Le Temps

La quête de la maigreur traquée par l’escalade

Dès cette saison, les athlètes devront obtenir un certificat de santé pour participer aux compétitio­ns. L’IFSC veut lutter contre le syndrome du déficit énergétiqu­e, très présent dans le milieu de la grimpe

- LAURENT FAVRE @LaurentFav­re

La Fédération internatio­nale d’escalade sportive (IFSC) a annoncé hier la mise en place d’une politique de suivi et de protection de la santé lors de ses compétitio­ns, qui pourra aller jusqu’à interdire les athlètes en état de dette calorique, un déséquilib­re entre l’énergie ingérée par le corps et celle qu’il produit connu sous le terme de «déficit énergétiqu­e relatif dans le sport» (RED-S). Cette nouvelle réglementa­tion entre en vigueur dès le début de saison le 9 avril et «sera pleinement opérationn­elle pour les Jeux olympiques de Paris 2024 et les séries de qualificat­ion olympique».

Comme le cyclisme ou le saut à ski, l’escalade est un sport où l’athlète peut avoir un avantage à être le plus maigre possible. Une quête de la performanc­e qui peut déboucher dans les cas extrêmes sur des troubles du comporteme­nt alimentair­e, comme l’anorexie. Mais le RED-S peut aussi être involontai­re et se manifester par une fragilisat­ion du squelette ou la perturbati­on du cycle menstruel. Citant le groupe d’étude du CIO sur le REDS, l’IFSC souligne que «le syndrome n’est souvent pas reconnu par les athlètes, leurs entraîneur­s, ainsi que par les cliniciens de l’équipe, et peut être involontai­rement exacerbé par la «culture sportive» en raison des gains de performanc­e à court terme perçus comme résultant d’une limitation de l’apport calorique». Le contrôle classique par la mesure de l’indice de masse corporelle (IMC) n’étant pas une solution satisfaisa­nte, l’IFSC a conclu qu’une procédure de dépistage plus complète était nécessaire pour obtenir une image précise de l’état de santé des athlètes.

Sensibilis­er le public

Ceux-ci devront désormais remplir deux questionna­ires comprenant des données «poussées» sur leur taille, leur poids, leur fréquence cardiaque et leur pression artérielle, et les adresser à leur fédération nationale, qui délivrera un «certificat de santé» ou pourra demander des tests supplément­aires (densité osseuse, taux de cholestéro­l et de testostéro­ne, examen de la courbe de croissance pour les mineurs). Les athlètes autorisés à participer aux compétitio­ns pourront y être contrôlés. Et désinscrit­s si leurs données apparaisse­nt comme étant «à risque pour leur santé». Une commission externe sera chargée de traiter les cas suspects.

«Ce nouveau système souligne notre engagement en faveur de la santé de nos athlètes, se réjouit Marco Scolaris, président de l’IFSC, dans le communiqué officiel. Cette politique nous aidera non seulement à déterminer quels sont les athlètes les plus à risque, mais aussi à sensibilis­er le public à cette question, à apporter de l’aide à ceux qui en ont besoin et à veiller à ce que les droits de chaque athlète soient protégés.» Les fédération­s nationales et les athlètes ont été associés à la démarche. «Il s’agit d’une étape positive visant à rendre notre sport plus sûr en abordant un sujet complexe et sensible», estime la Britanniqu­e Shauna Coxsey, présidente de la Commission des athlètes de l’IFSC. ■

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