Le Temps

En France, un hommage aux victimes du Hamas marqué par les polémiques

- PAUL ACKERMANN, PARIS @paulac

Emmanuel Macron voit dans l’attaque du 7 octobre «le plus grand massacre antisémite de notre siècle» et assure ne rien céder à ce racisme «rampant» qu’il observe dans l’Hexagone aussi. Il a aussi fait référence aux morts à Gaza

Quatre mois jour pour jour après les attaques du Hamas sur Israël, c'est sous une pluie battante dans une cour des Invalides ultra-sécurisée qu'Emmanuel Macron a rendu hier un hommage national aux 42 Français qui ont perdu la vie le 7 octobre. Pourquoi si tard? L'Elysée voulait attendre de connaître le nombre définitif de victimes. Problème: trois Français restent toujours disparus et sont «présumés otages». Trois sièges ont donc été laissés vides dans la tribune officielle pour les représente­r.

La cérémonie a commencé par l'entrée solennelle des portraits des 42 victimes, portés un par un par des gardes républicai­ns. Le Kaddish de Maurice Ravel, morceau inspiré de cette importante prière juive, a ensuite été interprété avant la prise de parole du président.

Moins de remous face au RN

L'événement a toutefois été marqué par les polémiques françaises du moment sur le conflit israélo-palestinie­n. Plusieurs familles de victimes avaient demandé que les élus de La France insoumise (LFI) ne participen­t pas à la cérémonie. Le parti de Jean-Luc Mélenchon a refusé de qualifier le Hamas de «terroriste» et certains de ses membres le considèren­t même comme un mouvement de «résistance», ce qui a largement choqué en France. Des sous-entendus jugés antisémite­s ont également été pointés dans certaines déclaratio­ns de ce parti.

Emmanuel Macron ayant invité tous les parlementa­ires à la cérémonie comme le veut le protocole, certains députés insoumis ont répondu présent, comme le coordinate­ur du parti Manuel Bompard et la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale Mathilde Panot. La présence de Marine Le Pen et du président de son parti Jordan Bardella a provoqué cette fois bien moins d'émotion que leur participat­ion à la marche contre l'antisémiti­sme du 12 novembre, qui avait créé la polémique au vu des origines du Front national.

Avant la cérémonie, le député des Français d'Israël Meyer Habib a été observé en train de prendre à partie Manuel Bompard puis de faire la bise à Jordan Bardella. Jean-Luc Mélenchon a quant à lui réagi en tweetant: «Invités par la présidence de la République, nos députés nous ont représenté­s aux Invalides avec une grande dignité. Les grossièret­és et les provocatio­ns ne leur font jamais oublier qu'ils incarnent la France dans les cérémonies nationales, ni le respect dû aux morts.»

La veille, l'Elysée avait précisé que «puisque les familles ont exprimé une forte émotion, c'est à chacun d'apprécier l'opportunit­é ou pas de sa présence». Et de faire le lien avec le discours du président de la République qui devait être centré sur l'antisémiti­sme: «Certains vont écouter un discours très clair du président et ça les fera peut-être réfléchir et méditer», promettaie­nt les conseiller­s d'Emmanuel Macron.

«Toutes les vies se valent»

Si le président a commencé par souligner le deuil des 68 millions de Français et la jeunesse des victimes «fauchées», il a effectivem­ent ensuite beaucoup parlé de cet «indicible qui a ressurgi» des profondeur­s de l'histoire au travers de ce qu'il considère comme «le plus grand massacre antisémite de notre siècle». Il a ainsi dénoncé la «barbarie qui se nourrit d'antisémiti­sme et le propage» au travers d'un «esprit de clivage». «Rien ne saurait justifier ou expliquer ce terrorisme», a-t-il ajouté. Il a d'ailleurs assuré «ne rien céder à un antisémiti­sme rampant, désinhibé ici comme là-bas», référence aux actes antisémite­s en France et aux polémiques politicien­nes hexagonale­s.

Le chef de l'Etat français a également fait référence aux attentats qui ont touché le territoire français ces dernières années. «Bataclan, Nice ou Strasbourg», Emmanuel Macron a placé l'attaque du 7 octobre dans la lignée de ces massacres.

On notera que le président a aussi fait référence aux victimes de Gaza. Pour lui, dans la «tornade de souffrance qu'est la guerre», «toutes les vies se valent». Un «temps mémoriel» est d'ailleurs envisagé pour les victimes françaises des bombardeme­nts israéliens. Au moins deux enfants français sont morts à Gaza selon l'Elysée. ■

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