L’inquiétante pollution de l’industrie minière
L’extraction croissante nécessite toujours plus d’énergie. Ce, alors que les mines et leurs résidus sont extrêmement polluants, disent des experts
L'impact environnemental de l'industrie minière suscite beaucoup d'attention. «Avec l'augmentation de la production, rendue possible par l'agrandissement des mines existantes et l'ouverture de nouveaux sites, parfois dans des zones extrêmement fragiles, les risques encourus par les populations locales et l'environnement sont démultipliés», indique Pierre De Pasquale, directeur des standards de l'ONG Initiative for Responsible Mining Assurance. «L'adoption de standards de responsabilité exigeants et transparents est essentielle si nous voulons que cette ruée vers les minerais soit en accord avec les objectifs de développement durable et de respect des droits fondamentaux.»
«L'extraction de minerais a augmenté toute substance confondue, pas seulement pour les métaux de la transition énergétique. Le tungstène, dont la production a quasi doublé, est utile pour l'armement. L'offre pour le numérique et l'aérospatial est aussi en hausse», relève Celia Izoard, une enquêtrice qui vient de publier un livre sur la ruée minière. «C'est d'autant plus problématique que les teneurs en métaux des gisements diminuent, qu'il faut donc toujours plus d'énergie pour les extraire et que les mines et leurs résidus sont extrêmement polluants.» Deux tiers des mines dans le monde devraient être fermées juste parce qu'elles utilisent énormément d'eau dans des zones arides, selon elle. «Il faut arrêter de croire que la technologie va résoudre nos problèmes. La seule solution, c'est de consommer moins», estime Celia Izoard.
Les yeux rivés sur la Guinée
De son côté, Greenpeace défend une «mise en perspective des risques liés à ces activités extractives avec les impacts du système énergétique actuel, basé sur une extraction de charbon, de gaz et de pétrole qui constitue la principale source d'émissions nocives pour le climat», selon son porte-parole en Suisse, Mathias Schlegel. «Il faut en sortir pour limiter le réchauffement climatique et s'assurer que la transition énergétique aille de l'avant tout en minimisant la demande en métaux», dit-il. Une utilisation plus efficace de l'énergie peut réduire de moitié la consommation énergétique totale de la Suisse d'ici à 2050,
«Le remplacement des voitures thermiques par des véhicules électriques n’est pas une solution durable» MATHIAS SCHLEGEL, GREENPEACE SUISSE
selon lui. «Le remplacement de toutes les voitures thermiques par des véhicules électriques équivalents n'est pas une solution que l'on peut sérieusement considérer comme durable et compatible avec les objectifs de protection du climat et de la biodiversité», dit-il.
Les gisements de fer ont une teneur en métaux moyenne beaucoup plus élevée que ceux d'autres éléments, comme l'or, ce qui rend leur extraction proportionnellement moins énergivore, et donc moins polluante, que celle du métal jaune. En 2024, tout indique que la ruée minière va se confirmer. La plus grande mine de fer doit d'ailleurs ouvrir ses portes ces prochains mois dans les montagnes ocre de Simandou, en Guinée. ■