Le Temps

Pékin est «très ouvert» au processus suisse de paix, assure Ignazio Cassis

- FRÉDÉRIC KOLLER @fredericko­ller

Le ministre suisse des Affaires étrangères a rencontré son homologue Wang Yi en Chine, point d’orgue de sa tournée asiatique. L’Inde est également à l’écoute selon le conseiller fédéral

X«On espère que la Chine donnera un coup de main.» Lors d’un point de presse à l’ambassade suisse de Pékin, Ignazio Cassis a indiqué que ses interlocut­eurs chinois se sont montrés «très ouverts» pour évoquer la résolution de la guerre en Ukraine et sa propositio­n d’un sommet global pour la paix. «Nous n’avons pas obtenu de réponse sur la participat­ion de la Chine. C’était attendu. Mais ils ont pris connaissan­ce de nos demandes pour une contributi­on.»

Le ministre suisse des Affaires étrangères a rencontré son homologue chinois Wang Yi et le vice-président de la République populaire, Han Zheng. «Notre but est d’éveiller la volonté de contribuer à un processus de paix, chacun avec ses particular­ités», a expliqué le conseiller fédéral.

«Même si certains pensent que c’est illusoire, nous essayons» IGNAZIO CASSIS, CONSEILLER FÉDÉRAL

«Deuxième ou troisième conférence»

Donnant suite à une demande du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, Berne s’est engagé à organiser une réunion de «haut niveau» pour discuter de la paix. Moscou a aussitôt fait savoir son refus, ajoutant que la Suisse, du fait de la reprise des sanctions européenne­s à son encontre, n’était plus un médiateur neutre. C’est ce qu’a répété

Sergueï Lavrov lors de sa rencontre avec Ignazio Cassis à New York, il y a deux semaines, en marge d’une réunion du Conseil de sécurité.

Pour la diplomatie suisse, il s’agit de rallier à sa démarche, hormis les «Occidentau­x», des grands pays du Sud, par ailleurs proches de la Russie. A commencer par la Chine et l’Inde, ainsi que le Brésil et l’Afrique du Sud. «Même si certains pensent que c’est illusoire, nous essayons, rétorque Ignazio Cassis à ceux qui parlent de naïveté. Il faut avoir le courage de consulter. Et le plus tôt sera le mieux. Nous espérons trouver en chemin une solution.» Le conseiller fédéral évoque une «deuxième ou troisième» conférence pour aboutir à la présence de «tous les acteurs» autour de la table, Russie comprise.

Le chef du Départemen­t fédéral des affaires étrangères a entamé une tournée asiatique lundi en Inde, puis en Corée du Sud et qui se termine ce jeudi aux Philippine­s. Avec à chaque fois le contexte des crises internatio­nales et la guerre en Ukraine comme fil conducteur. Le ministre indien des Affaires étrangères, Subrahmany­am Jaishankar, se serait aussi déclaré «ouvert» à l’initiative de paix suisse. «On sait que c’est difficile, explique Ignazio Cassis. Mais il faut bien commencer quelque part et c’est en marchant qu’on apprend. Voilà le message qu’on a reçu.» L’Inde et la Chine ont «chacune leurs idées» pour parvenir à une paix en Ukraine. Là où tout le monde s’accorde, c’est sur la nécessité d’une solution qui respecte la Charte de l’ONU et donc la souveraine­té territoria­le de l’Ukraine.

«Partenaria­t stratégiqu­e innovant»

A New Delhi, Ignazio Cassis a pu célébrer le 75e anniversai­re de l’établissem­ent des relations diplomatiq­ues. Il en ira de même avec la Chine l’an prochain. Pour l’occasion, Berne espère renforcer son «partenaria­t stratégiqu­e innovant» et moderniser son accord de libre-échange. Le conseiller fédéral retournait pour la première fois en Chine depuis 2018. Il précise être resté régulièrem­ent en contact depuis six ans avec Wang Yi avec lequel «on peut se parler directemen­t». Les droits de l’homme, le Xinjiang et la situation des minorités ont été évoqués. «Comme à chacun de nos entretiens.» ■

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