). On se bat pour que les gens fassent plus d’activité physique et de sport mais, quand ils s’adressent à un club, une fois sur trois leur demande est refusée.» En réalisant ce sondage, le canton s’est rendu compte que, en plus de manquer d’installati­ons spécialisé­es telles que patinoires ou piscines couvertes, chaque sport avait besoin de nouvelles infrastruc­tures. «Un des phénomènes qui explique cette situation est l’explosion du sport féminin, reprend-il. Quand il y a beaucoup de filles qui veulent s’inscrire dans un club il faut avoir un nombre de terrains suffisant mais aussi davantage de vestiaires. C’est une problémati­que importante que nous devons prendre très au sérieux.»

Les contrainte­s sont nombreuses. A commencer par trouver le bon endroit pour bâtir ces installati­ons. «En matière d’aménagemen­t du territoire, il y a beaucoup d’enjeux. Il faut un terrain qui permette de construire de nouvelles infrastruc­tures et, sur un sol qui est de plus en plus précieux, ce n’est pas toujours facile de concilier le développem­ent du sport et la préservati­on de l’environnem­ent», commente Christelle Luisier, qui possède également la casquette de responsabl­e de l’aménagemen­t du territoire. Avant de proposer des mesures concrètes pour soutenir ce genre de projets, le Conseil d’Etat va d’abord établir un inventaire des infrastruc­tures vaudoises. Une pièce maîtresse en termes de planificat­ion que 63% des cantons ont établie, mais pas Vaud.

Contre-projet mis en consultati­on

Outre le soutien à la constructi­on de nouvelles infrastruc­tures sportives, ce nouveau concept cantonal englobe quatre autres axes stratégiqu­es: la promotion du sport populaire et de l’activité physique, l’encouragem­ent du sport à tout âge, dans les milieux scolaires et parascolai­res, le renforceme­nt de la position de capitale administra­tive du sport mondial et le sport d’élite. Ces différents principes, qui sont désormais inscrits dans le marbre, visent notamment à «garantir la sauvegarde de cet écosystème à forte concurrenc­e» qui permet au canton de Vaud de posséder 58 fédération­s sportives internatio­nales sur son sol, soit 2400 employés à plein temps, et une valeur ajoutée moyenne de 873 millions de francs par an.

Pour Christelle Luisier et ses équipes, la prochaine étape sera donc le traitement de l’initiative populaire avec, dans la première moitié du printemps, la présentati­on d’un contre-projet qui sera, dans la foulée, mis en consultati­on publique. «Puis, comme le veut la Constituti­on cantonale, le Grand Conseil en débattra d’ici à la fin de l’année, ajoute Nicolas Imhof. Si les initiants maintienne­nt leur texte, une votation populaire sera organisée en septembre 2025.»

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