Pas de district au rabais pour Moutier
La nouvelle subdivision cantonale doit notamment assurer la représentation politique des Prévôtois. Les autorités y voient également une opportunité de réorganiser leurs processus
L'accueil de Moutier dans le Jura va de l'avant, alors que les parlements des cantons de Berne et du Jura doivent se prononcer en mars prochain sur le concordat visant à régler les modalités du changement d'appartenance cantonale de la ville de 7300 habitants. Hier, le Gouvernement jurassien a mis en consultation un rapport qui doit faire de la cité prévôtoise le quatrième district jurassien. Elle deviendra ainsi un cercle électoral à part entière et pourra offrir différentes prestations administratives à ses habitants. «Il s'agit d'un élément phare du processus en cours», s'est réjouie la ministre de l'Intérieur et présidente de la Délégation aux affaires jurassiennes Nathalie Barthoulot, qui accueillait les médias dans la salle du parlement à Delémont.
Concernant les élections, Moutier devra choisir en 2025 les députés qui la représenteront au parlement jurassien dès le 1er janvier de l'année suivante, date visée pour le transfert effectif. «D'après le recensement 2022, elle aura droit à sept représentants sur soixante, tandis que le district de Delémont en perdra quatre, celui de Porrentruy deux et les Franches-Montagnes un. Ces chiffres pourront encore évoluer en fonction de l'état de la population au 31 décembre 2023, qui sera déterminante», a précisé le chancelier Jean-Baptiste Maître. Une fois que Moutier aura fait sa place au sein des autorités cantonales pour une première législature de cinq ans, le Jura prévoit de débattre rapidement de la création d'une circonscription unique.
Projet pilote
Les services cantonaux à la population – administration de district, poursuites et faillites ou encore orientation scolaire et professionnelle – seront, quant à eux, regroupés au sein d'un guichet unique, alors qu'ils sont actuellement séparés dans les autres districts. Pas question toutefois de proposer des prestations au rabais pour le canton, qui voit plutôt, à Moutier, l'opportunité de tester la future organisation qu'il entend mettre en place sur l'ensemble de son territoire, pour moderniser et rendre plus efficiente son administration, tout en réalisant des économies. «Nous avions prévenu qu'avec l'arrivée de
Moutier, le Jura allait changer, et ce projet pilote en est la parfaite illustration», a fait valoir Nathalie Barthoulot. Elle a également précisé que l'engagement pris par le Gouvernement de déplacer 180 postes administratifs dans la commune serait tenu.
Vote populaire
Chargé du suivi du dossier pour la ville de Moutier, Patrick Cerf a, quant à lui, annoncé le lancement d'une foire aux questions pour les habitants de la commune, mais aussi pour les Jurassiens qui s'interrogeraient par rapport à cet accueil. «Nous sentons déjà certaines préoccupations, qui peuvent aller du changement de plaque de voiture au prix de l'eau. Toutes les questions sont légitimes et le but de cette plateforme gérée conjointement avec le canton du Jura est d'apporter les réponses les plus factuelles possibles, qui pourront évidemment évoluer au fur et à mesure que le projet se précisera.»
«L’avenir de notre ville dans ce canton se profile très bien» MARCEL WINISTOERFER, MAIRE DE MOUTIER
Pour le canton du Jura, l'accueil de Moutier impliquera encore la création d'emplois à durée déterminée et des coûts informatiques. Selon Nathalie Barthoulot, «la facture totale du processus devrait avoisiner les 13 millions de francs. Nous avons toujours su que ce transfert aurait un coût.»
Présent dans la salle, le maire de Moutier s'est montré très satisfait à l'issue de cette présentation. «Je suis très heureux, l'avenir de notre ville dans ce canton se profile très bien, commente Marcel Winistoerfer. Je me réjouis en particulier de la confiance réciproque et de la motivation qui anime les deux parties pour que tout se fasse dans les délais et dans de bonnes conditions.»
La mise en consultation de la création du district de Moutier se tient jusqu'à fin février, avant de passer devant le parlement le mois prochain. La population jurassienne sera ensuite appelée à l'accepter le 24 novembre prochain. Avant cela, le 22 septembre, Jurassiens et Bernois devront d'abord dire s'ils valident le concordat intercantonal qui aura déjà été traité par les parlements ce printemps.
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