Double acquittement après un décès aux HUG
Le Tribunal de police estime que le médecin et l’infirmière n’ont sans doute pas fait tout juste au chevet de cette patiente. Le lien de causalité entre leur négligence et le décès fait toutefois défaut
La mort de Paulette aura été la faute à pas de chance. Et surtout à une complication rarissime, difficile à diagnostiquer et sans doute impossible à traiter. Le Tribunal de police a acquitté le jeune médecin et l'infirmière, tous deux poursuivis pour avoir laissé mourir la septuagénaire d'un choc hémorragique alors que celle-ci était hospitalisée aux HUG pour une banale fracture du poignet. Dans sa décision, rendue hier, le président Antoine Hamdan relève l'existence de possibles manquements de la part des prévenus, mais estime que ceux-ci ne sont pas en lien de causalité avec le décès.
A l'annonce du verdict, l'infirmière a fondu en larmes. Dix ans de procédure l'avaient passablement secouée. Le juge a d'ailleurs commencé sa lecture en évoquant «une violation caractérisée du principe de célérité» et «un jugement très tardif nullement imputable aux prévenus». Le docteur, qui exerce désormais son art de la chirurgie de la main à l'étranger, n'était pas présent pour entendre la décision.
Examen trop sommaire
La motivation n'absout pas complètement le médecin. Le juge retient que ce dernier aurait dû examiner l'hématome de la patiente lorsqu'il s'est rendu à son chevet vers minuit, après avoir été pris par moult autres tâches. La nouvelle version consistant à dire qu'il l'avait palpé lors de cette visite n'a pas emporté la conviction du tribunal. Cela étant, rien n'indique qu'un examen correct aurait amené le docteur à constater quelque chose de plus et à prendre une autre décision, sachant que l'heure du saignement fatal n'a pas pu être établie.
De plus, même un bon diagnostic et un traitement adéquat n'auraient peut-être pas suffi à rétablir la situation, ajoute le tribunal. En clair, on ne sait pas si Paulette, déjà en très mauvaise santé, aurait pu survivre à cette hémorragie – sans doute causée par le geste anesthésique pratiqué onze jours avant – et à l'intervention chirurgicale nécessaire pour la stopper. En résumé, rien n'était très prévisible, ni évitable dans ce malheureux enchaînement.
S'agissant de l'infirmière, le juge retient que celle-ci avait bien nourri des craintes pour cette patiente, craintes qui allaient au-delà du risque d'une simple chute. A partir de 4h du matin, l'état de Paulette était très mauvais et cette situation aurait sans doute justifié un appel au médecin. Mais même en admettant une violation des règles de l'art, le juge parvient au raisonnement déjà cité. A savoir que cela n'aurait rien changé au diagnostic du médecin et aux chances de survie de la malheureuse.
Acquitté, le duo sera uniquement indemnisé pour ses frais de défense. Le parquet peut encore faire appel. Une option peu probable dans ce dossier difficile. ■