Cinq choses à savoir sur Bluesky, le clone bienveillant de X
La plateforme, désormais ouverte à tous, se pose en alternative à X, Threads ou encore Mastodon. Elle enregistre un peu plus de 3 millions d’utilisateurs, et ne compte pas vivre de la publicité
Il y a du nouveau sur le marché des réseaux sociaux, avec l’apparition d’une plateforme qui va tenter de percer. Son nom: Bluesky. A vrai dire, ce réseau n’est pas totalement nouveau, puisqu’il avait été lancé en 2022. Mais il était réservé à une communauté restreinte et accessible uniquement sur invitation. Depuis ce mardi, Bluesky est accessible à tout le monde. Bien sûr, rien ne garantit le succès de cette plateforme, sur un marché où aucun réseau, hormis TikTok, n’a réussi à réellement percer ces dernières années. Mais l’architecture, le modèle d’affaires et la philosophie de Bluesky méritent un intérêt particulier. Voici l’essentiel en cinq points.
Une origine spéciale
De manière assez ironique, c’est Jack Dorsey, cofondateur et ancien directeur de Twitter, qui est à l’origine de Bluesky. En 2019, alors qu’il dirige Twitter, il décide que son réseau social va financer en son sein une «petite équipe indépendante composée de cinq architectes, ingénieurs et concepteurs open source au maximum». Leur mission: construire une norme décentralisée pour les réseaux sociaux. A l’époque, le but était que Twitter utilise cette norme. Mais le rachat par Elon Musk du réseau social, rebaptisé X depuis, a incité Bluesky à couper tous les liens avec lui. Le réseau est devenu une entreprise (dite à «but idéal») à part, basée dans le Delaware et dirigée depuis 2021 par Jay Graber.
Des fonctions riches
Les utilisateurs de X n’auront aucune peine à employer Bluesky, tant les deux plateformes sont d’apparences proches. On est là aussi sur une plateforme dite de microblogging, permettant de diffuser du texte (jusqu’à 300 caractères), des liens et des images. Sur la gauche de l’écran, on voit des onglets que l’on connaît bien sur X: «recherche», «fil d’actu», «notifications», «listes» ou «paramètres», on se croirait face à un clone du réseau en mains d’Elon Musk, d’autant que l’on peut voir le nombre d’abonnés et d’abonnements d’un utilisateur.
Mais il y a des différences importantes. Ainsi, Bluesky offre de nombreuses options pour filtrer le contenu, qu’il s’agisse de médias pornographiques, de violence ou de messages haineux. Pour chacun de ces contenus, l’utilisateur peut décider ce qu’il veut voir.
Autre différence, il est possible de paramétrer finement ce qui est appelé le «fil d’actu»: ainsi, l’utilisateur maîtrise bien ce qui défile devant lui. On est a priori assez loin du contenu le plus souvent clivant qui est mis en avant sur X. Bluesky, c’est une toute petite entreprise, comptant 40 employés, la moitié travaillant à la modération et au service client, comme l’a indiqué récemment au site spécialisé The Verge Jay Graber.
«La façon dont nous avons construit Bluesky permet à chacun d’apporter une modification au produit» JAY GRABER, DIRECTRICE GÉNÉRALE DE BLUESKY
Une audience limitée
Jusqu’à présent uniquement accessible sur invitation, Bluesky compte au total environ 3 millions d’utilisateurs et 1,6 million d’utilisateurs se connectant au moins une fois par mois. C’est nettement moins que X, qui aurait environ 225 millions d’utilisateurs quotidiens, selon ce qu’avait affirmé fin 2023 sa directrice, Linda Yaccarino. Les chiffres de Bluesky sont aussi très faibles par rapport à ceux de Threads, du groupe Meta (130 millions d’utilisateurs mensuels), et de Mastodon (environ 1,8 million).
Sur Bluesky, l’on trouve peu de connaissances, peu de célébrités, peu d’entreprises et d’experts. Malgré le fait que de nombreux comptes aient été désactivés chez X, jugé par certains infréquentable, le réseau d’Elon Musk demeure, de très loin, la plateforme de microblogging la plus importante.
Un fonctionnement différent
Le but de Bluesky est de créer un système le plus décentralisé possible. «La façon dont nous avons construit Bluesky permet à chacun d’apporter une modification au produit», affirmait récemment Jay Graber.
Concrètement, des développeurs tiers pourront bientôt relier leur serveur au réseau – il ne sera ainsi plus obligatoire de passer par Bluesky. On a déjà vu d’autres applications, comme Graysky, permettre d’accéder à Bluesky avec une interface plus riche.
En parallèle, le code de Bluesky est open source. Et à terme, les utilisateurs pourront embarquer avec eux leurs données (abonnements, listes, etc.) vers d’autres réseaux sociaux, à condition que ceux-ci soient eux aussi ouverts, bien entendu. Signalons aussi que Bluesky permet de tester différents algorithmes de recommandation de contenu.
Un modèle d’affaires alternatif
Totalement gratuit, Bluesky exclut d’afficher de la publicité, car selon la société, «les utilisateurs deviennent le produit» avec un tel modèle d’affaires.
L’entreprise, qui a levé 8 millions de dollars en 2023 auprès d’investisseurs, songe à faire payer la création de domaines personnalisés pour les utilisateurs. Par défaut, il est possible de créer anouchseydtaghia.bsky. social mais l’extension, personnalisable, pourrait devenir payante.
Il est aussi possible que de nouvelles fonctions soient facturées et que l’utilisation de flux d’information personnalisés, créés par des tiers, soit aussi payante. Mais ce ne sont pour l’heure que des pistes pour ce réseau social qui tente de se faire une place où les petits peinent si souvent à percer.
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