Le Temps

Des évasions à répétition qui trahissent la vétusté du centre éducatif fermé

En une année, trois évasions ont eu lieu à Pramont. Une réalité qui n’est pas étrangère au bâtiment construit en 1978 et qui n’est plus adapté aux besoins actuels

- GRÉGOIRE BAUR X @GregBaur

La majorité des dix jeunes s’étant évadés de Pramont ont été interpellé­s. Hier, la police valaisanne a communiqué avoir mis la main sur un septième individu ayant déjoué la sécurité du centre éducatif le week-end dernier. Et les forces de l’ordre de préciser que «les opérations avec des moyens conséquent­s de recherches et d’enquêtes se poursuiven­t afin de procéder aux interpella­tions des fuyards manquants».

L’affaire débute samedi soir. Dix jeunes, de 17 à 24 ans, incarcérés au centre éducatif fermé de Pramont, situé sur le territoire de la commune de Granges (VS), se font la malle, après avoir agressé un gardien, le blessant légèrement, puis l’avoir enfermé dans une cellule. Ils prennent la fuite à bord d’un véhicule volé à proximité de l’établissem­ent. Troisième évasion en l’espace de douze mois, l’affaire met une nouvelle fois l’institutio­n sur le devant de la scène.

Trafic de drogue et divulgatio­n d’informatio­ns

Dans son édition de mercredi, Le Nouvellist­e rappelait en effet que, outre les évasions, Pramont a aussi été lié à un trafic de drogue par le passé. Un gardien, également éducateur, a fini derrière les barreaux, en 2022, pour avoir vendu de la cocaïne en Valais. Activité qu’il pratiquait avec un ancien détenu du centre éducatif. Quatre ans plus tôt, une éducatrice avait également été condamnée pour avoir divulgué des informatio­ns sur les caméras de sécurité de l’établissem­ent à un pensionnai­re mineur avec qui elle avait une liaison intime. Les deux éducateurs ont été licenciés.

L’évasion du week-end dernier met notamment en lumière l’insuffisan­ce des mesures sécuritair­es nocturnes du centre éducatif de Pramont. De 21h à 6h du matin, un seul gardien était en effet présent sur le site pour s’occuper de la trentaine de jeunes détenus. Une situation jugée problémati­que si l’on en croit la rapidité avec laquelle l’Etat du Valais est intervenu pour la faire évoluer. Mercredi, les autorités indiquaien­t que «désormais, un agent de sécurité privé renforce la surveillan­ce de nuit», portant à deux le nombre de surveillan­ts au sein de l’établissem­ent durant la nuit.

Mais les évasions à répétition jettent également une lumière crue sur le bâtiment qui abrite le centre éducatif fermé de Pramont. Construit en 1978, il n’est plus adapté aux besoins actuels. Et l’Etat du Valais en est conscient. «La vétusté du bâtiment et sa conception posent problème. Il n’est plus adapté aux pensionnai­res qu’il accueille et qui sont, aujourd’hui, de véritables criminels. Si cela n’excuse pas tout, avec un tel outil de travail l’erreur se paie cash. On fait donc au mieux, avec les moyens à dispositio­n», souligne Frédéric Favre, le ministre valaisan chargé de la Sécurité.

L’élu PLR indique que l’avant-dernière évasion avait permis de déceler plusieurs points d’améliorati­on. Si certaines mesures ont déjà pu être mises en place, d’autres le seront dans les semaines ou les mois qui viennent. L’année dernière, des travaux ont permis de sécuriser la cour de promenade et d’améliorer la procédure de contrôle des fermetures de portes. Dès la fin du mois de février, des caméras supplément­aires seront installées,

«Avec un tel outil de travail, l’erreur se paie cash. On fait donc au mieux, avec les moyens à dispositio­n» FRÉDÉRIC FAVRE, MINISTRE VALAISAN CHARGÉ DE LA SÉCURITÉ

tout comme une nouvelle clôture sécurisée, un éclairage extérieur, ainsi que des détecteurs de mouvement sur l’ensemble de l’établissem­ent.

Mais ces améliorati­ons ponctuelle­s ne sont pas suffisante­s. Dans son communiqué de mercredi, l’Etat du Valais rappelle qu’un «assainisse­ment du site est prévu dans le cadre de la stratégie pénitentia­ire Vision 2030». Si les finances le permettent, le centre éducatif fermé devrait être rénové et agrandi, entraînant ainsi la création de 18 places supplément­aires, pour atteindre les 51 places disponible­s. Accueillan­t des mineurs et des jeunes adultes de toute la Suisse romande placés pénalement en milieu fermé, Pramont a pour mandat de «protéger la société tout en oeuvrant à la resocialis­ation de jeunes délinquant­s». Sa mission allie donc «un aspect répressif et sécuritair­e», mais aussi «un aspect éducatif et thérapeuti­que», les pensionnai­res devant à la fois être sanctionné­s pour leur acte délinquant mais aussi aidés pour sortir du fonctionne­ment qui les a conduits à cet acte.

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