Un choix du sérail pour apaiser les tensions au Béjart Ballet Lausanne
Quelques jours après le licenciement de Gil Roman, la nomination de Julien Favreau au poste de directeur artistique par intérim a été annoncée hier. Le choix du danseur français a été favorablement accueilli à l’interne
Trois jours après avoir annoncé le licenciement du directeur artistique Gil Roman, pour une rupture de contrat effective au 30 avril prochain, le Conseil de fondation du Ballet Béjart Lausanne (BBL) lui a déjà trouvé un remplaçant. Communiquée hier après-midi, la décision de nommer ad interim le danseur Julien Favreau ne surprend personne puisque le Français, né en 1977 à La Rochelle, avait rejoint l’Ecole Rudra Béjart à l’âge de 17 ans, avant d’intégrer le BBL une année plus tard. Il connaît donc parfaitement non seulement le répertoire de Maurice Béjart, mais aussi l’ensemble des équipes de la compagnie. L’annonce de son entrée en fonction imminente – la date précise sera arrêtée dans quelques jours – a d’ailleurs été favorablement accueillie à l’interne par des applaudissements, ce qui fait dire à Grégoire Junod, président (lui aussi ad interim) du Conseil de fondation du BBL que la compagnie peut aller de l’avant sur des bases solides.
Remerciée pour avoir invité en janvier lors d’un événement parisien l’ancien directeur de production du BBL, dont le contrat avait été rompu avec effet immédiat en octobre 2021 pour harcèlement sexuel, Gil Roman était sorti affaibli d’un audit externe qui avait notamment mis en exergue son comportement colérique, voire agressif.
Utiliser son vécu
Au cours d’un point presse organisé dans la foulée de l’annonce de sa nomination, Julien Favreau est apparu serein au moment où sa carrière s’apprête à prendre un tournant imprévu, avec à la clé un retrait progressif de la scène. «Je sais que ce ne sera pas facile, mais au cours de mes trente années de danseur, j’ai aussi traversé des moments difficiles et connu des hauts et des bas. Je vais utiliser ce vécu», explique-t-il en précisant que sa mission sera de diriger et guider le BBL en restant dans la même ligne artistique que Maurice Béjart et Gil Roman, tout en faisant le nécessaire pour que les danseurs et danseuses puissent «s’épanouir et grandir sur scène». Julien Favreau, internationalement reconnu pour ses qualités d’interprète, assurera l’intérim jusqu’à la fin du mois d’août. La saison en cours étant planifiée, sa tâche est en l’état d’assurer la bonne marche des spectacles programmés. En ce qui concerne la saison 2024-2025, il reste des ajustements à faire au niveau des choix artistiques, ce qui pourrait notamment passer par des collaborations avec des chorégraphes invités. Pour la suite, Grégoire Junod dit réfléchir à la manière dont le Conseil de fondation pourrait lancer un processus de recrutement. Mais si la décision d’un directeur artistique issu du sérail pouvait apaiser les tensions internes, Julien Favreau pourrait-il être confirmé dans ses fonctions? «Nous nous déterminerons au printemps afin que le recrutement soit clair et limpide», élude le syndic de Lausanne tout en confirmant qu’une mise au concours n’est pas obligatoire. Le danseur a en tous les cas exprimé son désir de travailler main dans la main avec la troupe ainsi qu’avec le personnel technique et administratif. Il parle de travail collectif, d’un effort de groupe, des mots forcément apaisants.
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